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My Hafid Kanzi Belghiti, quand la persévérance paye !
Publié dans Finances news le 10 - 04 - 2008

La trentaine, l’allure sportive, le pas rapide, parcourant le Salon des Télécoms organisé récemment à Casablanca, Moulay Hafid Kanzi Belghiti est plein d’assurance. Et il y a de quoi ! A partir de rien, il a pu créer, il y a trois ans, sa propre société, Waga Engineering et Distribution. Une Sarl marocaine sise à Casablanca qui distribue une large gamme de produits et d’équipements dans les secteurs aéronautique, militaire, naval, industriel, télécoms et ferroviaire.
Bien qu’il n’en soit pas à sa première participation à un salon professionnel, ayant déjà présenté sa société au 1er Salon de l’aéronautique tenu à Marrakech, le Salon des télécoms semble avoir une extrême importance pour Hafid.
«L’activité Télécoms représente moins de 5 % de notre chiffre d’affaires et nous la développerons grâce aux produits que nous présentons, jusqu’à créer une filiale télécoms à part. Nous aimerions que l’activité télécoms passe au minimum de 10 à 15 % de notre chiffre d’affaires d’ici la fin de l’année». Une ambition tout à fait légitime quand on sait que Waga compte dans son portefeuille fournisseur le géant américain Amphenol qui fabrique les antennes GSM, les câblages et tous types de connectiques pour télécoms.
Mais ce parcours buillant est le fruit de la persévérance de l’homme et, quelque part, d’un concours de circonstances difficiles qui, in fine, ont fait de ce jeune, jadis salarié, maître de lui-même aujourd’hui.
Né à Casablanca en mai 1975, My Hafid Kanzi Belghiti est l’aîné de ses deux autres frères. Enfant, il a un goût prononcé pour le sport. Il est également un frère très autoritaire. «Heureusement, je ne le suis plus depuis très longtemps». Son enfance, il la vit dans une cité de Société, vivant au sein d’une communauté qui a développé des liens très forts entre ses membres. À tel point que pour Hafid, les enfants des voisins étaient pour lui comme des cousins. Chef de file, il a toujours su ne pas dépasser les limites. Elève correct, Hafid est aussi un rêveur. Il voulait parler couramment anglais, et c’est un rêve qu’il a pu réaliser en optant pour la section anglaise. Une fois son Bac en poche, il multipliera les inscriptions dans les universités américaines et sur l’une des confirmations d’inscription, il est intrigué par Wagga Wagga, une ville australienne disposant d’une Université proposant un Bachelor en littérature anglaise.
Mais Hafid se heurtera à une farouche opposition parentale . «Il m’a fallu 12 mois pour les convaincre et, finalement, ils se sont résignés à accepter ma décision».
Le fait que la Directrice de l’établissement E.L.S à l’Université Charles Sturt soit une Française, a facilité le contact et l’inscription. Mais comme en 1994 il n’existait pas de consulat ni de représentation diplomatique de l’Australie au Maroc, Moulay Hafid Kanzi Belghiti, alors âgé de 19 ans, doit partir chercher un visa en Egypte. «Je pensais que ce serait une affaire de trois, quatre jours, j’y suis resté quatre semaines pour obtenir enfin un visa pour l’Australie». L’attente n’a pas eu raison de son moral. Hafid était plus que tout décidé à partir vers ces contrées lointaines.
Parti en Australie pour un Bachelor en littérature anglaise, il décide de changer de cap et opte pour un Bachelor en Business et Management à l’University of Western Sydney. Son instinct pour le monde des affaires lui a dicté ce choix, que ses parents se sont empressés d’encourager. «Atterrir en Australie était dur mais pas choquant. J’ai vécu un mois dans le campus universitaire pour emménager ensuite avec un autre étudiant français en dehors de la cité».
Vivre seul et dépendant de lui-même n’était pas forcément un rude exercice pour lui. «Je suis l’aîné mais ce n’est pas pour autant que mes parents m’ont gâté outre mesure». Mais cette période lui a permis de se concentrer sur ses études, penser à son avenir et surtout méditer.
A la fin de ses études, Hafid intègre la vie professionnelle et s’inscrit dans un autre Bachelor.
Mais disons que les conditions de l’époque le dissuadent rapidement de poursuivre sa carrière en Australie et il préfère rentrer au bercail en 2000.
«Les conditions de l’émigration étaient très sévères, et récemment, j’ai animé un séminaire en Australie où l’on m’a proposé un poste de responsabilité sur place. Je leur avais dit que c’était possible en 2000, mais plus maintenant».
Revenu au Maroc, il travaille pendant quatre mois dans une société de transport maroco-française, et quand il demande à revoir son statut et son salaire, il est froissé par la manière avec laquelle on traite avec un salarié. Normal d’être choqué en constatant la fracture entre les modèles de management enseignés à l’Université et ceux adoptés au Maroc. Alors, il décide de prendre un peu de temps pour réfléchir avant d’attaquer réellement la vie professionnelle.
Juste après ce break, il intègre St Microelectronics où il passera deux ans et demi au département des achats. «C’était une bonne expérience, j’ai appris beaucoup de choses avec mon chef de département. STM est une très bonne école, mais j’étais las de refaire les mêmes choses. Je voulais piloter des projets car je n’aime pas la routine».
Une chose qui s’est partiellement concrétisée quand Hafid a rejoint Valéo puis Matis Aérospace. Il est néanmoins toujours allergique au style du management au Maroc; c’est pourquoi il décide de quitter son travail, pour partir sous d’autres cieux ; on lui propose alors un poste à Londres. Une offre qu’il décline rapidement, mais le fournisseur anglais ne lâche pas facilement prise et propose à Hafid de créer une entreprise qui sera distributeur du fournisseur au Maroc. C’est ainsi qu’en 2004 Waga Engineering et Distribution voit le jour.
«J’ai démarré dans ma chambre chez mes parents, avec une connexion Internet, un téléphone et un fax. Aujourd’hui, nous sommes 12 personnes et des recrutements sont en cours, notamment un cadre ingénieur et une D.G.A. Et il y a cinq mois, j’ai lancé WagaTek, une filière spécialisée en installation et fourniture industrielles et travaux divers. En parallèle au démarrage de WAGA, j’ai aussi commencé un Master en logistique et transport à l’EHTP».
Ayant longuement souffert de rapports hiérarchisés, Moulay Hafid Kanzi Belghiti préconise alors un management participatif à l’image du modèle anglo-saxon. «Je n’éprouve aucune difficulté à associer mon équipe à la prise de décision et à appliquer les bonnes propositions dont un salarié me fait part».
Aujourd’hui, Moulay Hafid Kanzi Belghiti voudrait remercier ceux qui jadis avaient tenté de le dissuader, et qui n’ont pas su l’évaluer à sa juste valeur. Car il n’en serait pas là aujourd’hui et n’aurait jamais cherché à devenir son propre patron. Il n’a pu compter que sur les siens pour l’épauler à une époque où créer une société, de surcroît dans le cercle très fermé qu’est l’aéronautique, relève du parcours du combattant.
En trois ans, il a pu développer son chiffre d’affaires, recruter de nouveaux clients et développer son projet. Hafid envisage actuellement l’avenir avec beaucoup de sérénité et d’ambition. Et s’il y a une chose à laquelle il croit, c’est bel et bien le sérieux et la persévérance !


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