Pour des raisons d'agenda des différentes parties, le lancement des travaux de la deuxième version du contrat-programme a connu un léger retard. Les derniers changements législatifs qui ont eu lieu, devraient accélérer le rythme de croissance du secteur des assurances. Mimoun Zbayar, directeur de la Régulation et de la Normalisation des assurances, fait le point. Finances News Hebdo : L'actuelle configuration du secteur des assurances révèle qu'il présente une structure oligopolistique dans la mesure où six compagnies de la place s'accaparent 70% de parts de marché. Quelle appréciation en faites-vous ? Ne pensez-vous que cela nuit à la concurrence ? Mimoun Zbayar : Il faut rappeler tout d'abord qu'en 2015, le marché marocain des assurances et de réassurance comportait 21 entreprises d'assurances et de réassurance, dont 8 entreprises généralistes qui pratiquaient aussi bien les opérations d'assurances non vie que les assurances vie et capitalisation et 13 entreprises spécialisées (4 en assistance, 2 en assurance-crédit, 2 en assurance vie, 3 en assurance non vie et 2 en réassurance). La part du chiffre d'affaires réalisée par les 13 entreprises spécialisées reste relativement faible et ne dépasse pas 20%. Ce constat est dû notamment à : la nature des risques que couvrent certaines de ces entreprises (assistance et crédit) ; certaines entreprises spécialisées ont été nouvellement agréées et viennent de démarrer leurs activités. Par rapport à votre question, et même si presque 71% du chiffre d'affaires sont réalisés par 6 entreprises d'assurances et de réassurance, on ne peut considérer que cela présente une structure oligopolistique. En effet, la part de 71% du chiffre d'affaires est réalisée par 6 entreprises généralistes sur un total de 8 en écartant les entreprises spécialisées. Il faut, à notre avis, comparer le comparable. Par ailleurs, il y a lieu de préciser que le marché de l'assurance opère dans le respect total des textes législatifs et réglementaires le régissant et dans un environnement de libre concurrence. F.N.H. : Le Maroc occupe le deuxième rang sur le continent africain, et ce grâce au segment de l'assurance vie. Toutefois, cela n'empêche pas de dire qu'au Maroc, le taux de pénétration économique reste faible (3,2%). En tant qu'Autorité, quels sont les leviers à activer pour améliorer un tant soit peu ledit taux ? M. Z. : Le taux de pénétration de l'assurance au Maroc a enregistré 3,17% en 2015. Bien que ce taux soit parmi les plus élevés dans la région MENA (2ème après le Liban), il reste effectivement faible en comparaison avec celui observé dans les marchés développés (9% en France, 14% en Afrique du sud...). Ce taux relativement faible laisse entrevoir un grand potentiel de développement dans les années à venir. Les derniers changements législatifs qui ont eu lieu devraient accélérer le rythme de croissance du secteur des assurances, notamment après la mise en application de la loi instituant le régime de couverture des conséquences des événements catastrophiques et de la loi amendant le code des assurances, qui a instauré l'obligation d'assurance de la TRC et la RCD et a mis un cadre légal pour l'assurance Takaful. Si le potentiel de croissance est favorisé par le biais de ces derniers changements législatifs, il reste néanmoins nécessaire pour les assureurs de promouvoir des produits adaptés aux besoins des assurés et d'innover sur le plan commercial en utilisant notamment le digital. Aussi, la loi n° 64-12 portant création de l'ACAPS lui a attribué le rôle de veille sur le développement du secteur. Dans ce cadre, l'ACAPS entretient des concertations régulières avec le secteur en vue d'identifier les mesures contribuant à son développement, notamment par le biais de l'adaptation de la réglementation. L'ACAPS a également comme levier, pour hisser le taux de pénétration, sa nouvelle mission qui lui a été attribuée par la loi n° 64-12 précitée consistant en la contribution à la prise de conscience et la sensibilisation dans le domaine de l'assurance. En effet, l'ACAPS est membre de la Fondation marocaine pour l'éducation financière et participe aux campagnes et actions organisées par cette fondation dans le but de la sensibilisation aux questions d'assurance. Ces actions vont permettre certainement au public de mieux connaitre les risques auxquels il est exposé et de l'inciter à se couvrir de manière adéquate contre ces risques. F.N.H. : D'après le management de l'Autorité, le prochain contrat-programme ne devrait pas s'appuyer essentiellement sur des mesures d'ordre législatif et que celles-ci pourraient être accompagnées d'objectifs concrets. Où en êtes-vous aujourd'hui ? M. Z. : Concernant le contrat-programme, il faut signaler que toutes les parties sont conscientes que sa nouvelle version devrait mettre en place des objectifs clairs et réalistes qui porteront principalement sur la formation, l'innovation et l'effort commercial. Pour des raisons d'agenda des différentes parties, le lancement des travaux de la deuxième version dudit contrat a connu un léger retard. Dans ce cadre, ce lancement aura lieu après la réunion qui se tiendra entre l'ACAPS et le secteur dans les prochains jours.