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Entretien avec le Dr A. El Manouzi, frère du militant Houcine El Manouzi : «Nous voulons savoir toute la vérité sur le dossier de Houcine»
Publié dans Finances news le 07 - 12 - 2006

* Malgré les investigations de l'IER, le sort du militant marocain Houcine El Manouzi demeure inconnu.
* Sa famille est plus que jamais déterminée à faire toute la lumière sur l'enlèvement de Houcine et reste convaincue qu'il est toujours en vie.
Finances News Hebdo : Vous avez toujours clamé la libération de Houcine Manouzi;
qu'est-ce qui vous conforte dans votre certitude ?
Abdelkarim El Manouzi : Houcine a été enlevé le 29 octobre 1972 à Tunis avec la complicité des services marocains et tunisiens, sept ans jour pour jour après l'enlèvement de Mehdi Ben Berka. Nous étions informés de ce qui lui était arrivé quelques jours après son enlèvement et nous étions sûrs qu'il avait été acheminé vers le Maroc. Mais, jusqu'en 1998, les autorités marocaines ont toujours soutenu qu'il n'y avait pas eu d'enlèvement et qu'il vivait à l'étranger, fuyant sa condamnation à mort par contumace le 17 septembre 1971. Donc, durant toutes ces années, c'était le combat de la famille pour connaître la vérité. Les mois qui ont suivi son enlèvement, nous pensions qu’il avait été assassiné, mais nous avons eu par la suite des informations soutenant le contraire, surtout un 13 juillet 1975 où il a brisé le mur du silence en s'évadant du fameux centre de détention le Point Fixe 3 sur la route des Zaërs à Rabat, plus connu sous le nom de Derb Moulay Cherif, avec 7 de ses compagnons, dont 4 militaires et trois civils. Il a été repris le 19 juillet 1975 par une brigade de la gendarmerie royale à Aïn El Aouda. Bien que nous ayons été informés qu'il était en vie, cette évasion nous a réconfortés puisque la police avait quadrillé la maison à l'époque pour le reprendre.
Et pendant toutes ces années, avant 1998, nous avions des informations régulières et de fortes présomptions qu'il était toujours détenu. En 1991, quand les détenus de Tazmamart ont été libérés, nous avions eu une information selon laquelle il était détenu dans un centre à Ahermoumou, puis par la suite dans des villas secrètes à Rabat, puis à Témara en fin de compte.
Nous avons également eu des rencontres avec les responsables de l'Etat après l'amnistie des disparus en 1991 et l'amnistie générale de 1994, ainsi qu'avec des personnes du ministère de l'Intérieur qui nous avaient confirmé qu'il était toujours vivant quelque part à Rabat et qu'il serait libéré incessamment si la famille se « calme ».
F. N. H. : Et depuis ?
A.E.M. : Malheureusement, ce fut le silence total après cela, jusqu'en octobre 1998 où nous avons lu l'annonce laconique d'une dépêche de la MAP annonçant que l'Etat reconnaît officiellement avoir des détenus. La dépêche parlait de 120 cas et Houcine figurait en 40ème position du classement des “décédés” reconnus.
À l'époque, Feu Hassan II avait donné une période de 6 mois au CCDH pour clore ce dossier et continuer les investigations. Au bout des six mois, nous avons été surpris de voir Houcine changer de groupe et passer de mort à présumé mort.
En 2001, notre avocat, Maître Alain Martinet, et un collectif d'avocats marocains avaient pressé l'Etat pour faire la lumière sur son sort. À l'époque, le 21 août 2001 exactement, le CCDH nous a surpris avec un certificat médico-légal datant son décès au 17 juillet 1975, soit quatre jours après son évasion, alors qu'il n'a été repris qu'une semaine plus tard. Nous étions certains que c'était un faux certificat puisque nous étions sûrs et avions même des témoignages qu'il avait été arrêté bien après la date figurant sur le certificat.
Ces témoignages, par la suite, ont pu prouver au niveau de l'IER que Houcine a bel et bien été repris et remis vivant à la gendarmerie royale et aux responsables du ministère de l'Intérieur à l'époque.
F. N. H. : L'Instance Equité et Réconciliation a été justement mise en place pour enquêter sur le passé. Est-ce que son travail vous a laissés sur votre faim ?
A.E.M. : Avec l'arrivée de l'IER, nous avions beaucoup d'espoir, puisque tant de familles comme nous ont milité pour la vérité et pour pouvoir tourner cette page très difficile de notre histoire. Et c'est ce combat des familles pour leurs proches disparus qui a amené l'Etat à mettre en place l'IER. Mais quand cette instance avait terminé ses travaux et remis son rapport, nous nous sommes retrouvés avec les dossiers clés de l'IER non clos et demeurés obscurs pour tant de familles. Il s'agit notamment de l'affaire Ben Barka et celle de Houcine El Manouzi. Et pour nous, tant que nous ne connaîtrons pas la vérité, que son corps n'a pas été remis, sans une analyse génétique prouvant sa mort, pour nous, il est toujours vivant, et nous attendons son retour. Chaque fois que l'on sonne chez nous, mes parents, mon père qui a 93 ans et ma mère 84 ans, s'attendent à voir Houcine. C'est une souffrance continue qu'ils vivent au quotidien.
F. N. H. : Pourquoi, selon vous, certains dossiers n'ont pas été résolus ?
A.E.M. : Le cas de Houcine El Manouzi est un dossier très épineux. Il reflète toutes les caractéristiques de la disparition forcée au Maroc. C'est un militant politique enlevé à l'étranger. Il y a donc des services étrangers impliqués dans son enlèvement et son acheminement vers le Maroc. D'où l'implication également de différents services marocains. Houcine est également passé par beaucoup de centres de détention, et beaucoup de responsables sont donc impliqués dans ce qu'il a eu à subir, et dont un nombre important sont encore à leurs postes de responsabilité. Nous avons eu également des témoignages qu'il a été co-détenu pendant une certaine période avec les assassins de Mehdi Ben Barka. Il a même été détenu avec des personnalités dont on ignore l'existence. Puisqu'il y a eu beaucoup de détenus sous « x », puisque l'Etat ne reconnaissait que les détenus dont les familles entretenaient la pression pour éclaircir le sort de leurs proches.
Vous savez que toutes les personnes qui ont participé à son kidnapping, à son acheminement vers le Maroc et les responsables des sévices qu'il a eu à endurer sont connues et identifiées ; et elles sont pour la plupart encore en vie et occupent des postes de haute responsabilité. C'est un problème grave. Je pense que c'est le même cas pour le dossier de Mehdi Ben Barka.
L'Etat, qui détient toute la vérité, n'a pas encore le courage de faire la lumière sur toutes ces années sombres. Les responsables auraient pu répondre de leurs actes, mais ils ne l'ont pas fait. C'est pourquoi nous avons lancé un appel à témoin pour que ces gens parlent. Nous ne sommes pas épris de vengeance, ni de rancune, nous voulons clore ce dossier.
F. N. H. : Qu'est-ce que la famille El Manouzi attend de la rencontre du jeudi 7 décembre ?
A.E.M. : S. M. Mohammed VI a laissé une ouverture à l'IER en créant le Comité de suivi et d'investigation ; c'est une brèche très importante pour clore les dossiers en suspens. Nous avons des rencontres régulières avec les responsables de l'Etat, qui disent qu'il y a des avancées mais très limitées. Nous avons pensé qu'il est temps d'accentuer la pression. Ainsi, nous allons rencontrer le ministre de la Justice pour lui poser la question à nouveau, ainsi qu'au CCDH à travers ses responsables pour savoir où en est ce dossier. Une rencontre se tiendra avec les organisations des droits de l'Homme en vue d'établir une stratégie pour pousser les autorités publiques à avancer sérieusement sur ce dossier.


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