Cette année, le mois sacré de ramadan a coïncidé avec la période estivale, qui reste pour beaucoup de nos concitoyens le moment favori pour partir en vacances. Qui dit vacances, fait nécessairement référence à des dépenses supplémentaires. Mais quand se succèdent tour à tour ramadan, Aïd al fitr et rentrée scolaire, c'est la hantise pour les petites et moyennes bourses dont les portefeuilles sont mis à mal et qui souvent ne savent plus où donner de la tête. Pour la grande majorité des Marocains, le ramadan est un mois qui se prépare à l'avance, un mois qui nécessite de multiples ingrédients et produits alimentaires indispensables pour la préparation de plats très prisés et consommés à cette occasion. Entre noix, noisettes, raisin, figues, miel, fromage, khlii, beurre, farine, chabakiya …Des produits qui exigent comme à l'accoutumée des dépenses onéreuses, hors de portée de toutes les bourses, mais dont beaucoup de ménages n'hésitent pas un seul instant à se plier en quatre pour passer le mois de ramadan dans des conditions plus ou moins décentes. En temps normal, on éprouve toutes les peines du monde à gérer convenablement son budget eu égard au faible pouvoir d'achat de la grande majorité qui doit faire face sans cesse à l'augmentation de certains produits. Payer son loyer, l'eau, l'électricité, le transport, la nourriture, l'habillement, les soins …, pour ne citer que ces quelques éléments, représente un véritable tour de passe-passe qui finit par vider avant terme le portefeuille de bien des familles qui sont obligées de vivre à crédit chez l'épicier du coin. Soulever le problème des difficultés relatives aux coûts de la vie dont pâtissent nos concitoyens, c'est énumérer même brièvement, les causes de ces situations choquantes et pénalisantes dont souffrent les petites et moyennes bourses, constituées dans leur très grande majorité par les fonctionnaires classés aux échelles 8, 9 et 10, les agents des collectivités locales, les retraités du secteur public, mais aussi les salariés du secteur privé. Cette tranche de notre population arrive à vivre plus ou moins dignement, mais au prix de bien des sacrifices. Nous n'incluons pas ici les familles démunies, les pauvres, les chômeurs, c'est un autre problème beaucoup plus épineux, complexe, parfois insaisissable et donc difficile à cerner. S'agissant des petites et moyennes bourses, gérer son budget est une gymnastique quotidienne, un vrai problème. Pour parer à une éventuelle crise ou impasse, chacun trouve l'astuce qui lui sied. Les choix ne sont pas trop disponibles, puisque le seul recours demeure l'emprunt bancaire. Les offres sont multiples et variées, toutes les banques proposent des crédits aux fonctionnaires, exemple : 10.000 DH à rembourser sur 36 mois. C'est dire ce que peut endurer cette catégorie de citoyens pour joindre les deux bouts. Ils sont très nombreux à vivre à crédit. Crédit pour logement, crédit pour la voiture, crédit pour équipement, crédit pour partir en vacance, crédit pour la rentrés scolaire. Et puis, il y a ceux qui préfèrent contracter de petits crédits auprès des proches, ceux qui optent pour les avances sur salaire surtout quand il s'agit de faire face aux périodes de grande consommation (vacances estivales, Ramadan, Aïd al fitr, aïd al Adha, rentrée scolaire, maladies ..etc ). Qui de nous n'a pas un jour ou l'autre contracté un crédit ? De toute manière, les salaires étant ce qu'ils sont aujourd'hui, rares sont ceux qui arrivent à joindre honnêtement les deux bouts. C'est en grande partie ce qui explique certaines dérives et dérapages. Le ramadan s'en va et il laisse la place à l'Aid al Fitr. Après avoir supporté et résisté aux dépenses du mois de ramadan, voilà que beaucoup de famille se doivent de faire face aux dépenses inhérentes à cette fête. Acheter des habits neufs aux enfants est une obligation, nous avons tous connu ces moments de joie quand avec nos parents nous faisions les vitrines autrefois, et nous sommes nombreux à avoir perpétué cette tradition qui reste très encrée. Pour l'occasion, au niveau des différents quartiers, chics ou populaires, à Derb Soltan, Al Fida, au Maarif, à Derb Omar les grands comme les petits magasins proposent de beaux habits. Il y en a pour toutes les bourses. L'occasion est si belle, si alléchante que les faracha s'en donnent à cœur joie dans toutes les rues de la ville se sont transformées en bazars à ciel ouvert en dehors de toute forme de contrôle. Il y a là des produits de toutes marques où la contrefaçon s'affiche au grand jour. Ici et là on brade à des prix défiant toute concurrence. Des fêtes, mais surtout des dépenses Si on fait un petit calcul tout simple. Prenons une famille de 05 personnes, le père, la mère et trois enfants. Le type de famille modèle. Loyer 2000 DH au bas mot, 500 DH entre eau et électricité, 1500 DH alimentation, 800 DH transport et ajoutons 500 DH de frais divers. On tourne autour de 5500 DH. Supposons que ce Mr perçois un salaire de 6.000 DH / mois, ce qui est une moyenne très respectable pour un grand nombre de nos concitoyens. Comment fera ce citoyen modèle pour s'en sortir chaque fois qu'il se trouve dans l'obligation de faire face à des dépenses imprévues ? Par exemple à l'occasion de l'aïd Al fitr, quant il est harcelé par les enfants qui veulent avoir des vêtements neufs pour l'Aïd, pour être comme les autres enfants. On devine que pour fêter l'Aïd comme il se doit. Il lui faut à peu près 12.000 DH pour tenir le coup et s'en sortir plus ou moins décemment. Il faut aussi prévoir tout ce qui va avec la fête, les différents gâteaux, les dattes, les briouates, les crêpes qui seront présentés aux membres de la famille et aux invités etc. ça devient intenable pour quelqu'un de sensé et ça finit par avoir raison de tout le monde, Arrive aussi en ce mois de Septembre la rentrée scolaire, avec son lot de dépenses nécessaires. C'est une situation qui ne laisse aucun répit aux ménages, c'est le coup de grâce qui met sur le carreau le plus courageux des pères de famille. Un autre calvaire qu'il faudra endurer durant près de deux semaines qui finiront par achever ce qui reste de résistance. Vêtements, fournitures scolaires, livres, tabliers, transport et autres dépenses dont les familles ne peuvent se passer Autant dire que c'est la galère surtout pour les familles dont les revenus sont modestes, pour bon nombre de nos concitoyens qui vivotent à défaut de vivre. Et comme si cela ne suffisait pas et au moment où on commencera à peine à reprendre ses esprits, voilà que l'autre Aïd pointe à l'horizon, avec bien entendu l'obligation pour ce pauvre père de famille, ce fonctionnaire, qui par la force des choses fonctionne comme un automate, se pose donc pour lui le problème de l'achat d'un mouton avec de longues cornes bien entendu, un beau bélier de la lignée des Sardi, et là, c'est une autre histoire qui commence avec comme d'habitude l'inévitable crédit . Bon courage et surtout bonne fête.