Contrairement à l'idée dominante suggérant que les agences immobilières tirent de gros profits sur les transactions, la réalité paraît davantage complexe. Au Maroc, les intermédiaires (agences immobilières, «samsars» professionnels ou occasionnels) sont devenus des acteurs incontournables du marché de la vente ou de la location de biens immobiliers, quel que soit l'usage auquel ceux-ci sont destinés (habitation, bureaux, commerces, etc.). Se pencher sur le business des agences immobilières en pleine mutation n'est peutêtre pas légitimé par l'actualité, mais à la centralité accrue de ces professionnels dans le marché de l'achat et de location de biens immeubles, chiffré à plusieurs milliards de dirhams au Maroc. L'intérêt de tenter de cerner l'activité précitée peut aussi être relié au fait que certaines agences immobilières ont mauvaise presse auprès d'une partie de la population en raison des commissions ou marges appliquées jugées exorbitantes. Contacté par nos soins dans l'optique d'apporter un éclairage sur ce business, Mehdi Lahlou, Directeur général de l'agence Immo Clair Service de Casablanca et trésorier de l'Association marocaine des agences immobilières (Amai), a fait des révélations de taille. Mauvaise passe ? «Contrairement à ce que beaucoup de personnes pensent, les agences immobilières structurées traversent des moments difficiles, certaines sont d'ailleurs contraintes de mettre la clef sous la porte», confie le trésorier de l'Amai. La profession avance comme argument le recul des transactions de vente au cours des 5 dernières années, et ce en raison de la hausse des prix qui ont progressé de l'ordre de 100% en une décennie pour certains segments (moyen et haut standing). Toutefois, au cours des deux dernières années, il y a lieu de souligner qu'une stagnation est constatée au niveau des prix de vente. Il faut y voir l'effet de l'abondance de l'offre, notamment dans les grandes villes. Au-delà de cette configuration du marché, les agences immobilières légalement constituées au Maroc pâtissent également du foisonnement de l'informel. «N'importe qui s'improvise agent immobilier ou samsar», déplore Mehdi Lahlou, qui fait remarquer que ce métier nécessite des compétences (maîtrise des lois) et une expertise pointue utile pour le conseil des acquéreurs et des vendeurs. A l'accusation des commissions excessives appliquées par les agences immobilières, notre interlocuteur rétorque : «Même un concierge, samsar occasionnel, exige un mois de loyer dans le cadre d'une transaction locative. Et contrairement à un agent immobilier professionnel, celui-ci ne paye ni impôts ni charges sociales pour les employés». Cela dit, les professionnels estiment qu'Internet ne constitue pas une menace pour l'activité, puisque la plupart des sites spécialisés, d'ailleurs investis par les samsars, mettent en relation les particuliers (acheteurs et vendeurs). Cela dit, du côté de l'Amai, l'heure est à la réflexion pour la contribution à l'élaboration d'une nouvelle loi prenant en compte les nouveaux défis qui se posent à l'activité. Revendication d'une carte professionnelle Les professionnels estiment que la mise en place d'une nouvelle loi est une occasion d'assainir le secteur, qui doit être débarrassé des pseudo agents immobiliers n'ayant pas pignon sur rue et ne disposant d'aucune connaissance dans le domaine immobilier. D'ailleurs, le patron de l'agence Immo Clair Service plaide, dans un premier temps, pour le recensement des agences immobilières exerçant de façon légale, avant de passer à l'étape de l'octroi de cartes professionnelles à l'instar de ce qui se fait en France. Faudrait-il rappeler que dans l'Hexagone, l'acheteur et le vendeur d'un bien immobilier peuvent signer un compromis de vente chez l'agent immobilier, qui est avant tout un conseiller avisé. C'est dire l'importance accordée à ce professionnel de l'immobilier. Par M. Diao
Missions de l'Amai L'association dirigée par Mohamed Lahlou regroupe une bonne partie des agences immobilières exerçant dans la ville de Casablanca. En effet, n'adhère pas qui veut à l'Amai, puisque les conditions d'adhésion sont sérieuses. Il y a lieu de citer le paiement de la patente et l'exercice de l'activité dans un local dédié. Soulignons que l'Amai a plusieurs missions, parmi lesquelles la représentation et la défense des intérêts des agences Immobilières. L'assainissement et l'organisation de la profession par l'adoption des procédures (mandat de vente/location, procédure inter-agence) uniformes entres les agences immobilières constitue aussi un axe prioritaire. De plus, l'association joue de surcroît le rôle d'interface et de facilitateur de dialogue auprès des différentes autorités publiques. Elle s'emploie aussi à améliorer la réputation des agences immobilières auprès des citoyens.