Parmi les métiers qui demandent une grande disponibilité et beaucoup de maîtrise figure celui de pilote. Pourtant, au Maroc, malgré les contraintes familiales que peuvent rencontrer les femmes, on compte un bon nombre de pilotes femmes travaillant à Royal Air Maroc. Parmi elles, Maria Mekkaoui, une jeune mère de famille qui a percé dans ce domaine pratiquement dédié aux hommes. Finances News Hebdo : Quel regard vous porte votre entourage en tant que pilote femme ? Maria Mekkaoui : À vrai dire, limmersion et lintégration dans un monde fortement dominé par les hommes se sont faites dune manière progressive. Déjà, en tant quétudiante, je suivais la branche des sciences maths au lycée. Du coup, le nombre de filles en classe était largement inférieur à celui des garçons. Donc, jai eu le temps de mhabituer à un milieu mixte à dominance masculine. Même tendance à lécole de pilotage. Par contre, une fois devenue pilote professionnelle et projetée dans le milieu, il fallait se doter dune forte personnalité pour simposer et même se battre pour se confirmer. F. N. H. : Comment vous est venue lidée de devenir pilote et quelle a été la réaction de votre famille quand elle a appris votre décision ? M. M. : Vous savez, jai déroché un diplôme dingénieur en automatique et en informatique industrielle qui me permettait de faire une bonne carrière. Pour ma mère, cela suffisait, mais jai décidé dintégrer lécole de pilotage dont laccès est assez difficile. Ma famille a très bien réagi. Elle en était même très fière et ma mère ma bien encouragée dans mon parcours. Le concours a été très difficile. Il fallait passer par une sélection, un concours, une visite médicale et sur 300 personnes, seules 20, dont deux femmes, ont été retenues. Arrivée à ce stade, jai décidé de continuer et mener une carrière en tant que pilote. F. N. H. : Le fait dêtre pilote ne gène pas votre vie en tant quépouse et mère ? M. M. : Jai un mari très compréhensif et très ouvert. Donc, à ce niveau, pas de souci. Mais, des fois, quand mes deux filles de 7 et 4 ans me demandent quand est-ce que je vais rentrer, cest un peu difficile. Néanmoins, on finit tous par shabituer à une situation donnée. Et quand je suis à la maison, je me rattrape de sorte que ma famille ne manque de rien, ni mes enfants daffection. F. N. H. : Que représente pour vous le 8 mars ? M. M. : Déjà, cest une journée où je vais travailler normalement. Je suis prise par mon travail, donc je ne la détermine pas dune manière particulière. Nempêche que cest une journée symbolique pour les femmes à qui je souhaite bonne fête. F. N. H. : Voilà une année que le nouveau code de la famille est entré en vigueur. Avez-vous noté un changement quelconque dans le comportement vis-à-vis des femmes ? M. M. : Le nouveau code de la famille est certainement une chose très positive pour nous les femmes. Cest un premier pas franchi sur le papier, mais il reste beaucoup de choses à faire pour améliorer la situation de la femme dans notre société. Notamment, changer la mentalité des hommes marocains avec la sensibilisation, léducation Je suis très confiante et enthousiaste : cela va se faire avec le temps.