* Laccord de partenariat pour lachat par la BCP de 43,54% du capital de LMV tombe à leau. * Le nouveau PDG du GBP met donc fin à un projet initié par son prédécesseur. * La BCP aurait fait une proposition à Moulay Hafid El Alamy pour lacquisition de la CNIA. Cest peut-être un peu fort de soutenir que Mohamed Benchaâboun a court-circuité Noureddine Omary. Pourtant, cela semble bien être le cas, au regard notamment de la tournure qua prise le rapprochement attendu de la BCP et de La Marocaine Vie. Un rapprochement qui a avorté, selon certaines sources, par la seule volonté du successeur de Omary à la tête du Groupe Banques Populaires. «La BCP a décidé de ne pas poursuivre le projet et la Société Générale respecte cette décision», souligne Marc Duval, PDG de La Marocaine Vie, ajoutant que «nous avions monté un projet de partenariat bien équilibré et surtout original, avec une compagnie dassurance entre deux banques». Pour rappel, en novembre dernier, un communiqué officiel faisait état de lachat par la BCP de 43,54% du capital de LMV, cédés par la SGMB et Sogecap France, pour un montant de 96,6 MDH. Laccord de partenariat, qui confortait lambition de la BCP dêtre un acteur majeur dans la bancassurance, devait se concrétiser au plus tard le 30 avril 2008, avec des produits qui devaient être commercialisés conjointement par la BCP, LMV et la SGMB. Les termes du partenariat étaient donc on ne peut plus clairs. Quest-ce qui explique alors ce revirement de situation ? Visions divergentes Si, aujourdhui, aucune explication officielle na été donnée, on a au moins une certitude : ce projet, cest Omary qui en était linitiateur, lui qui a toujours bataillé pour avoir une compagnie dassurance au même titre que les grandes institutions bancaires de la place. Cest son projet, mais guère celui de Benchaâboun. Parti à la retraite, il en a fait de Benchaâboun lhéritier légitime. Mais il semblerait que ce dernier ne veuille guère de ce legs. Le nouveau PDG du GBP ne paraît, en effet, guère convaincu de la viabilité dun rapprochement avec La Marocaine Vie, une compagnie qui, selon certaines sources, ne serait pas la compagne idéale pour accompagner les ambitions du Groupe dans le domaine des assurances. Benchaâboun aurait une vision foncièrement différente de celle de Omary, particulièrement en ce qui concerne ce dossier. On laisse ainsi entendre que le protocole daccord aurait été rangé dans les tiroirs pour deux choses : la première est que lessentielle de lactivité de LMV tourne autour de lassurance Vie, quand bien même elle a essayé délargir son périmètre dintervention à travers la signature de partenariats avec Eqdom, Zurich et Assalaf Châabi. Comparé à certaines compagnies de la place, son champ daction reste donc relativement limité. Sur un autre volet, ce partenariat noffre pas à la BCP quitus pour la gestion. Et lidée davoir à co-gérer LMV aux côtés de la Société Générale ne serait pas la bienvenue. Les propos de cet analyste vont dans le même sens. Selon lui, «il y a incompatibilité dans la mesure où la taille de LMV et sa spécialisation dans la Vie ne répondent pas aux ambitions qua la BCP pour ce secteur» Par ailleurs, il faut noter que LMV a présenté des résultats en berne au titre de lexercice 2007. Ainsi, tirant profit des synergies développées avec la Société Générale, elle a dégagé un chiffre daffaires en hausse de 55% à 868 MDH. Pour autant, tant le résultat brut dexploitation que le résultat net se sont inscrits en baisse, saffichant respectivement à 15,9 et 23,9 MDH. Tous ces éléments précités justifieraient donc que Benchaâboun ait désavoué Omary. Mais, dans le fond, est-il vraiment intéressé par le secteur des assurances ? Fait-il de la présence effective dans ce secteur une priorité dans le cadre de la politique de croissance du Groupe ? Difficile de répondre à ces interrogations. Mais lon sait, dores et déjà, que contrairement à Omary, il ne siège pas au Conseil dAdministration de Chaabi Courtage. Néanmoins, dans les milieux daffaires, il se murmure que la BCP tient toujours à avoir sa compagnie dassurance. Et quelle aurait des visées sur un opérateur de la place. Pendant ce temps, LMV poursuivra sa marche aux côtés de la SG et, comme le précise Marc Duval, «va se concentrer sur le développement de la bancassurance, tout en continuant sa stratégie de modernisation et de diversification de son offre et de ses partenaires». Qui pour «remplacer» LMV ? La CNIA serait dans la ligne de mire de la BCP. Cette dernière aurait offert 2 Mds de DH au patron de la CNIA, Moulay Hafid El Alamy, pour sapproprier la compagnie dassurance. Compagnie que El Alamy a lorgnée pendant trois ans avant de pouvoir se lapproprier (au terme de 6 mois de négociations) suite à léchec des négociations entre la CDG et le Groupe Arig, initialement actionnaire majoritaire de CNIA. Sil est vrai que le montant de loffre (2 Mds de DH) peut être sujet à caution, la cession de la CNIA, par contre, est dans le domaine du possible. Pour qui connaît lhomme daffaires quest Moulay Hafid El Alamy, il est aisé dadmettre quil peut se «débarrasser» de sa compagnie dassurance sans état dâme. Dans les milieux daffaires, on le traite de commerçant : il achète et il revend. Mais pas nimporte comment. Cest ce quil a fait avec Agma (dont il a racheté 35% du capital pour 21 MDH en 1995), cédée au prix fort après lavoir valorisée et introduite en Bourse. Dailleurs, lhomme ne sémeut guère de ce qualificatif. Il en est même très fier. Cest un adepte du «tout est à vendre», tel quil la affirmé dans nos colonnes en avril 2007. «Je ne cultive pas de liens affectifs particuliers avec les biens de ce monde, car une affaire est appelée à passer dune vie à lautre», a t-il dit. Cest-à-dire, dune main à lautre. Et à la question de savoir si la CNIA était à vendre, sa réponse était sans équivoque : «pas question de la céder aujourdhui. Mais si demain une opportunité se présente, tout est possible La proposition de la BCP (si effectivement proposition il y a) serait-elle alors lopportunité tant attendue ? Peut-être bien. Si tel est le cas, il prendrait manifestement une belle revanche, lui qui, dans sa quête de partenaires pour reprendre la CNIA, sétait rapproché à lépoque de la BCP. Et comme réponse, il sest vu dire : «nous ne sommes pas intéressés». Cest ce quon appelle lironie du sort.