* Après trois mois de travail, BMCE Bank publie une étude relative à un bilan à mi-parcours de la Vision 2010. * La formation reste le parent pauvre du programme. A fin 2005, le tourisme mondial a enregistré une progression de 5,5% atteignant 808 millions de touristes. Cette hausse résulte de la reprise de l'économie mondiale, et en particulier des économies des principaux marchés émetteurs de touristes. Dans une étude publiée récemment par BMCE Bank relative à l'industrie touristique au Maroc, il a été signalé que malgré les évènements qui ont frappé de plein fouet le contexte international tels que les catastrophes naturelles, les attentats terroristes, la hausse du cours du pétrole sur les marchés internationaux le tourisme international s'est bien comporté. A l'instar des autres continents, l'Afrique a enregistré une forte progression de 10% en 2005, mais avec un nombre de touristes très faible s'établissant à 38,7 millions. D'après les rédacteurs de l'étude, cet accroissement est essentiellement tiré par celui de l'Afrique du Nord. C'est dans le même sillage que s'inscrit le bon comportement de l'industrie touristique au Maroc. Le taux de croissance annuel moyen du segment «touristes internationaux» s'est établi à 6,3% par rapport à 2004. D'après BMCE Bank, l'Union européenne constitue la cible de la stratégie marketing de l'ONMT. Le Maroc se positionne sur les principaux marchés émetteurs de l'Union européenne : France, Espagne, Allemagne, Royaume-Uni et Italie. La France demeure le premier pourvoyeur de touristes. Toutefois, il est à noter que le Maroc a perdu des parts de marché sur les autres pays de l'UE comme l'Allemagne, l'Italie et les pays de la Scandinavie. Cette érosion des parts de marché trouve son origine dans la forte concurrence des autres pays du pourtour de la Méditerranée tels que l'Égypte et la Turquie, d'une part, et dans la baisse de la fréquentation des destinations balnéaires, d'autre part. En matière de recettes, il est à noter que celles liées aux voyages continuent leur trend haussier atteignant plus de 41 Mds DH en 2005, soit une hausse de 18% par rapport à 2004. A noter aussi que les recettes voyages ont dépassé pour la première fois les recettes MRE. A cet égard, l'étude de BMCE Bank s'interroge sur l'état d'avancement de la Vision 2010 dont les objectifs retenus sont très ambitieux aussi bien sur le plan quantitatif que qualitatif . Elle vise à atteindre 10 millions de touristes dont 7 millions internationaux. L'Etat a érigé le secteur du tourisme en priorité économique nationale. Cette vision s'articule autour de six chantiers fondamentaux, à savoir le produit, la formation, le transport aérien, le marketing, l'environnement et l'organisation institutionnelle. Selon la même étude, les objectifs retenus sont très ambitieux : atteindre 10 millions de touristes, dont 7 millions de touristes internationaux ; hisser la capacité nationale à 230.000 lits par la création de 160.000 lits ; augmenter le volume des investissements de 8 à 9 milliards d'euros ; augmenter les recettes en devises à 48 milliards d'euros ; créer 600.000 emplois nouveaux et porter la contribution du tourisme au PIB à 20% à l'horizon 2010. En matière de produit, le plan d'action se rapporte aussi bien à celui balnéaire quà celui dit culturel et vise l'anticipation de la progression de la capacité d'accueil du pays en réalisant à l'horizon 2010 une capacité additionnelle de 80.000 chambres. En outre, d'autres produits seront développés, à savoir le tourisme de niche, rural et interne. En matière de formation, 72.000 postes seront créés dans le secteur hôtelier d'ici 2010. L'ouverture du ciel marocain à de nouvelles lignes est aussi un grand pas en avant ; de même que la création par la RAM de la première compagnie marocaine Low Cost dédiée au tourisme (Atlas Blue) et enfin la mise en place de partenariats avec des Tour Opérateurs intégrés pour le placement de lignes régulières prioritaires. A l'occasion des Assises Internationales du Tourisme qui se sont tenues récemment à Tanger, les professionnels ont tiré la sonnette d'alarme sur les insuffisances qui marquent encore le secteur. Le problème du financement a été mis au-devant de la scène. Face à cette situation, le gouvernement marocain travaille sur la création de fonds spécialisés dans la propriété hôtelière à l'instar de Risma. Par ailleurs, un texte de loi favorisant l'intervention de fonds de capital-risque dans le secteur touristique a été également voté. Il est aussi question d'assouplir le cadre légal régissant les réserves techniques des compagnies d'assurance afin de faciliter leur allocation aux investissements en infrastructures touristiques. Les rédacteurs de l'étude de BMCE Bank pointent du doigt la formation qui, selon eux, accuse un retard significatif. Face à l'importance des défis, le rythme annuel moyen de formation n'excède pas 3.000 lauréats par an. Ainsi, à mi-chemin de la Vision 2010, force est de constater que l'évolution des différents chantiers engagés demeure contrastée et fluctuante. Mais il n'empêche que le gouvernement, ainsi que les opérateurs privés, restent confiants quant à la crédibilité du programme.