Le spectre des délestages revient avec force. La demande en électricité dépasse loffre. Malgré les assurances du ministre de tutelle et du Directeur général de lOffice national de lélectricité (ONE), les observateurs sont unanimes et catégoriques : la capacité de production en électricité du Maroc est insuffisante pour faire face à ses besoins énergétiques. Linterconnexion avec lEspagne et lAlgérie ne résout pas tout, même si elle atténue partiellement leffet. Il est clair que le gouvernement, et surtout les responsables du secteur, nont pas anticipé correctement les besoins du pays. Pourtant, le même scénario sest produit durant les années 90 et a coûté des pertes énormes aux entreprises marocaines et à léconomie nationale. Cette amère expérience na pas servi, semble-t-il, à tirer les enseignements qui simposent. Avec la généralisation de laccès de lélectricité au monde rural, la croissance des unités industrielles et certaines branches dactivités, le nombre de clients et la consommation ont dépassé largement toutes les prévisions. Pour y faire face, il fallait élaborer une politique daccompagnement à travers la réalisation des investissements nécessaires. La stratégie nationale énergétique présentée dernièrement par Amina Benkhadra, ministre de lEnergie et des mines, a le mérite de décliner pour la première fois une vision sur le long terme. Le plan comporte plusieurs pistes pour le développement du secteur, notamment le recours aux énergies renouvelables et au nucléaire. Mais encore faut-il passer à laction et traduire ces projets en réalisations concrètes. En attendant, du fait de sa forte dépendance énergétique, le Maroc risque de subir pour quelque temps le cauchemar du délestage. Avec tout ce que ça implique comme désagréments et conséquences économiques.