La prostitution est souvent facilement perceptible dans le milieu estudiantin. En effet, des signes révélateurs peuvent trahir les jeunes qui sadonnent à cette pratique, notamment le désintérêt pour les cours, les sorties répétitives, les soirées tardives, largent facile et surtout le look que certains jeunes adoptent. Lentourage se rend compte de la chose, mais réagit rarement Fatima est au poste depuis plus de 20 ans. Elle est responsable du dortoir des filles à la cité universitaire de Rabat. Elle connaît toutes les filles qui logent ici, leur branche détudes, leur âge, leurs origines. Mais, surtout, elle étudie leur comportement et leurs fréquentations. Bref, elle connaît beaucoup de choses sur la vie intime de ces filles, souvent mieux que leurs propres parents. Fatima est devenue, au fil des années, la confidente des filles de la cité. Des filles qui lui confessent leurs secrets les plus intimes. Quand on lui parle de prostitution chez les étudiantes, elle soupire : «Les filles sont très influençables. Elles cèdent à la pression de celles qui sont déjà dans la prostitution et il y en a bon nombre, ici. La pauvreté est incontestablement le premier facteur qui les pousse à se prostituer. Les relations sexuelles précoces incitent de très jeunes filles à se laisser facilement tenter par le projet de prostitution. Pensant qu'elles sont déjà actives sexuellement et qu'elles peuvent tirer facilement profit de leur corps, elles utilisent bien vite ce moyen pour gagner de l'argent afin de se payer des vêtements entre autres choses», explique Fatima. Involontairement, les gardiens de la cité universitaire deviennent, eux-aussi, complices de ces filles. Alors que la cité doit fermer ses portes à 1h du matin, certains gardiens complaisants permettent aux filles de rentrer au-delà de lheure légale. Des filles portant des vêtements très «légers» ne se cachent pas la face en descendant des voitures de luxe juste en face de la cité. «Quand une fille rentre à une 1h ou à 2h du matin, je préfère la laisser entrer plutôt que de la renvoyer là doù elle vient. Je préfère la savoir coucher dans son lit que la laisser galérer dehors toute la nuit. Vous croyez que si elle trouve la cité fermée, cela la dissuaderait de se prostituer ?», se justifie Rabiî, gardien de nuit à la cité. Une explication plutôt convaincante, mais qui ne justifie pas le laxisme des gardiens face à ce phénomène. Quand lintérêt lemporte sur la morale «Après avoir écouté le témoignage d'une collégienne qui me faisait comprendre que le phénomène est devenu pour elle un moyen de se mettre en phase avec la tendance des produits et des marques, je ne pouvais que constater qu'une autre forme de prostitution sévit auprès des étudiantes», commente J. L., un enseignant de français dans un collège casablancais. Le professeur avait, en effet, remarqué les absences répétitives de son élève et la surprise, un jour, alors quelle allait monter dans la voiture dun vieil inconnu. «Son père la dépose le matin et laprès-midi. Quand elle a un rendez-vous avec cet inconnu, elle fait semblant dentrer dans le collège et, dès que son père repart, elle se débarrasse de son tablier, se maquille et sort du collège au lieu daller à son cours», poursuit-il. Cependant, et malgré cette découverte, le professeur nose toujours par informer le directeur du collège pour que ce dernier avertisse les parents de la jeune fille. «Vous savez, cest une question délicate. Jessaierai tout de même de dissuader mon élève, surtout quelle sort avec un seul homme. La différence dâge et le comportement quont ces deux-là me fait craindre le pire !», assure-t-il. La prostitution tolérée par certains parents est aussi évoquée par les gens interpellés par le phénomène. «Il y a quelque temps, j'encourageais une mère à laisser ses deux filles poursuivre leurs études à la Faculté. Elle était d'accord. Mais depuis que les filles se prostituent et ramènent de l'argent à la maison, elle montre un désintérêt total pour leurs études», déplore Ghita, assistante sociale. De fait, le gain matériel lemporte sur la morale. Plusieurs personnes sont dans une situation dimpuissance devant pareils cas et ne peuvent quassister à la perdition de ces jeunes filles dont on viole lenfance et linnocence et dont on tue aussi lavenir u