Cest désormais Hicham Elalamy, DGA du CDVM, qui est chargé de «veiller à la continuité de l'activité de la Bourse des Valeurs et d'assurer la gestion courante de la société gestionnaire». Mais il faut croire que les choses se sont précipitées durant le week-end. Peut-être que, du côté du ministère des Finances, lon sest certainement dit «mieux vaut encore un intérimaire que lui», dès lors que sa responsabilité est engagée dans lun des plus gros scandales boursiers de ces dernières années. Bien quil sen défende, bottant en touche tous les arguments publics servis par le Conseil dAdministration du gendarme du marché, lequel a purement et simplement demandé le changement du Directoire de la Bourse. Sa ligne de défense est restée inchangée : «je nétais pas encore en poste quand tout cela a commencé». Mais mon propos, dans cette chronique, nest pas tant de débattre des arguties brandies ici et là. Il sagit plutôt de savoir pourquoi avoir choisi un «intérimaire» pour diriger la Bourse de Casablanca. Le remplacement de Berrada était-il si urgent que les autorités nont pas eu le temps de dégoter lhomme quil faut ? Ny a-t-il pas sur le marché quelquun capable de diriger effectivement la Bourse ? Ou, plutôt, les bonnes compétences existantes ne veulent-elles simplement pas de ce poste ? Sil est vrai que, dès lors que le CA du CDVM est sorti avec ses recommandations, les observateurs avertis en attendaient lapplication effective par lautorité de tutelle, il nen demeure pas moins vrai quon se surprenait à sinterroger sur le successeur éventuel de Berrada. Non pas quil y ait déficit de compétences pour cette fonction. Bien au contraire, le marché regorge de talents, particulièrement des techniciens doublés de bon managers et qui ont une connaissance approfondie de la place. Seulement, ces vieux routiers, rompus aux rouages du métier, occupent en général de hauts postes de responsabilité dans des établissements privés où ils sont grassement payés et bénéficient de privilèges non négligeables. De même que lon peut imaginer la pression à laquelle est soumis le président du Directoire de la Bourse quand ceux qui font et défont le marché à leur guise, et qui sont mouillés dans les plus grands scandales du marché boursier de ces dix dernières années, sont chargés de vous contrôler. Une situation cocasse, guère évidente à gérer. Et, surtout, un paradoxe de la place, risible avec du recul, et fortement décrié par les intelligences rebelles. Suffisant pour décourager les plus ambitieux à briguer ce poste ? Peut-être. En tout cas, la présidence de la Bourse sassimile de plus en plus à une patate chaude dont tout le monde se détourne, surtout si lon sait quavec la démission surprise de Benabdesslem, sen sont suivis plusieurs mois de traversée du désert durant lesquels la tour de verre a tournoyé sans véritable commandant à bord. Avant dembarquer, finalement, Berrada. Néanmoins, et il semble utile de le rappeler, il ne faut pas oublier, au regard du parcours des trois derniers présidents, que la Bourse peut être un tremplin formidable : Fathia Bennis a atterri à la tête de lONMT avant de poser ses valises à Maroclear; Bencheikh préside aux destinées de la Centrale Laitière et Benabdesslam dirige Hofit. Quen sera-t-il alors pour Berrada ? Difficile de répondre à cette interrogation pour linstant. Une chose est sûre : la Bourse peut effectivement servir de tremplin sauf si on rebondit par terre. Aïe !