Exergue : Au nom du marketing politique , nos hommes et nos femmes politiques se doivent de se « vendre », de « vendre » leurs programmes politiques et leur vision de manière à revigorer le devenir de leurs concitoyens. Dur, dur, de simproviser communicateur le temps dune campagne électorale. Quand on a, sa vie durant, affectionné la simulation, joué au cachottier, cultivé la langue de bois..., il est incontestablement éprouvant de sadonner à lexercice de la transparence et du parler vrai. Les candidats aux élections communales du 12 septembre sadonnent, tant bien que mal, à cet exercice pour les besoins de la campagne médias. Le Maroc a pourtant cumulé vingt années dexpérience dans cet exercice de haute voltige. Depuis 1983, le législateur autorise les partis politiques en lice à utiliser les médias publiques pour orchestrer leurs campagnes à loccasion des grands rendez-vous électoraux. Pour cela, tous les moyens sont utilisés : talkshow, interviews, reportages, participation aux journaux télévisés, one man/woman show Tout ceci lors de prime time où le taux daudience est à son summum. Il est acquis aujourdhui que le gouvernement a pris une longueur davance en matière de communication politique sur les partis. DirCom et conseillers en communication sont légion, les sites web se multiplient avec certes plus ou moins de bonheur Au sommet de lEtat, le choix de la communication est on ne peut plus manifeste : instauration du poste de porte-parole du Palais, les discours du Roi étonnent par le franc parler et par le renouveau du ton et du style, les consignes de transparence données lors des événements du 16 mai, etc. Combien de partis politiques peuvent se prévaloir de disposer dune stratégie de communication en bonne et due forme ? Combien peuvent se targuer demployer à plein temps des chargés de communication ? Combien entretiennent une presse qui se respecte ? Combien de sites internet de partis politiques sont opérationnels et permettent aux journalistes et à monsieur et madame tout le monde de puiser des informations utiles ? En attendant, au nom du marketing politique conjoncturel, nos hommes et nos femmes politiques (elles sont plus rares !) se doivent de se « vendre », de « vendre » leurs programmes politiques et leur vision de manière à revigorer le devenir de leurs concitoyens. Une entreprise des plus délicates quand on sait que les programmes sont clonés ; le mieux que les politiciens puissent proposer sont de simples déclarations dintention et point de propositions réalistes, donc réalisables et encore moins des recettes techniques inspirées des orientations idéologiques qui sous-tendent laction de ces partis. Tenter de valider de « bonnes intentions » via du verbiage, ou de la littérature relevant du prêt-à-communiquer reviendrait tout simplement à appliquer un cautère sur une jambe de bois. Daucuns pourraient sabriter derrière lidée de la non-fiabilité dune démarche de communication aux effets incertains au point de sen acquitter comme dune simple formalité administrative. Communiquer, pourquoi faire ? On avançait volontiers que les jeux étaient faits davance, quil ny avait point denjeu Les tripotages dont faisaient habituellement lobjet les résultats des urnes dans les expériences passées portent un coup dur à lopportunité dun investissement médiatique denvergure ( pour vivre heureux vivons cachés !). Il y a dès lors tout un apprentissage de la démocratie à faire , une rééducation aux nouveaux registres de langue à entreprendre, une formation aux médias à simposer... Résultat :on prend les mêmes (ou presque) et on recommence ! Le téléspectateur/électeur a droit à des remake des éditions de 1983, 1997, 2003 Sur les plateaux de télévision, on sert du réchauffé, dans des décors has been. Oui, certains partis politiques se sont offerts les services dagences conseil en communication, dautres ont eu recours à des professionnels de laudiovisuel, les décalages entre le visuel et le discours, sans cesse ressassés, des zaïms étaient des plus remarqués. Plus volontiers démagogues que pédagogues, ils feignent dignorer que la mission des politiques est de gouverner, de gérer les affaires de la communauté, mais aussi et surtout déduquer et dencadrer, de dispenser lapprentissage de la démocratie. Le passage à la télévision en prime time nest-il pas une aubaine pour sacquitter à merveille de cette mission en se servant du média de masse par excellence : la télé. Le comble cest que cest souvent au « pifomètre » quon désigne les personnes qui vont prêcher la bonne parole de telle ou telle formation politique sans pré - requis aucun. Ceux-ci semblent souvent ignorer dans quel cadre de référence ils doivent se situer pour faire passer leur message, dautres jouent la carte du dénigrement : «cest la faute aux autres » Cest le peuple qui trinque à moins quun zapping collectif nait épargné le supplice. Les messes politiques ont toutefois ceci de positif de rappeler au bon souvenir des Marocains lintérêt pour la chose publique. Certes, faire passer le message de telle ou telle formation politique est très laborieux du fait de la suspicion générale et du discrédit dont pâtit la classe politique du fait des malheureuses expériences passées . Se démarquer des campagnes opportunistes et trop voyantes, se trouver un cachet, une fibre originale ne doit certainement pas être une chose aisée. Ce ne sont certes pas les idées qui manquent, mais de vieux réflexes parfaitement ancrés sont à combattre, cest le moment ou jamais. Tous les programmes se ressemblent comme deux gouttes deau, alors comment prétendre « vendre » des candidats intègres aux mains propres et à la conscience tranquille ; ceux qui ne promettent pas des châteaux en Espagne, mais juste du concret, du faisable et du réalisable. Tous parlent de projets, mais aucun ne soulève la question cruciale des mécanismes dévaluation des projets présents et à venir. La communication politique veut quon saisisse lopportunité du passage sur les médias publics, à la couverture nationale, pour rétablir la confiance dans les discours des politiques. Ce rendez- vous semble être reporté sine die. La communication interpersonnelle demeure prépondérante. Le porte-à-porte est généralement confié aux hommes de main qui font de la communication de proximité. Des personnes relais secondent les ténors des partis politiques pour répercuter leurs messages jusque dans les foyers. Ceux-ci ne promettent plus, comme par le passé, monts et merveilles moyennant un bakchich gage de « bonne foi ». Beaucoup opèrent aujourdhui une mise à niveau de leur approche. Ils parlent plus volontiers Al Mafhoum Al Jadid Lissolta (le nouveau concept du pouvoir). Les temps changent, les tons aussi. Ils ny a que les imbéciles qui ne changent pas davis !b