* Une large campagne vient dêtre lancée contre la délinquance routière avec en prime un film, «Les cagoules», qui retrace un peu comment dix personnes trouvent chaque jour la mort sur la route. * Les actions menées doivent être complétées par un cadre juridique adéquat, avec notamment ladoption du nouveau code de la route. Ceux qui sestiment insatisfaits de savoir que le nombre de tués sur nos routes a progressé de 2,24 % soit 3.838 morts en 2007, le seront un peu plus en apprenant que pour les 5 premiers mois de 2008, le nombre de tués a progressé de 14 %. Et ce nest là que le bilan provisoire qui fait également état dune augmentation de 13,69% du nombre daccidents corporels, de 10,38 % de blessés graves et de 18,34 % de blessés légers. Cest hélas la triste réalité de la sécurité ou plus exactement de linsécurité routière au Maroc. Cest pourquoi le ministre de tutelle, Karim Ghellab, a opté pour la méthode forte. Non pas uniquement à coup de radars et damendes, mais par une série de spots télé tout ce quil y a de plus réel ! Baptisée «Les cagoules», cette campagne média vise à sensibiliser les usagers de la route. La campagne dété ne se limite pas uniquement à des spots télé mais également à des actions sur le terrain. Le tout a été dévoilé au grand public lors dune grande manifestation. Au menu de cette rencontre avec les médias et aussi les professionnels du secteur, figuraient la présentation du plan de communication en matière de prévention et de sécurité routières, la diffusion en avant-première du nouveau spot de sensibilisation «Les cagoules» et la présentation des autres supports de communication. Non sans émotion, puisquun vibrant hommage a été rendu à Abderrahmane Bilali, un conducteur professionnel modèle qui, au bout de 60 ans de carrière, na jamais eu le moindre accident de circulation et na pas pris une seule contravention. Autre moment fort de cette journée, le témoignage de Khansaa, une fille amputée des deux jambes après un malheureux accident de la circulation. Marchant actuellement à laide de prothèses, elle a tenu à prendre part aux différentes actions de sensibilisation du grand public. Il a été également procédé à la remise des radars portables pour le contrôle de la vitesse, lun des moyens les plus dissuasifs actuellement face à la délinquance routière. Une délinquance avérée, doù limportance de la mise à niveau urgente de larsenal réglementaire qui constitue la base juridique du contrôle et des sanctions. Dans ce sens, Karim Ghellab a tenu à rappeler limportance dadopter le nouveau code de la route, surtout à lissue des négociations avec les différents intervenants du secteur. En effet, le code actuel datant de 1953 est tout simplement désuet. A titre dexemple, il ne donne aucune autorité ni cadre légal à un agent de la circulation pour constater une conduite en état divresse. Et les exemples de sa désuétude sont légion. De même que Azeddine Chraibi, secrétaire permanent du Comité National de Prévention contre les Accidents de la Circulation, a révélé les nouvelles mesures entrant dans le deuxième Plan stratégique intégré durgence 2008-2010 (PSU2). Ce plan sarticule autour de 7 axes à savoir la coordination et la gestion de la sécurité routière à haut niveau, la législation (réforme du code de la route), le renforcement du contrôle et des sanctions, la formation des conducteurs et la réforme du système des examens du permis de conduire, lamélioration des infrastructures et des voiries urbaines , la mise à niveau du système durgence et de secours et enfin la sensibilisation et léducation. Parmi les mesures prévues par ce dernier figurent la mise en place dapproches et dobjectifs clairs et précis, et notamment une méthodologie daction commune pour les équipes de contrôle relevant des différents services concernés (Gendarmerie royale, Direction générale de la sûreté nationale et ministère de lEquipement et du Transport). Mais chacun intervenant sur un volet précis. Ainsi, les éléments de la Gendarmerie royale donneront la priorité au contrôle de vitesse en rase campagne et à certaines autres infractions comme le port de la ceinture de sécurité aux places arrière du véhicule. Les agents de police mettront laccent sur le port du casque pour les deux-roues, le respect des feux de signalisation, la ceinture de sécurité, le transport denfants de moins de 10 ans aux places avant et la vitesse en cas de nécessité seulement. Les agents du ministère du Transport concentreront leurs efforts sur le contrôle technique des véhicules, la surcharge et le contrôle professionnel. Pour rappel, chaque jour, on compte en moyenne 10 morts et 120 blessés. A cause des accidents de la route, le Maroc perd annuellement 11 milliards de dirhams, soit 2% du PIB. Les statistiques du ministère de lEquipement et du Transport font ressortir que selon les catégories dusagers, une baisse importante de la mortalité en 2007 a concerné les usagers dautocars et les piétons avec une diminution respective de 17,83% et 8,23%. Par contre, il ny a pas eu damélioration pour les usagers de voitures de tourisme (+4,45%). Cette catégorie a enregistré le plus grand nombre de victimes. Les voitures de tourisme restent les plus meurtrières. Elles représentent 65,35% des véhicules impliqués dans les accidents de la route en 2007 dont 48% sont âgées de plus de 11ans.