* BAM a complètement changé de visage ces dix dernières années. Le vrai virage a été négocié en 2003 avec la refonte de ses statuts. * Ses missions et prérogatives ont été revues de fond en comble Lui conférant une indépendance totale de lappareil exécutif. Récit. Bank Al-Maghrib daujourdhui nest plus celle dil y a dix ans. Linstitut démission a complètement changé de visage entre-temps. Et le point dinflexion nest intervenu véritablement quen 2003 avec la grande refonte de ses statuts. Car, hormis les réformettes de 1993, les statuts de la banque centrale navaient jamais connu de modifications de cette envergure. Des modifications qui collent parfaitement avec lesprit du nouvel objectif fondamental de la politique monétaire que se sont assignées les banques centrales des pays développés, à savoir la stabilité des prix. Ce qui exige davantage dautonomie et une indépendance totale de lappareil gouvernemental. Chose totalement acquise aujourdhui. La dernière décision du Conseil de la Banque de relever dun quart de point son taux directeur en est un exemple édifiant. Car, quoique allant à lencontre des intérêts du gouvernement qui aurait plutôt tendance à privilégier la croissance au détriment de linflation, Abdellatif Jouahri et son Conseil des sages, réunis en septembre dernier, nont pas hésité une seule seconde à appliquer la hausse du taux directeur en vue de freiner, autant que faire se peut, la tendance haussière de lindice du coût de la vie. Et nombre dobservateurs y ont vu, dans le temps, un simple signal «politique», visant à rendre la Banque centrale on ne peut plus crédible aux yeux du grand public, en montrant que ses décisions sont totalement indépendantes du vouloir de lexécutif. Le message est, en tout cas, passé. Et tout le monde sait aujourdhui que BAM ne badine pas avec la stabilité des prix Quitte à se heurter aux ambitions politiciennes de lExécutif. À signaler, toujours dans ce sens, que le Conseil de la Banque ne comprend plus aucun représentant de lAdministration publique. Le Directeur du Trésor et des finances extérieurs y siège toujours mais sans voix délibérative pour toutes les décisions touchant à la politique monétaire. Autre retouche majeure apportée aux statuts de BAM : lélimination de toute incompatibilité de certaines de ses activités avec sa fonction de supervision bancaire. Cest ainsi quil lui a été interdit de prendre des participations dans le capital des banques et des établissements de crédit. Et a été même sommée de se débarrasser des 12% du capital du CIH quelle détenait au profit de la CDG. Les nouveaux textes lui ont interdit également daccorder tout concours financier, sous quelque forme que ce soit, à lÉtat et aux entreprises publiques. Le ministère des Finances a fait mieux encore : prié de mettre la main à la poche pour apurer son passif avec la Banque centrale. Voilà qui, en somme, avait donné une nouvelle force à une Banque centrale restée longtemps les bras liés. Une force que le caractère de son gouverneur, Abdellatif Jouahri, incarne de la plus belle manière !