Ramadan, Aïd al-Fitr, vacances d'été, Aïd al-Adha et rentrée scolaire, la proximité de ces évènements a tari la trésorerie des foyers. Alors que les autres crédits marquent le pas, le crédit à la consommation résiste, affichant une croissance d'environ 5%. Le taux d'endettement des ménages marocains n'a pas franchi la barre des 30% du PIB. Ramadan, Aïd al-Fitr, vacances d'été, Aïd al-Adha et rentrée scolaire, les Marocains ne savent plus où donner de la tête. La proximité de ces événements, qui nécessitent la mobilisation de budgets importants, asphyxie de plus en plus les ménages. Des ménages qui n'arrivent plus à voir le bout du tunnel et se trouvent dans un labyrinthe dont la principale issue de sortie reste le recours au crédit bancaire ou à la tontine. «Les événements qui se sont succédé ces trois derniers mois ont mis à sec la trésorerie des ménages. Les budgets prévisionnels de l'année ont été épuisés pendant cette période, ce qui a conduit probablement à la recherche d'autres sources d'approvisionnement (crédit, emprunt, etc.)», nous confie Ouadie Madih, président de l'Association de protection du consommateur, Uniconso. En effet, selon la 11ème enquête annuelle portant sur la dette bancaire des ménages sous forme de crédits à l'habitat et à la consommation réalisée par Bank Al-Maghrib à fin décembre 2015, le crédit à la consommation a connu une progression plus importante avec une augmentation de l'encours brut de 5,8% à 107 milliards de dirhams. Une tendance qui se confirme entre juillet 2015 et juillet 2016, puisque d'après les dernières statistiques monétaires de BAM, le crédit à la consommation a résisté en affichant une croissance d'environ 5%, alors que les autres segments marquent le pas. Quant à l'endettement, l'enquête révèle que l'encours de la dette bancaire des ménages s'est élevé à 297 milliards de DH, enregistrant une hausse de 5,1% contre 4,8% en 2014. Peut-on alors parler d'une augmentation alarmante du risque de surendettement des ménages ? Pas du tout ! rétorque Driss Effina, économiste, puisque le taux d'endettement des ménages marocains n'a pas franchi la barre des 30% du PIB. Un taux qui reste élevé comparativement aux pays du Maghreb, mais faible par rapport à la moyenne internationale où ce taux dépasserait 100% du PIB, comme c'est le cas en Europe. «Ceci est dû, d'une part, au non recours des Marocains à l'endettement et, d'autre part, à notre système bancaire qui reste très regardant. Ceci nous amène à un autre problème de la politique monétaire qui n'encourage pas les citoyens à s'endetter, ce qui représente un manque à gagner pour l'économie en termes de croissance», explique l'économiste. Pour le président d'Uniconso, l'augmentation des dépenses des ménages, estimée à 4,8% selon le dernier rapport de Mac Kenzi, aura certainement un impact sur la situation financière des familles. «Si nous considérons que les ressources restent stables, cela implique que l'endettement sera de plus en plus en situation ascendante, et le crédit comblera la différence. L'impact sera important vu le taux des impayés que le secteur vit actuellement et le risque sera davantage plus élevé les prochaines années», précise-t-il. En effet, les chiffres de BAM ne reflètent pas tout à fait la réalité de l'endettement des ménages, puisqu'une grande majorité de Marocains a de plus en plus recours à la tontine, plus connu sous le nom de Daret, qui prend le pas sur le crédit bancaire traditionnel. «Facile, rapide, sans intérêts et surtout sans paperasses administratives, Daret est devenu le seul moyen par lequel je subviens à mes besoins financiers, surtout lorsque le budget est inférieur à 25.000 DH», nous confie Samir.B, un salarié du secteur privé dont les émoluments avoisinent les 15.000 DH. Les ménages vivent au jour le jour A vrai dire, ils n'ont pas le choix puisqu'il devient difficile, voire impossible de faire des prévisions de budget. Difficile de s'en sortir financièrement lorsque 5 évènements importants coïncident quasiment à la même période pour un Smig d'environ 2.500 DH. «Le problème ne se pose pas pour les ménages qui planifient à l'avance les budgets nécessaires pour ces événements, mais plutôt pour ceux qui ne le font pas et qui voient leur budget déséquilibré. C'est cette catégorie qui fait appel soit à des crédits bancaires, à la solidarité familiale ou, en dernier recours, elle se voit obligée de sacrifier un évènement», explique Driss Effina. En effet, face à l'augmentation des dépenses, bon nombre de Marocains ont dû renoncer soit à leurs vacances, soit à l'achat du mouton d'Al Aid pour se concentrer sur le budget de la rentrée scolaire. En témoigne la chute de la demande du mouton cette année, qui a engendré des pertes considérables aux éleveurs, obligés de brader le prix du mouton à la veille de la fête. Pas de choix pour les familles qui sont en pleine préparatifs pour la rentrée scolaire. Une rentrée de plus en plus coûteuse à cause des frais de scolarité qui ne cessent d'augmenter et des fournitures scolaires qui explosent dans l'indifférence des pouvoirs publics aux abonnés absents. Une réalité confirmée dans une note d'information du haut-commissariat au Plan sur les dépenses de consommation des ménages lors de la rentrée scolaire et de la fête de l'Aïd Al-Adha. Cette dernière révèle que «les prix dans le secteur de l'enseignement ont tendance, ces dernières années, à augmenter continuellement avec un rythme supérieur à l'inflation. Les frais d'inscription ont le plus tiré vers le haut ( 4,7% en moyenne), comparativement aux frais de scolarité ( 3,3%)», lit-on dans la note. L. Boumahrou L'endettement des ménages en hausse La part du crédit à la consommation dans l'endettement bancaire des ménages s'est maintenue à 36% et celle du crédit à l'habitat à 64%. Les banques portent près de 85% de ces créances, au même niveau que celui de l'année précédente, selon l'enquête de BAM. Le niveau d'endettement moyen par ménage a poursuivi sa tendance haussière et s'est établi à fin décembre 2015, à 40.700 dirhams, contre 38.600 une année auparavant.