* Les rumeurs se font lécho dune subvention des importations de blé si la flambée des prix mondiaux persiste. * La hausse du prix du pain enregistrée il y a quelque semaines nest pas la résultante de lunique hausse des prix à linternational. La hausse sans précédent qua connue le prix du pain récemment, suite à la hausse mondiale du prix du blé, a créé des tensions dans les milieux socio-économiques. Cette hausse est venue crever le panier de la ménagère qui souffre depuis un certain moment de hausses concomitantes. Les manifestations qui ont eu lieu de part et dautre sont un signe avant-coureur que la hausse du prix du pain nest en fait que la goutte qui a fait déborder le vase. Depuis le mois de juillet, des signes de pénurie se sont manifestés. Les minotiers ont tiré la sonnette dalarme sur le peu de disponibilités couvrant les besoins. Les services de lOffice National Interprofessionnel des Céréales et Légumineuses (ONICL) ont invité les moulins à puiser dans leurs stocks pour suppléer au manque de blé. Mais ces stocks étaient au plus bas de leur niveau. Dans un pays comme le nôtre, quand la sécheresse sévit, cest la farine qui trinque et cest le pain qui risque de ne pas arriver aux foyers. Le ministre de lIntérieur, Chakib Benmoussa, a ainsi décidé de réduire le prix du pain de 30 %, le 10 septembre dernier. LEtat marocain pourrait même subventionner les importations de blé si les prix mondiaux continuent daugmenter, comme il vient de le faire pour lorge pour la sauvegarde de son cheptel. Depuis que cette hausse a été annoncée, les commentaires tombent à flot estimant par là que cest la faute des pouvoirs publics dans la mesure où ils navaient pas prévu une réduction des droits de douane en cas dimportation daussi importantes quantités de céréales. «Reste que la baisse des droits de douane à zéro ne peut, à elle seule, résoudre le problème de la hausse si la flambée des cours mondiaux persiste», explique un minotier. Cette flambée est certes la cause principale, mais à côté, il en existe dautres. Aujourdhui, nous apprenons de source sûre que cette hausse est également le fruit de fausses déclarations des coopératives à lOffice concernant les quantités de céréales stockées. En voulant puiser dans ses stocks pour faire face à la crise, le Maroc sest rendu compte que les quantités de céréales stockées étaient de loin inférieures à celles déclarées à lOffice. Aussi, il a été constaté quau cours de cette période de pénurie, le Maroc ne disposait pas de chiffres réels pour une évaluation de son stock en céréales. Ce qui est très bizarre. Le puzzle est incomplet Les questions qui se posent demblée sont: pourquoi les coopératives agissent-elles de la sorte ? Peut-être parce quelles jugent lindemnité inférieure aux charges, mais encore faut-il admettre quelles auraient pu réclamer la hausse surtout quand il y va de lintérêt de la nation. La seconde question est comment en est-on arrivé là ? Peut-on dans ce cas rejeter la faute sur la commission constituée au sein de lONICL dont les visites auprès des coopératives ne sont peut-être pas suffisamment cadencées, ce qui a conduit à la rédaction de PV à la foi douteuse ? Cest dans ce cadre que sinscrit la constitution dune commission composée des ministères des Finances, de lIntérieur et de lAgriculture avec pour mission de procéder au contrôle et à la vérification des informations relatives à la réalité des quantités stockées en céréales. Interrogé à cet égard, un responsable du cabinet Laenser annonce quil nest pas au courant de lexistence de cette commission, mais que ce type dirrégularités existe depuis longtemps et que seule la flambée des prix à léchelle internationale est la principale cause de cette pénurie. LOffice National des Céréales et Légumineuses a été induit en erreur par les coopératives qui lui faisaient de fausses déclarations et qui, par conséquent, ont entraîné une surévaluation des stocks en céréales. Interrogé par nos soins, un responsable au sein de lONICL a souligné que lOffice dispose en son sein dune commission qui sassure de la véracité des statistiques auprès des coopératives. Ainsi l'Office est chargé de suivre l'état d'approvisionnement du pays en céréales et légumineuses et leurs dérivés et, en cas de situations exceptionnelles, procéder ou faire procéder, après consultation des parties concernées, à des achats et cessions, à des importations ainsi qu'à la conservation, au transport et à la transformation des produits sus-visés. L'Office est également chargé d'étudier les mesures législatives et réglementaires de nature à organiser le marché des céréales et des légumineuses, des sous-produits provenant de la transformation des céréales et des sous-produits qui en sont dérivés; de contrôler et, s'il y a lieu, d'assurer l'exécution de ces mesures ; de constituer ou de faire constituer un stock de sécurité en céréales. A rappeler que lONICL versait 2 DH/quintal aux coopératives pour le stockage des réserves céréalières du Maroc. Cette indemnité a pour objectif daider les coopératives à couvrir leurs charges (gardiennage, assurance, frais de stockage...). La pénurie qui survient aujourdhui provient certes de la hausse des prix mondiaux, mais elle met en évidence les failles du système et incite les responsables à réfléchir davantage sur la manière de cerner cette problématique. Parce quaux indemnités versées par lONICL aux coopératives, vient sajouter la subvention des importations de blé. Une véritable manne financière !