* Tendance à l'apaisement du climat social. * Les syndicats adoptent un discours de plus en plus réaliste. La célébration du 1er Mai intervient dans un contexte particulier, marqué par la hausse des prix, la stagnation des salaires et l'impasse du dialogue social d'un côté, et l'adhésion au processus du développement humain, de l'autre. Si les contraintes macroéconomiques et la facture pétrolière mettent les départements concernés dans une situation délicate, force est de constater que les conditions des différentes franges de la société, notamment celles du salarié et de l'ouvrier, suscitent pour le moins l'inquiétude. Les uns et les autres sont, et c'est le moins que l'on puisse dire, embarqués dans la même galère. Mustapha Mansouri, ministre de l'Emploi et de la Formation professionnelle, a rappelé que le projet de décret portant revalorisation des rentes allouées aux victimes des accidents du travail et des maladies professionnelles ou à leurs ayants-droit, adopté par le dernier Conseil des ministres, prévoit l'augmentation des pensions de 20 % avec effet rétroactif à compter du 1er juillet 2003. Le nombre des bénéficiaires des fonds du travail s'est élevé en 2005 à quelque 100.000 personnes qui ont touché des indemnités estimées à plus de 200 millions de dirhams, a-t-il indiqué. Le ministre de l'Emploi et de la Formation professionnelle a assuré que le Code du travail a largement contribué à la consécration de la paix sociale, au développement et à la modernisation des relations professionnelles à travers les mécanismes de dialogue et de concertation entre les partenaires sociaux. Le dialogue social et le rôle préventif de l'inspection du travail ont eu des répercussions positives sur le climat social au Maroc. Il a souligné à cet égard que quelque 830 conflits collectifs sur 1.000 ont été évités grâce à l'intervention de son département, avec les autorités locales, qui ont également procédé à la régularisation de 49.000 plaintes individuelles sur 88.000 et la réintégration de 4.656 ouvriers. Mansouri a indiqué également que son département se penche actuellement sur la préparation d'un projet de statut du corps des inspecteurs du travail. Ce texte sera discuté avec l'ensemble des parties concernées pour parvenir à une formule qui prend en considération les spécificités de la profession d'inspecteur du travail, a précisé le ministre. Après avoir rappelé les importantes réalisations qui ont marqué l'année 2005, telles que le lancement de l'Initiative nationale pour le développement humain (INDH) et l'entrée en vigueur de l'Assurance maladie obligatoire (AMO), Mansouri a indiqué qu'il est prévu que l'année 2006 verra l'application des dispositions du régime d'assistance médicale qui profitera à quelque 6,5 millions de citoyens à revenu limité ou démunis, précisant dans ce cadre que le gouvernement se penche actuellement sur la mise en place d'une caisse spéciale pour la couverture sociale du personnel du secteur privé. Le ministre a rappelé aussi la réforme des caisses de retraite, "un des grands chantiers ouverts par le gouvernement". Il a précisé dans ce cadre que les études relatives à cette réforme ont été menées en concertation avec l'ensemble des parties concernées, et ce dans le but d'élaborer un système qui prend en considération les aspects démographiques, économiques et sociaux et la garantie de la pérennité des équilibres financiers de ces caisses. Mansouri a rappelé également, parmi les mesures prises ces dernières années dans le domaine de l'emploi, la révision et la hausse des salaires de l'ensemble des fonctionnaires et des agents de l'Etat, citant à cet effet la régularisation de la situation des enseignants de l'enseignement secondaire et préparatoire et des fonctionnaires du secteur de la santé. Du côté syndical, les discours réalistes ont pris la place des discours populistes à l'occasion du 1er mai 2006. Le Secrétaire général de l'Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM), Mohamed Benjelloun Andaloussi, a appelé, lundi à Casablanca, à l'adoption d'un programme de relance économique et sociale et au partenariat entre l'entreprise et le syndicat pour faire face aux problèmes qui se posent. Pour sa part, le Secrétaire général de l'Union nationale des travailleurs marocains (UNTM), Mohamed Yatim, a indiqué que « la dignité signifie le respect des droits et des libertés syndicales et sociales en vue de garantir une vie décente». Le syndicaliste a mis l'accent sur le respect du code du travail et la nécessité de sa mise en application effective, faisant remarquer que de nombreux employeurs ne respectent pas la plupart de ses clauses, allant même jusqu'à exiger leur révision.