* En dix ans dactivité, le nombre de sociétés adhérentes est passé de 70 à 310 à la Chambre de commerce allemande au Maroc. * Les Marocains formés en Allemagne peuvent jouer un rôle-clé dans lattrait des investissements. * Le point avec Marco Wiedemann, Directeur général de la Chambre de commerce allemande à Casablanca. Finances News Hebdo : La Chambre Allemande de Commerce a fêté son dixième anniversaire au Maroc; comment se présente le bilan de cette décennie? Marco Wiedemann : Après plus de 10 ans dexistence, la Chambre Allemande de Commerce et dIndustrie au Maroc peut dresser un bilan tout à fait positif. Le nombre dadhésions souligne que nous faisons du bon travail. Un travail apprécié car depuis sa création, le nombre dadhérents de la Chambre Allemande est passé de 70 à plus de 310 sociétés membres, et nous continuons à recevoir des demandes dadhésion de haut niveau. Nous avons pu réaliser de nombreux projets et événements importants, dont je cite à titre dexemples les manifestations sur les technologies de lenvironnement, les 4 salons EnviroMaroc ou les 3 rencontres maroco-allemandes sur les e-renouvelables. Dailleurs, nous ne misons pas seulement sur les relations maroco-allemandes, mais également sur les échanges multilatéraux. Cest dans ce cadre que sinscrit la création de lUnion des Chambres de Commerce et dIndustrie Européennes au Maroc (UCCIEM dont les membres sont par ordre alphabétique : lAllemagne, la Belgique & le Luxembourg, lEspagne, la France, la Grande-Bretagne et lItalie) que la Chambre Allemande avait lhonneur de présider en 2007. Dans le cadre de cette Union, une première manifestation a eu lieu lannée dernière en coopération avec la Banque Européenne dInvestissement (BEI) ; dautres manifestations sont prévues pour cette année. F. N. H. : Comment les hommes d'affaires allemands jugent-ils le climat d'investissement au Maroc ? M. W. : Linvestissement nest pour les entrepreneurs allemands que la deuxième étape. Avant de prendre la décision dinvestir, il faut avoir de bonnes relations daffaires. Ceux qui connaissent le Maroc jugent le climat dinvestissement favorable. Malheureusement, le Maroc est encore peu connu en Allemagne comme marché ou site dinvestissement. Pourtant, la Chambre Allemande ne cessera de présenter le potentiel dinvestissement et les opportunités daffaires au Maroc. Les réformes et initiatives économiques du Maroc, ainsi que la politique marocaine (Plan Emergence, Plan Azur etc.) aideront ces objectifs. F. N. H. : On remarque que l'Allemagne est présente au Maroc surtout à travers de grandes entreprises ; dans ce contexte, ny a-t-il pas une politique de promotion destinée aux PME allemandes pour venir investir au Maroc ? M. W. : A notre connaissance, il existe à peu près 75 sociétés et participations allemandes au Maroc, et il sagit pour la plupart de grandes entreprises. Les PME allemandes ont des capacités plus limitées que les grandes sociétés à investir dans les pays étrangers. Elles investissent beaucoup à létranger, mais pour linstant elles se concentrent plutôt dans les pays dEurope centrale et orientale. Peu dAllemands parlent français ; en Europe orientale, beaucoup de gens parlent lallemand. En plus, ces pays sont situés juste à côté de lAllemagne, tandis que le Maroc se trouve à plusieurs milliers de kilomètres. Il y a détroits liens historiques et culturels de longue date. Cest dailleurs un des objectifs de la Chambre Allemande dinciter davantage dentreprises allemandes à découvrir le potentiel du Maroc en tant que marché et site de production. Les Marocains formés en Allemagne peuvent jouer un rôle-clé à cet égard. Cest pour cette raison que nous avons créé, il y a un an, un poste de conseiller en réintégration au sein de la Chambre Allemande. F. N. H. : Comment expliquez-vous la quasi-absence de capitaux allemands dans des secteurs marocains à forte croissance comme les télécoms, les finances ou la Bourse? M. W. : Les atouts traditionnels de léconomie allemande sont lindustrie, surtout la construction de machines, les technologies de pointe. Mais il y a un intérêt accru dans les secteurs que vous venez de citer : T-Systems, filiale de Deutsche Telekom, est venu prospecter le marché il y a quelques mois ; la Deutsche Bank investit à travers un fonds immobilier dans la nouvelle gare de Casa-Port ; et la Banque allemande de Développement, KfW, participe au fonds de micro-crédit Jaida. F. N. H. : Quel a été l'impact de la forte hausse de l'Euro sur les activités des entreprises allemandes au Maroc ? M. W. : Pour linstant, nous navons pas remarqué dimpact particulier sur les activités des entreprises allemandes au Maroc. En principe, la hausse de lEuro devrait alléger les charges des compagnies qui produisent déjà ici. F. N. H. : Pourquoi les entreprises allemandes n'envisagent-elles pas de délocaliser une partie de leur activité au Maroc comme l'ont fait certaines firmes européennes? M. W. : Pour les entreprises allemandes, les pays de lEurope centrale et de lEst sont ce quest le Maroc pour les entreprises françaises et espagnoles. Mais à cause de la flambée du coût de main-duvre dans les nouveaux pays membres de lUE, le Maghreb deviendra de plus en plus intéressant pour les projets de délocalisation. En fait, lannée dernière, nous avons reçu plusieurs demandes de sociétés allemandes, notamment de la part déquipementiers automobiles qui ont déjà un site de production dans un des nouveaux pays membres de lUE. Toutefois, la Tunisie arrive à absorber une grande partie de cette demande grâce à la longue tradition dinvestissements allemands. Sa politique économique libérale, létablissement de zones franches et le nouveau port de Tanger-Med, par exemple, constituent des atouts qui permettront au Maroc de faire face à cette concurrence.