* Le projet de création dune monnaie unique maghrébine relève pratiquement de lutopie pour la majeure partie des analystes. * La nouvelle devise projetée présente cependant tous les atouts pouvant donner un nouveau visage à léconomie marocaine. Même si elle a suscité pratiquement lindifférence au sein des milieux financiers marocains, la déclaration de Othman Benjelloun, Président du GBPM, concernant la création dune monnaie unique maghrébine sur le moyen terme semblait pourtant un choix plus que réalisable. De lavis de Aziz Chahir, politologue-chercheur à lUniversité Hassan II de Casablanca, «il suffit que le grand blocage politique se dissipe pour que lUnion du Maghreb Arabe puisse enfin réaliser ses objectifs économiques. La monnaie unique maghrébine représente lincarnation parfaite dune union qui a maintenant 19 ans dexistence». Pour le professeur Driss Benali, cest le délai fixé par le Président du GPBM allant de 5 à 10 ans qui «est utopique car, personnellement, je ne crois pas quavec un volume déchanges qui ne dépasse pas 5% entre les 4 pays de lUMA on pourra baliser le chemin vers la création dune monnaie unique maghrébine». Sur ce niveau, le modèle de lUnion européenne est très présent dans les schémas imaginés pour atteindre cet objectif : une accélération du rythme des échanges entre les 5 pays, la suppression des visas entre le Maroc et lAlgérie, et linstauration des infrastructures de transport des marchandises. «Le modèle européen est certes une référence, mais probablement pas pour le Maghreb», constate pour sa part Aziz Chahir. «Le cheminement historique de la construction européenne, y compris le mur de Berlin, nest pas le même quau Maghreb. On peut adopter dautres modèles dunion monétaire». Ce qui est sûr, cest que lannonce faite par Othman Benjelloun ouvre une nouvelle perspective pour les exportations des pays de lUMA. Essentiellement du Maroc et de la Tunisie, qui adoptent une politique monétaire différente avec pourtant des similarités frappantes au niveau de leurs structures dexportation. Actuellement, le Dinar tunisien reste la monnaie la plus «forte» tout simplement parce quelle est la seule à être convertible.