* Bonne perspective pour le PIB non agricole. * Mais une campagne agricole presque compromise et un marché pétrolier très volatil. * Le Dirham s'est apprécié par rapport au Dollar et s'est déprécié par rapport aux autres devises. Q uelles perspectives de croissance en 2007 pour le Maroc? La question est souvent évoquée par les analystes économiques, les chercheurs et autres observateurs. Officiellement, le gouvernement a retenu un chiffre de 3% sur la base de plusieurs facteurs. Trois éléments sont déterminants, à savoir la récolte agricole (60 millions de quintaux retenus) ; un prix du pétrole à 60 dollars le baril et une parité de 8,7 dirhams pour un dollar. Pour le moment, seul le troisième élément tient le coup. Les termes de l'échange en devises se portent bien et le dirham tient la cote face aux devises étrangères. Il s'est légèrement apprécié face au dollar et s'est déprécié face aux autres devises. Pour la campagne agricole, les prévisions d'une saison moyenne deviennent intenables. Le spectre de la sécheresse se précise d'un jour à l'autre. Pour Fathallah Oualalou, ministre des Finances et de la Privatisation, « le taux de croissance de 3% est toujours maintenu. La campagne agricole n'est pas encore achevée et tout peut être récupéré avec les prochaines pluies» ; et de préciser que « durant les dernières années, le PIB devient de moins en moins dépendant de l'agriculture. Le PIB non agricole maintient une cadence d'évolution moyenne autour de 5% et certains secteurs affichent une progression remarquable comme le tourisme, le BTP, les télécoms ou le transport. Les autres secteurs qui connaissaient par le passé quelques perturbations ou un recul se portent assez bien, comme le textile, le cuir ou l'agroalimentaire ». Pourtant, le ministre des Finances répétait souvent que « la pluie est la Bourse de l'économie ». Le cumul pluviométrique devient un indice de calcul et de prévisions et un paramètre à prendre en considération. Pour ce faire, le gouvernement s'est efforcé de faire face à la volatilité de la croissance qui reste dépendante des aléas climatiques. La Loi de Finances 2007 a comme priorité de « mettre en place les conditions d'une croissance forte et durable à même de permettre la création en nombre d'emplois productifs pour apporter une réponse appropriée au problème du chômage, notamment celui des jeunes diplômés ». Le même texte veut « approfondir les réformes structurelles et sectorielles afin de conférer à l'économie nationale la souplesse nécessaire pour renforcer sa résistance et sa réactivité face aux circonstances naturelles adverses éventuelles et aux aléas de la conjoncture nationale et internationale». Pour les prix du pétrole, le gouvernement s'est basé dans un premier temps sur un prix de 65 dollars pour ensuite réviser à la baisse ses prévisions à 60 dollars le baril. Pour les analystes du Centre marocain de conjoncture (CMC), leurs prévisions tablent sur un taux de croissance de 3,5% et sur « un profil relativement soutenu dans la même dynamique de 2006 ». Mais ils nuancent toutefois en évoquant les facteurs de risque et la pression sur les finances publiques. Pour Ahmed Laâboudi, Directeur général du CMC, « la conjoncture internationale est chargée d'incertitudes malgré la reprise de l'économie mondiale ». Il a précisé toutefois que « la croissance pour l'année en cours sera conditionnée par l'évolution de la saison agricole, le comportement de la consommation et de l'investissement. Le programme de politique économique adopté est aussi déterminant ». Selon Youssef Abouali, professeur d'économie à la Faculté de Settat, « il y a une vraie dynamique qui secoue l'économie marocaine marquée notamment par le lancement des grands chantiers, le flux sans cesse croissant de l'investissement étranger et ce regain de confiance des entrepreneurs ». Abouali a précisé toutefois que « l'économie marocaine commence à se démarquer un peu de l'agriculture. Mais le poids du secteur demeure déterminant. Une évolution défavorable de la saison devrait tirer légèrement vers le bas les prévisions de croissance».