* Aucun communiqué pour démentir ou confirmer le départ de Khalid Oudghiri. * Les investisseurs sont aujourdhui dans lincapacité de savoir qui dirige la structure en qui ils ont eu confiance au point de souscrire à ses actions. * Tant quil ny a pas variation erratique du cours, Attijariwafa bank nest pas hors-la-loi. Cest lavis du gendarme du marché. Khalid Oudghiri est-il toujours à la tête du Groupe Attijariwafa bank ? Jusquici, personne ne peut confirmer ou infirmer linformation, même au niveau de certains cadres de la banque. Car, visiblement, cette affaire se traiterait en haut lieu, particulièrement au sein de lONA. Ce vrai-faux suspense sur le départ probable de Oudghiri dure depuis plus dune semaine maintenant. Une semaine que le public reste dans le flou et sinterroge. Quun PDG dune société X rende le tablier ou quil soit limogé nest pas un fait unique en soi, ni au Maroc ni ailleurs. Mais lévénement, si tant est quon peut lappeler ainsi, suscite de lintérêt dès lors quil concerne un grand groupe et surtout sil est porté sur la place publique à la faveur des rumeurs. Et puisquil sagit dAttijariwafa bank, lintérêt est double : dun côté, cest un acteur de référence du microcosme bancaire national et maghrébin et, sur un autre volet, cest une société cotée à laquelle incombent un certain nombre dobligations légales en matière de communication financière. Voilà une dizaine de jours donc que Khalid Oudghiri est donné partant et que lon suppute la mise en place dune nouvelle organisation, avec notamment un Directoire et un Conseil de Surveillance. Un mystère jalousement entretenu autour dun départ (ou non) et qui prête foi à de folles rumeurs et aux mauvaises interprétations. Jusquà présent, pas de communiqué officiel. Cest le black-out total. Silence radio à Attijariwafa bank et à lONA. Pas de réaction du CDVM, le gendarme du marché. Pourtant, linformation est capitale, et ce dautant plus quelle touche à lorganisation de lentreprise. Et cest à se demander si, actuellement, le CDVM assure bien lune de ses missions fondamentales, cest-à-dire veiller au bon fonctionnement des marchés des valeurs mobilières, et sassurer en particulier de léquité, de la transparence et de lintégrité de ces marchés. Transparence ? Cest bien là le hic. Car, depuis 10 jours maintenant, les investisseurs sont dans lincapacité de savoir qui dirige la structure en qui ils ont eu confiance au point de souscrire à ses actions. Et à en croire un analyste averti, le gendarme du marché nen est pas à son premier fait darme. «Aujourdhui encore, le CDVM a montré son impuissance face à un marché où le politique simmisce de plus en plus et dune manière pernicieuse», souligne-t-il. Et dajouter qu«il sest distingué par son laxisme et sa passivité devant plusieurs infractions flagrantes qui ont émaillé le marché ces derniers mois; il disparaît quand on a le plus besoin de lui». Acerbe notre ami ? Son avis est en tout cas partagé par un autre analyste de la place : «Avec le CDVM, cest deux poids deux mesures puisquil procède à un arbitrage pour le moins sélectif : il aurait rapidement agi si cette affaire concernait une petite structure, mais puisque Attijariwafa bank cest lONA, il affiche profil bas». A lévidence, tout le monde attendait une réaction de sa part, ne serait-ce que pour intimer lordre à Attijariwafa bank déclairer le public (et donc les actionnaires) sur la rumeur. Au niveau du CDVM pourtant, lon se veut clair : «linformation est certes importante, mais seule la société peut juger nécessaire de communiquer au moment opportun. Si elle ne la pas fait, cest parce quelle ne peut se permettre de donner une information incomplète, comme par exemple confirmer effectivement le départ (de Oudghiri, ndlr), si cest le cas, sans pour autant communiquer le nom de son successeur». Aussi, poursuit le gendarme du marché, «au regard des dispositions légales en vigueur, nous nobligeons la société à communiquer que dans le cas où il y a une variation erratique du cours de laction». En tout cas, reprend notre première source, «il est clair que, malgré les efforts déployés par la Société Gestionnaire, certaines anomalies persistent encore sur le marché. Car entre les transactions douteuses, les délits dinitié, mais qui sont peut-être difficiles à prouver formellement, et les titres surévalués, voilà quon nous replonge dans un passé de la Bourse quon aurait souhaité oublier». «Et tout cela nuit à une place qui tente, tant bien que mal, de se construire une réputation et dont tout le monde vante la maturité : cest une bombe à retardement qui risque de faire beaucoup de dégâts lorsquelle va exploser, car les investisseurs vont y laisser des plumes. Si les choses continuent en létat, il faudrait sattendre à un autre mini-crash», martèle-t-il. Oscar Wilde disait bien que «lexpérience est le nom que lon donne à ses erreurs». Mais au vu de ce qui se passe actuellement, il est admis de soutenir que les erreurs du passé nont guère enrichi notre expérience. Car il semble que lhistoire récente de la Bourse, marquée par une euphorie virtuelle entretenue par quelques initiés peu scrupuleux et de laquelle a découlé une traversée du désert qui a duré plusieurs années, nait pas réussi à marquer durablement certaines intelligences. Un contrepoids Que faire face aux dérives ? «Le marché a besoin dun contrepoids pour faire face aux grands groupes et aux institutionnels qui font et défont le marché à leur guise», préconise notre analyste. «Pour ce faire, il faut constituer un syndicat dinvestisseurs privés suffisamment influent et qui va taper sur la table quand tout va mal», poursuit-il. Serait-ce suffisant ? Pas si sûr, car ce marché, notre marché, semble évoluer selon une logique simple, et une seule : en dehors des fondamentaux communément admis et inhérents à lentreprise (comme le PER), lun des fondamentaux reconnus, et qui pèse de tout son poids, est davoir la bonne connexion au bon endroit.