Le portefeuille public comptait, à fin juin 2016, 253 établissements et entreprises publics (EEP), hors filiales et participations. C'est ce que renseigne le rapport sur les EEP, qui accompagne le projet de Loi de Finances 2017. Ils sont certes nombreux, mais présentent des écarts abyssaux en termes de performances. L'on s'en doute, certaines entreprises sortent carrément du lot, tant elles servent de locomotive à l'économie nationale. C'est notamment le cas de la championne toutes catégories, à savoir l'Office chérifien des phosphates qui affiche un chiffre d'affaires insolent de 55,3 Mds de DH en 2015, soit une hausse de 13% par rapport à fin 2014. D'ailleurs, son chiffre d'affaires représente à lui seul 26% des 211 Mds de DH de CA réalisé par les EEP en 2015. Véritable vache à lait pour l'Etat, l'Office réalise des bénéfices qui se chiffrent à 9,4 Mds de DH et demeure de loin le plus grand contributeur à l'impôt sur les sociétés (IS), avec 2,9 Mds de DH déboursés au titre de l'exercice. Il aura payé en IS cinq fois plus que son suivant immédiat, notamment le bras financier de l'Etat, c'est-à-dire la Caisse de dépôt et de gestion (CDG) avec ses 537,6 MDH. Un montant auquel s'ajoutent les versements au titre des dividendes : les prévisions des produits provenant des EEP au titre du projet de Loi de Finances 2017 tablent sur 2 Mds de DH, soit le même montant qu'en 2016. A l'inverse de l'OCP, il semble exister des établissements publics qui sont très mal lotis. On en citera deux : d'abord, la société nationale des Autoroutes du Maroc (ADM), dont le déficit a presque doublé d'un exercice à l'autre pour s'établir à 2,1 Mds de DH en 2015, à cause, entre autres, de la comptabilisation, pour la première fois, d'une provision pour grosses réparations de 600 MDH. A la décharge d'ADM, la société opère non seulement dans un secteur où le retour sur investissement est long, mais adopte aussi une politique d'investissement toujours soutenue, avec 3,6 Mds de DH consentis en 2015. Ensuite, il y a l'Office national de l'électricité et de l'eau potable (ONEE) qui, dans le cadre de son plan de restructuration, a signé en mai 2014 un contrat-programme avec l'Etat. Montant de l'effort de redressement entre 2014 et 2017 : environ 45 milliards de DH, dont 22 milliards de DH déboursés par l'Etat marocain. Du mieux depuis 2014 ? De 2,7 Mds de DH à fin 2013, le déficit enregistré par l'Office est passé à 1,8 milliard de DH en 2014, pour remonter à 2 Mds de DH à fin 2015. Au total, les pertes d'ADM et de l'ONEE représentent donc pratiquement 70% du total des résultats nets déficitaires (5,9 Mds de DH) enregistrés par les établissements et entreprises publics en 2015.