* Ayant démarré ses essais, «Nessma TV» ambitionne d'être la première chaîne maghrébine qui a réussi ce pari longtemps attendu. * Nabil Karoui, PDG du groupe Karoui & Karoui propriétaire de la chaîne, nous livre ici ses attentes sur la mise en place de ce projet ambitieux. Finances News Hebdo : Nessma TV vient de démarrer ses émissions. Est-ce que vous escomptez que le climat de la concurrence sera favorable ? Surtout qu'elle va démarrer avec l'émission-phare : «Star Academy», une émission qui cible a priori le jeune public ? Nabil Karoui : Premièrement, je ne crois pas qu'on va se limiter à un public jeune. Les années ont démontré que l'émission «Star Academy» réussit à réunir toute la famille et pas seulement ses jeunes membres. C'est un programme familial. C'est un moment fédérateur par excellence. Je crois que c'est un bon départ pour Nessma TV que celui de choisir un programme comme «Star Academy». F. N. H. : Vous n'avez pas de craintes que cette émission ne marque en quelque sorte la vocation de votre chaîne ? N. K. : Si on nous dit que nous sommes la chaîne de la «Star Academy», ce sera une joie énorme. TF1 est une chaîne de Star Ac comme LBC est une autre chaîne de ce programme. Je ne vois pas d'inconvénients à ce que nous ayons nous aussi cette vocation. F. N. H. : Concernant le positionnement de la chaîne, quelle sera la langue ou les langues adoptées ? N. K. : On va adopter «la Darija». Chacun des présentateurs va adopter sa langue maternelle en quelque sorte, le Marocain, l'Algérien, le Tunisien... F. N. H. : Et le dialecte amazigh aussi ? Est-ce que vous allez parler les divers genres qui existent ? N. K. : Je crois qu'on va adopter le schéma qui nous permet de tirer les leçons dégagées par les autres. Comme les autres chaînes d'ailleurs... Je vais vous dire une chose, on n'a aucun a priori... Si un chanteur kabyle produit une chanson pour la diffuser à Nessma TV, on va certainement la diffuser. Chacun peut s'exprimer librement.. F. N. H. : Comment voyez-vous les perspectives de Nessma TV à court et à moyen termes ? N. K. : Nous voulons être la chaîne leader du Maghreb. Car elle va avoir la primauté d'être la première. Nous avons été les premiers à avoir émis lidée que le Maghreb est une seule entité. Tout le monde l'a dit maintes fois avant, mais personne n'a jamais osé franchir le pas. Nous, nous le faisons. Lorsqu'on va se lancer à la mi-février, je crois que ça sera un moment historique pour le Maghreb arabe. C'est une émission qui a été conçue pour être vue par les 5 pays du Maghreb. La chaîne n'est pas spécifique à un pays du Maghreb. C'est une chaîne qui émettra à partir de France, avec des studios installés à Tunis mais également par la suite au Maroc et en Algérie pour pouvoir tourner des émissions. On va être «naturellement» une chaîne maghrébine. Je crois que la seule différence qui sépare les pays du Maghreb est la manière de faire le couscous ! F. N. H. : Et quelles sont les recettes de la chaîne ? N. K. : Elles vont être les mêmes que les autres chaînes sauf que nous allons prendre des recettes des trois pays et avec leur interactivité. Les émissions proposées seront interactives et nous croyons pouvoir en tirer profit. F. N. H. : Vous ne craignez pas d'affronter le marché publicitaire du Maghreb ? N. K. : Pourquoi avoir des craintes... puisqu'il y a des chaînes qui existent depuis plus de 20 ans, qui n'ont rien changé et qui réussissent à drainer 100% des rentrées publicitaires qui existent dans un pays. Une deuxième chaîne ou une troisième chaîne qui s'installe doit avoir «son droit» dans les parts de marché. Ça dépendra aussi de nous et de notre rendement. Si notre audience est bonne, nos recettes publicitaires le seront aussi. F. N. H. : Vous faites totalement confiance aux mécanismes mis en place pour mesurer l'audience ? N. K. : Ecoutez, je suis assis à la même table que les autres chaînes, je ne sais pas si je suis favorisé ou défavorisé... Le système, je le connais bien ; nous sommes nous aussi une agence de publicité qui traite avec d'importants clients, que ce soit au Maroc ou en Algérie. On a l'habitude d'utiliser les mesures d'audience pour nos clients. Donc on va faire la même chose. Bien sûr, les mesures d'audience vont évoluer dans les pays du Maghreb, et nous avec.