* La loi n°65-99 relative au code du travail stipule, dans son article 336, que des comités dhygiène et de sécurité doivent être créés dans les entreprises industrielles, commerciales et dartisanat et dans les exploitations agricoles et forestières et leurs dépendances qui emploient au moins 50 salariés. * Nombre de mesures stipulées dans le code du travail sont jugées onéreuses pour les entreprises qui se débattent dans les filets de la mondialisation. Lincendie de Lissasfa a secoué plus dun. Une véritable tragédie qui, osons le dire, a tiré la sonnette dalarme sur le laisser-aller qui marque le monde des affaires. Daucuns diront que lusine de textile de Lissasfa nest pas exclusive, et que dautres prolifèrent dans les différentes zones industrielles et ont pour point commun le non-respect de la sécurité au travail. Des milliers demployés au Maroc évoluent chaque jour dans des secteurs où le danger, tel une épée de Damoclès, plane au dessus de leurs têtes. Nouvelles dispositions du code du travail Sur le plan juridique, la législation marocaine est aujourdhui dotée dun code du travail, entré en vigueur en juin 2004. Ce dernier met en place un ensemble de mesures relatives à la sécurité au travail. Ce code se veut plus conciliateur entre les intérêts des employeurs et ceux des employés et apporte des dispositions rigoureuses en matière de sécurité au travail. Des dispositions qui vont de linstallation dun dispositif de prévention de lincendie à linterdiction de lutilisation de substances à même de mettre en danger la vie des employés. Ce même code impose à lemployeur dacquérir un matériel qui ne présente aucun danger pour le personnel. Mieux encore, ledit matériel doit être muni dun dispositif de protection dune efficacité reconnue. Des comités dhygiène et de sécurité sont aussi institués par le nouveau code du travail. Ils sont obligatoires pour les entreprises de plus de 50 salariés. Il sagit dune structure qui veille au bien-être et au maintien de la santé. A noter que la loi n°65-99 relative au code du travail stipule, dans son article 336, que les comités dhygiène et de sécurité doivent être créés dans les entreprises industrielles, commerciales et dartisanat et dans les exploitations agricoles et forestières et leurs dépendances qui emploient au moins 50 salariés. Ce comité est chargé de détecter les risques professionnels auxquels sont exposés les employés, dassurer lapplication des textes législatifs et réglementaires. Ce comité est aussi tenu de se réunir suite à tout grave accident qui aurait entraîné des conséquences fâcheuses. Ce comité est par ailleurs appelé à établir un rapport annuel à la fin de chaque année grégorienne sur lévolution des risques professionnels dans lentreprise. Ce rapport doit être adressé par lemployeur à lagent chargé de linspection du travail, au plus tard dans les 90 jours après lannée au titre de laquelle il a été établi. Pour les pénalités en matière de sécurité imputées à lemployeur, le code prévoit des amendes allant de 2.000 à 5.000 DH et peuvent même doubler. La procédure pénale ne sarrête pas à ce niveau sachant quune fermeture temporaire ou définitive de lentreprise est prévue dans le cas où celle-ci ne remédierait pas aux violations des prescriptions législatives ou réglementaires de la sécurité relevées par linspecteur du travail. Une autre mesure qui mérite dêtre signalée est le PAN, mis en place par le ministère de lEmploi et de la Formation professionnelle. Sa mission est damener les entreprises à se conformer aux prescriptions de lactuel code. Depuis janvier 2007, les inspecteurs sont censés utiliser une fiche technique qui entre dans le cadre de ce plan. Toutes ces mesures cohérentes semblent très intéressantes, à condition quelles soient appliquées. Un diagnostic préoccupant ! Interrogé par nos soins, un chef dentreprise dagroalimentaire dit avoir déjà adopté les mesures de sécurité au travail en ayant un médecin attitré depuis 8 ans. Ce dernier soccupe du contrôle, notamment au niveau du recrutement et, par la suite, du suivi des visites médicales du personnel. Ce même médecin rédige, tous les six mois, un rapport sur la sécurité du travail incluant des mesures à prendre et quil remet à linspecteur du travail. Toutefois, il précise que pour une entreprise dont le nombre de salariés dépasse 50 employés, le code stipule la présence permanente dun médecin sur les lieux du travail. Le code du travail, dans sa nouvelle mouture, paraît répondre aux préoccupations des employeurs et employés. Mais la réalité est tout autre étant donné que ces dispositions ne sont pas respectées par le tissu national, en loccurrence les PME. «Ce qui pousse à sinterroger sur lintérêt de voter une loi qui, par la suite, nest pas appliquée», sest interrogé un parlementaire lors de la dernière session consacrée en grande partie à lincendie de Lissasfa. On passe une éternité à concevoir une loi, qui une fois promulguée, nest pas appliquée. On parle de la nécessité de la présence de médecins du travail alors que le Maroc ne dispose à lheure actuelle que de 500 médecins. Pis encore, on narrive pas à trouver les profils adéquats à même dassurer le suivi médical des employés au sein des entreprises. Autre point à souligner, la corruption des inspecteurs du travail. Comment peut-on concevoir quun inspecteur fasse son devoir sil est sous-payé et donc cède facilement devant la corruption ? Nombre des mesures stipulées dans le code du travail sont jugées onéreuses pour les entreprises qui ne savent plus à quel saint se vouer. Celles-ci subissent les tirs croisés de la hausse de lénergie et des coûts des matières premières. Elles sont en pleine mondialisation et doivent jouer le tout pour le tout au risque dêtre écrasées. Mais cela nempêche que la qualité des ressources humaines est aussi impérieuse pour réussir le défi de la mondialisation. Le résultat est aujourdhui mitigé : dans certaines branches dactivité, leffort est déjà déployé alors que dans dautres, cest lignorance totale. Les résultats dune enquête menée par le ministère de lEmploi font ressortir que 58% des entreprises métallurgiques y ont consenti contre 50% relevant de lindustrie chimique et 46% dans le textile-habillement. Dans les autres secteurs, le dispositif de sécurité est quasi-inexistant. Une chose est sûre : ces responsabilités sociales sont dune importance capitale pour lentreprise. Ces mesures peuvent avoir des retombées positives aussi bien sur le plan social que sur le plan économique. A noter que, désormais, les investisseurs étrangers exigent des normes sociales avant de prendre des participations dans une entreprise.