* 391 sites ont été identifiés, dont 50 sont prioritaires et nécessitent un investissement de 25 milliards de DH. * La cartographie des barrages montre clairement linsuffisance du nombre douvrages dans la région Nord et lOriental. * A cause de la sécheresse, la protection contre les crues est la dernière priorité lors des choix de lemplacement des barrages. Après les cycles de sécheresse, celui des inondations est de retour. Plusieurs spécialistes en climatologie le confirment. Faut-il sattendre à dautres catastrophes ? En tout cas, le risque existe. Le secrétariat dEtat chargé de lEau et de lEnvironnement recense au moins 390 sites qui sont exposés aux inondations. Dans une étude, le même département estime quil faut mobiliser pas moins de 25 milliards de DH pour réaliser les ouvrages nécessaires. Les barrages sont les meilleurs moyens pour contrôler le débit des eaux de surface et atténuer leffet des crues. Depuis lindépendance, le Maroc a entamé une politique volontariste de construction des barrages. Quelques années plus tard, cette politique a donné ses fruits. La capacité de stockage atteint près de 17 milliards de m3 permettant un périmètre irrigué de plus de 1,3 million dhectares. Alors que lAlgérie voisine dispose dun potentiel de stockage qui ne dépasse pas les 5 milliards de m3. La plupart des dernières inondations sont enregistrées au Nord et à lEst du pays. Des zones connues pour leur faible potentiel agricole et, par la même occasion, moins loties en matière de barrages. La plupart des grands ouvrages sont installés sur les grands fleuves du pays et desservent un bassin versant et un périmètre irrigué. Il sagit des bassins de la Moulouya, du Loukkos, du Sebou, du Bouregreg, de lOum Errabiî, du Souss et du Tafilalet. «La construction dun barrage et le choix de son emplacement sont dictés par plusieurs paramètres. La dimension économique est primordiale étant donné les vagues de sécheresse qua connues le pays», a affirmé Moussa Gharrafi, ancien cadre à la direction de lhydraulique. Un barrage sert en premier lieu à faire des réserves en eau qui peuvent servir à lalimentation en eau potable, à lirrigation, à la production électrique, au soutien de la nappe phréatique et du bassin versant. La protection contre les crues nest pas devenue une priorité. Le meilleur exemple est représenté par les inondations de Mohammedia en 2002 qui ont causé des dégâts matériels énormes à la ville et surtout à la raffinerie de la Samir laquelle a été paralysée pour un certain temps. Cette catastrophe aurait pu être évitée. Car le barrage sur lOued El Malleh, édifié en 1931, avait une capacité de stockage de 15 millions de m3. Avec lenvasement et lérosion, sa capacité a été réduite à 3 millions de m3. Sa durée de vie réelle était de 50 ans. Il était question, durant les années 80 ou plus tard dans les années 90, délever son niveau ou de procéder à la construction dun nouvel ouvrage plus en aval, la protection de Mohammedia nétant que partielle, surtout avec les pluies torrentielles dépassant un certain débit. Ce nest quaprès la catastrophe de Mohammedia, avec des pertes qui ont dépassé les 3 milliards de DH, que le gouvernement a décidé de construire deux barrages. Lun à Boukarkour en amont de lOued El Maleh, qui a été mis en service, et lautre en aval qui est en cours de construction. Face aux inondations, une bonne partie des ouvrages sont équipés de systèmes dalerte permettant aux autorités locales dévacuer la population si la situation lexige. Létude du département de tutelle, menée entre 2004 et 2007, a abouti à lélaboration du Plan national de lutte contre les inondations. Lenquête a identifié 50 sites parmi les 391 recensés qui sont classés prioritaires. Létude a préconisé différentes mesures à caractère physique comme la réalisation d'ouvrages de protection, les barrages, les endiguements, le calibrage et l'entretien des lits des cours d'eau ou les systèmes de lutte contre l'érosion ou préventifs, notamment au niveau de la réglemention, lorganisation et la sensibilisation. La cartographie des barrages au niveau national montre clairement que le Nord du pays et lOriental sont les moins desservis. Tanger et sa région, qui reçoivent le niveau de précipitation le plus élevé du Maroc étaient, il y a quelques années, astreintes à rationaliser leur consommation en eau potable. La ville sapprovisionnait en eau potable à partir de Jorf Lasfar par bateau. Ce nest quaprès la construction du barrage dEl Hachef que le problème a été résolu. Avec la croissance démographique, le développement du tourisme sur la côte méditerranéenne, les besoins en eau vont saccroître davantage, le risque dinondation aussi. lEtat est appelé à revoir son programme. C. J.