Le Président américain veut défaire la loi Dodd-Frank, qui régulent le secteur financier américain depuis la crise de 2008. Le processus de régulation des excès du système financier US faisant suite à la crise des subprimes de 2008 n'aura-t-il été qu'une courte parenthèse de quelques années ? Donald Trump vient en tout cas d'amorcer le processus inverse, en faveur d'une vaste dérégulation des activités bancaires au pays de l'Oncle Sam. Le président américain vient en effet de signer deux décrets permettant d'engager la réforme de la loi Dodd-Frank, qui régule le secteur financier américain depuis la crise de 2008, mais que Trump a qualifiée de «désastre» durant sa campagne présidentielle. Selon lui, ces décrets sont justifiés par la volonté d'augmenter l'accès des entreprises au crédit. Le futur secrétaire au Trésor, Steven Mnuchin, ancien de Goldman Sachs, est chargé par Trump de faire des propositions d'amendement de la loi dans les 4 mois. Dans le collimateur des «Loups» de l'équipe Trump, on retrouve notamment les stress tests, les exigences en fonds propres et en liquidité, mais également l'agence de protection des consommateurs, mise en place pour protéger les petits clients contre les excès des banques. L'administration Trump devrait aussi assouplir la règle Volcker, qui limite la capacité des banques à spéculer avec leur propre argent, et se débarrasser de la disposition forçant les courtiers à privilégier les intérêts de leurs clients. Votée en 2010 par l'administration Obama dans le sillage de la grave crise financière de 2008, marquée par la faillite de Lehman Brothers, la loi Dodd-Frank avait pour objectif de remettre un peu d'ordre dans le système financier américain, après des années d'excès, et de mieux surveiller les risques encourus par les établissements bancaires. Aujourd'hui, l'équipe Trump est déterminée à supprimer ce mince garde-fou. Mais pour que cela arrive, il faudra passer par le Congres, seule institution habilitée à abroger une loi qu'elle a elle-même votée. Ce ne devrait pas être insurmontable, le Congrès étant majoritairement Républicain. Quant à la FED, le sénateur Patrick McHenry vient d'adresser une lettre surréaliste à Janet Yellen, présidente de la Réserve fédérale, la sommant d'arrêter toute négociations sur la réglementation bancaire au niveau international : «Je vous écris à propos de la participation continuelle de la Réserve fédérale à des forums internationaux sur la réglementation financière. En dépit du message clair du président Trump sur la priorité à donner à l'intérêt de l'Amérique dans les négociations internationales, il apparaît que la Réserve fédérale continue de négocier des normes réglementaires internationales pour les institutions financières avec des bureaucrates du monde entier dans des pays étrangers sans transparence, sans rendre de compte, ou sans en avoir l'autorisation. Ceci est inacceptable», peut-on lire dans la lettre dont le site lesechos.fr rapporte une traduction. «La participation continue à des forums internationaux comme le Conseil de stabilité financière, le Comité de Bâle sur le contrôle bancaire, et l'Association internationale des contrôleurs d'assurance, doit être fondée sur l'objectif d'atteindre les objectifs fixés par la nouvelle administration», poursuit le sénateur républicain.