La trentaine, lallure sportive, le pas rapide, parcourant le Salon des Télécoms organisé récemment à Casablanca, Moulay Hafid Kanzi Belghiti est plein dassurance. Et il y a de quoi ! A partir de rien, il a pu créer, il y a trois ans, sa propre société, Waga Engineering et Distribution. Une Sarl marocaine sise à Casablanca qui distribue une large gamme de produits et déquipements dans les secteurs aéronautique, militaire, naval, industriel, télécoms et ferroviaire. Bien quil nen soit pas à sa première participation à un salon professionnel, ayant déjà présenté sa société au 1er Salon de laéronautique tenu à Marrakech, le Salon des télécoms semble avoir une extrême importance pour Hafid. «Lactivité Télécoms représente moins de 5 % de notre chiffre daffaires et nous la développerons grâce aux produits que nous présentons, jusquà créer une filiale télécoms à part. Nous aimerions que lactivité télécoms passe au minimum de 10 à 15 % de notre chiffre daffaires dici la fin de lannée». Une ambition tout à fait légitime quand on sait que Waga compte dans son portefeuille fournisseur le géant américain Amphenol qui fabrique les antennes GSM, les câblages et tous types de connectiques pour télécoms. Mais ce parcours buillant est le fruit de la persévérance de lhomme et, quelque part, dun concours de circonstances difficiles qui, in fine, ont fait de ce jeune, jadis salarié, maître de lui-même aujourdhui. Né à Casablanca en mai 1975, My Hafid Kanzi Belghiti est laîné de ses deux autres frères. Enfant, il a un goût prononcé pour le sport. Il est également un frère très autoritaire. «Heureusement, je ne le suis plus depuis très longtemps». Son enfance, il la vit dans une cité de Société, vivant au sein dune communauté qui a développé des liens très forts entre ses membres. À tel point que pour Hafid, les enfants des voisins étaient pour lui comme des cousins. Chef de file, il a toujours su ne pas dépasser les limites. Elève correct, Hafid est aussi un rêveur. Il voulait parler couramment anglais, et cest un rêve quil a pu réaliser en optant pour la section anglaise. Une fois son Bac en poche, il multipliera les inscriptions dans les universités américaines et sur lune des confirmations dinscription, il est intrigué par Wagga Wagga, une ville australienne disposant dune Université proposant un Bachelor en littérature anglaise. Mais Hafid se heurtera à une farouche opposition parentale . «Il ma fallu 12 mois pour les convaincre et, finalement, ils se sont résignés à accepter ma décision». Le fait que la Directrice de létablissement E.L.S à lUniversité Charles Sturt soit une Française, a facilité le contact et linscription. Mais comme en 1994 il nexistait pas de consulat ni de représentation diplomatique de lAustralie au Maroc, Moulay Hafid Kanzi Belghiti, alors âgé de 19 ans, doit partir chercher un visa en Egypte. «Je pensais que ce serait une affaire de trois, quatre jours, jy suis resté quatre semaines pour obtenir enfin un visa pour lAustralie». Lattente na pas eu raison de son moral. Hafid était plus que tout décidé à partir vers ces contrées lointaines. Parti en Australie pour un Bachelor en littérature anglaise, il décide de changer de cap et opte pour un Bachelor en Business et Management à lUniversity of Western Sydney. Son instinct pour le monde des affaires lui a dicté ce choix, que ses parents se sont empressés dencourager. «Atterrir en Australie était dur mais pas choquant. Jai vécu un mois dans le campus universitaire pour emménager ensuite avec un autre étudiant français en dehors de la cité». Vivre seul et dépendant de lui-même nétait pas forcément un rude exercice pour lui. «Je suis laîné mais ce nest pas pour autant que mes parents mont gâté outre mesure». Mais cette période lui a permis de se concentrer sur ses études, penser à son avenir et surtout méditer. A la fin de ses études, Hafid intègre la vie professionnelle et sinscrit dans un autre Bachelor. Mais disons que les conditions de lépoque le dissuadent rapidement de poursuivre sa carrière en Australie et il préfère rentrer au bercail en 2000. «Les conditions de lémigration étaient très sévères, et récemment, jai animé un séminaire en Australie où lon ma proposé un poste de responsabilité sur place. Je leur avais dit que cétait possible en 2000, mais plus maintenant». Revenu au Maroc, il travaille pendant quatre mois dans une société de transport maroco-française, et quand il demande à revoir son statut et son salaire, il est froissé par la manière avec laquelle on traite avec un salarié. Normal dêtre choqué en constatant la fracture entre les modèles de management enseignés à lUniversité et ceux adoptés au Maroc. Alors, il décide de prendre un peu de temps pour réfléchir avant dattaquer réellement la vie professionnelle. Juste après ce break, il intègre St Microelectronics où il passera deux ans et demi au département des achats. «Cétait une bonne expérience, jai appris beaucoup de choses avec mon chef de département. STM est une très bonne école, mais jétais las de refaire les mêmes choses. Je voulais piloter des projets car je naime pas la routine». Une chose qui sest partiellement concrétisée quand Hafid a rejoint Valéo puis Matis Aérospace. Il est néanmoins toujours allergique au style du management au Maroc; cest pourquoi il décide de quitter son travail, pour partir sous dautres cieux ; on lui propose alors un poste à Londres. Une offre quil décline rapidement, mais le fournisseur anglais ne lâche pas facilement prise et propose à Hafid de créer une entreprise qui sera distributeur du fournisseur au Maroc. Cest ainsi quen 2004 Waga Engineering et Distribution voit le jour. «Jai démarré dans ma chambre chez mes parents, avec une connexion Internet, un téléphone et un fax. Aujourdhui, nous sommes 12 personnes et des recrutements sont en cours, notamment un cadre ingénieur et une D.G.A. Et il y a cinq mois, jai lancé WagaTek, une filière spécialisée en installation et fourniture industrielles et travaux divers. En parallèle au démarrage de WAGA, jai aussi commencé un Master en logistique et transport à lEHTP». Ayant longuement souffert de rapports hiérarchisés, Moulay Hafid Kanzi Belghiti préconise alors un management participatif à limage du modèle anglo-saxon. «Je néprouve aucune difficulté à associer mon équipe à la prise de décision et à appliquer les bonnes propositions dont un salarié me fait part». Aujourdhui, Moulay Hafid Kanzi Belghiti voudrait remercier ceux qui jadis avaient tenté de le dissuader, et qui nont pas su lévaluer à sa juste valeur. Car il nen serait pas là aujourdhui et naurait jamais cherché à devenir son propre patron. Il na pu compter que sur les siens pour lépauler à une époque où créer une société, de surcroît dans le cercle très fermé quest laéronautique, relève du parcours du combattant. En trois ans, il a pu développer son chiffre daffaires, recruter de nouveaux clients et développer son projet. Hafid envisage actuellement lavenir avec beaucoup de sérénité et dambition. Et sil y a une chose à laquelle il croit, cest bel et bien le sérieux et la persévérance !