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Asma Chaabi, Madame le Maire
Publié dans Finances news le 27 - 11 - 2008

Femme super dynamique, forte de personnalité et engagée dans plusieurs activités politiques et socio-économiques. Voici un premier aperçu de madame le maire d’Essaouira, Asma Chaabi.
Fille unique de Miloud Chaabi, elle n’a que des frères et est loin d’être une fille gâtée. «Très jeune, mes parents m'ont sensibilisée à la bonne cause. Et c'est dès l'enfance qu'on se forge une identité ; c'est très important d'être toujours fier d'appartenir à son pays. D’ailleurs, quand la ville d'Essaouira, que je représente en tant qu'autorité élue, est impliquée dans l'organisation d'un festival, l'inauguration se fait toujours avec l’Hymne national». Très jeune donc, on lui inculquera deux valeurs fondamentales : travailler et servir. «On ne peut pas être indifférent à tous ces signes de misère qui nous entourent, quel que soit notre rang social dans la vie. Bien au contraire, notre enseignement religieux nous apprend que de tout ce que Dieu vous procure, une part doit revenir à ceux que la vie à démunis par un handicap physique, mental ou autre. C'est pour cela que je me verse totalement dans l'action associative et caritative, en essayant au mieux de contribuer, parmi tant de soldats inconnus, à soulager, comme on peut, les populations démunies d'une partie de leur calvaire. Cette motivation humaniste m'est venue de l'éducation que j'ai reçue de mes parents, et le devoir m’incombe de la léguer à mes enfants».
Rien ne lui a été présenté sur un plateau d’argent. Si elle en est là aujourd’hui, c’est qu’elle a bataillé pour se frayer un chemin. Asma Chaabi, étudiante, travaillait déjà bénévolement pour des organismes internationaux tels qu’Oxfam et The Age Concern.
Après avoir obtenu un Diplôme de l’école Polytechnique de Londres et des certificats de l’Université d’Oxford et de Cambridge, en 1985, Asma Chaabi décide de rentrer, définitivement, au Maroc pour travailler dans l’entreprise familiale qui, cette année-là, atteignait sa vitesse de croisière. Elle aura toutefois à rouler sa bosse avant de prendre en charge l’investissement du groupe Ynna Holding dans l’enseignement préscolaire et primaire en 1991. Elle va rapidement développer son propre mode de management. Tout d’abord, en s’entourant de compétences avérées, et ensuite en déléguant tout sans toutefois négliger l'esprit d’équipe. Elle est de ceux qui croient dur comme fer que les ressources humaines sont la partie la plus importante dans une activité, quelle que soit sa nature. Le succès vient de la technique managériale de toutes les forces en place et de l’aptitude à créer une synergie entre elles, de manière à ce que chacun contribue, dans son domaine et à sa manière, à la réalisation des objectifs préalablement tracés. «Je fais partie d'un groupe économique qui a toujours su valoriser les compétences humaines. Ce groupe doit toutes ses réussites au dévouement et à l'application de ses collaborateurs».
Son expérience managériale lui vaut d’être promue Directrice générale des Ecoles Az-Zahraa en 1998, avec la création du cycle secondaire. Plus que l’enseignement, ce pôle va donner naissance à la Fondation Az-Zahraa des œuvres sociales et de bienfaisance qui, grâce à l’initiative des élèves qui organisent des expositions de peinture, des opérations kilos pour la collecte de denrées alimentaires, de vêtements et jouets, fait plusieurs actions en faveur des plus démunis.
Il faut dire que depuis 1991, Asma Chaabi s’implique dans plusieurs associations dont elle est membre actif, telle que l’Association Marocaine de Soutien à l'UNlCEF, de l'American International Women Association, de la Fédération Internationale pour l'Education des Parents. En 1994, elle est nommée par SAR la Princesse Lalla Amina Présidente de la Ligue Marocaine de la Protection de l’Enfance à Kénitra. Ellle sera désignée par la Princesse pour représenter le Maroc à la Conférence Mondiale de l'Union Internationale des Organismes Familiaux, à Macao. Outre le social, Asma Chaabi est très impliquée dans le développement économique du Maroc, par le biais de son groupe familial dont elle est la vice-présidente. Mais elle est également membre du British Chamber of Commerce, de l’AFEM où elle a été invitée à participer à plusieurs conférences de femmes entrepreneurs à l’échelle internationale.
Mais c’est l’année 2003 qui marquera un tournant dans la vie de la jeune femme : elle décide de s’attaquer à la chose politique en choisissant de contribuer concrètement à la gestion publique de sa ville d’origine, Essaouira, où elle se présente aux élections municipales sous la bannière du PPS. Le 17 septembre 2003 est d’ailleurs, pour elle, une date à marquer d’une pierre blanche : Asma Chaabi, élue, devient ainsi la première et unique femme Présidente d’un Conseil communal urbain dans l’histoire du Maroc. Elle est également la première Marocaine lauréate de la promotion Aspen France en 2006. Sur les cinq dernières années, Asma Chaabi n’a cessé de représenter sa ville et le Maroc dans plusieurs manifestations nationales et internationales.
À titre d’exemple, en septembre 2005, Asma Chaabi a été sollicitée par l’IRI (International Republican Institut)pour superviser les élections présidentielles en Egypte.
Membre du PPS (Parti du Progrès et du Socialisme), elle est élue au Comité central en avril 2006 et au bureau politique en mai 2006 où elle sera classée première avec 347 voix. Très ministrable, Asma Chaabi donne la priorité, si jamais elle est nommée ministre, à la suppression de tous ces faux écrans que la bureaucratie a installés pour empêcher les ministres d'être au courant de la réalité de son département.
«Je pense que j'assouplirai beaucoup le circuit hiérarchique pour permettre à l'information de bien circuler entre les directions les plus éloignées et le centre de décision au ministère. Je suis moi-même victime, à mon niveau, du tri et du dosage de l'information qu'on vous distille par bureaux d'ordre et services spécialisés interposés. Au Maroc, l'information est encore assimilée à une forme de pouvoir, et certains lobbies dans l'Administration font leur raison d'être de ce monopole d'information et de la coupure qu'ils créent entre un ministre et la réalité de son secteur».
Côté vie privée, cette mère de trois enfants est une artiste née. «J'adore peindre. J’aime créer mes propres caftans, customiser un meuble… Peindre me permet de me déconnecter et j'ai transmis cet amour de l'art à ma petite famille. Aujourd'hui, la plus belle des consécrations est cette dernière toile que nous avons réalisée ensemble». Dans ce cadre, Asma Chaabi a gardé un précieux souvenir de l’artiste peintre Chaabiya à qui elle avait rendu visite, chez elle, à Casablanca pour lui montrer ses toiles brodées à la main sur Caftan et qui furent d’ailleurs vendues aux enchères au profit des sinistrés d’Al Hoceima en 2004. «Je me souviens que Chaabiya m'avait dit que Maghribia était intelligente. Jamais personne n'avait pensé broder l'une de ses peintures».
Des couleurs, elle apprécie le noir et le rouge, et pour ce qui est de la musique, elle affectionne celles à percussion.
Après la famille, l’amitié. «Je ne saurai vivre sans !». Inéluctablement, entre ses responsabilité de mère de famille, de militante politique et de maire, Asma Chaabi doit subir beaucoup de pression. Pour y remédier, elle a trouvé l’astuce : s’attaquer directement au problème suscitant la crainte ou le stress. «En fuyant la responsabilité, on ne fait que reporter la confrontation dont les dégâts risquent d'être encore pires après. De par ma fonction de Présidente élue du Conseil municipal d'Essaouira, j'ai à vivre des moments difficiles de stress et de surcharge d'activité, mais je pense qu'il faut savoir trouver suffisamment de calme et de sagesse intérieurs pour prendre un peu de recul et décider de la voie à suivre en fonction de la situation. Personnellement, je fais appel à une réserve inépuisable de foi qui me fournit tout l'espoir et le courage nécessaires pour affronter les moments difficiles ». Très croyante en la destinée, Asma Chaabi se dit toujours qu'il ne lui arrivera que ce que Dieu aura voulu qu’il lui arrive. Par conséquent, il faut juste travailler pour induire le changement. «C'est la force de l'éducation que j'ai reçue et que j'essaie de transmettre».
Vie riche, expérience économique et politique réussie et activité sociale intense, Asma Chaabi ne changerait rien à sa vie. Mais s’il était possible de remonter le cours du temps, elle aurait souhaité avoir une sœur !
Franche, directe, Asma Chaabi a bien marqué le coup. Et sur tous les plans !


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