Rien ne se passa les jours suivants. Ni même les mois qui suivirent. La décision de mettre en place une structure à Directoire et Conseil de Surveillance était visiblement gelée. Oudghiri assurait donc toujours la présidence dAttijariwafa bank. Il évitait ainsi de justesse une mise au placard annoncée. Mais pas pour très longtemps. Car, quelques mois plus tard, précisément le 24 mai 2007, il annonçait sa démission. Officiellement en tout cas, cétait une démission; mais officieusement, il sagissait dun départ forcé sous-tendu par une guéguerre interne avec une certaine élite du Groupe, laquelle, semble-t-il, nappréciait guère sa manière de manager. Son débarquement ne surprenait personne. Encore moins ses «potes» banquiers. Aussi, dès lors quils se retrouvèrent chez Benjelloun, quelques jours plus tard, pour une énième rencontre, il sentendit dire par un Bennani sarcastique : - Alors, cela fait quoi derrer sur le pont des chômeurs ? - La même sensation que toi je suppose, répondit spontanément Oudghiri, la mine renfrognée. - Quest-ce que tu comptes faire maintenant Champion ?, intervint Benjelloun. - Jen sais trop rien vieux père. Je crois que je vais prendre quelques semaines de vacances, histoire de bien réfléchir. Mais je ne pense pas que je pourrai rester au Maroc. - Ecoute, tes encore jeune et tu as du potentiel. Ne te laisse surtout pas abattre, sinon tu seras un homme fini. Tas encore des choses à faire valoir et le Maroc a toujours besoin de jeunes comme toi. - Merci de me remonter le moral; mais, à lheure actuelle, je ne vois pas comment je pourrai servir mon pays. Jai besoin de prendre du recul par rapport à tout cela, et je verrai bien par la suite En septembre 2007, cest Mohamed El Kettani qui fut nommé nouveau PDG dAttijariwafa bank, après plusieurs mois de suspense autour de la succession de Oudghiri. Celui-ci, aux dernières nouvelles, dirigerait une banque en Arabie Saoudite, tombant dans un cruel anonymat, à la mesure de sa popularité dantan. Quelques mois plus tard, ce fut au tour de Omary de quitter la présidence du Groupe Banques Populaires. Lui, par contre, est sorti par la grande porte, rattrapé par ses nombreux hivernages. Une retraite bien méritée, avec de quoi mettre du beurre dans les épinards de ses vieux jours. Depuis le 1er février 2008, cest Mohamed Benchaâboune qui a lhonneur de présider aux destinées du Groupe. Aujourdhui, le seul en activité de la bande reste Othman Benjelloun, défiant avec témérité lusure du temps. Il voyait de moins en moins Alami, Omary et Bennani, même sil prenait régulièrement de leurs nouvelles. Le temps lui faisait défaut, lui, désormais seul banquier en exercice parmi sa bande de copains. (à suivre)