Le président du Directoire de Masen a partagé l'expérience du Maroc en matière de développement de l'énergie solaire lors d'un atelier organisé récemment en partenariat avec la Banque mondiale et le Fonds d'investissement pour le climat. L'objectif de cet atelier était d'examiner les progrès de la technologie solaire thermique à concentration (CSP) à travers le monde et de tirer les enseignements de l'expérience marocaine. L'audace, la volonté et la détermination d'aller jusqu'au bout dans la mise en oeuvre d'une vision, jugée trop ambitieuse voire irréalisable, ont valu au Maroc la place qu'il occupe aujourd'hui sur le plan international dans le domaine des énergies renouvelables. Une place méritée grâce aux chantiers d'envergure engagés pour la construction de la plus grande centrale solaire au monde. Le modèle marocain est désormais présenté comme un cas d'école, qui suscite l'intérêt de bon nombre de pays souhaitant entreprendre le même chemin. Un chemin qui devient une nécessité plutôt qu'un choix au regard de la conjoncture mondiale, marquée par la rareté des ressources fossiles, l'accélération du changement climatique, la croissance continue de la demande en électricité... Le modèle marocain a donc été au coeur d'un atelier organisé récemment par la Banque mondiale, le Fonds d'investissement pour le climat et Masen sous le thème «Atelier Moyen-Orient & Afrique du Nord sur l'expérience mondiale de la technologie du solaire thermique à concentration». Un atelier auquel ont pris part les délégations de pays voisins à l'instar de la Tunisie, l'Egypte, la Jordanie et la Libye intéressés par la stratégie marocaine ainsi que les parties prenantes du secteur privé et les institutions oeuvrant pour le développement des énergies renouvelables. Présenter l'expérience marocaine en la matière a été l'exercice auquel s'est prêté le président du Directoire de Masen, Mustapha Bakkoury, qui a partagé avec l'assistance le processus de naissance de ce beau bébé depuis la conception jusqu'à la naissance. Un exercice auquel s'est habitué «monsieur soleil» et dans lequel il semble très à l'aise au point de déborder sur le temps qui lui est accordé et de se faire rappeler à l'ordre (question timing) par le modérateur de cet atelier. Il faut dire que cette expérience réussie est une fierté pour le Maroc qui n'hésite pas à partager son savoir-faire voire même l'exporter. Il faut dire aussi que le Royaume n'avait pas trop le choix. Il fallait soit prendre ce risque soit subir de plein fouet les conséquences de sa politique énergétique. «En intégrant les énergies renouvelables dans son mix énergétique, le Maroc a choisi au moment opportun de faire une rupture avec une stratégie énergétique qui l'emmenait droit dans le mur», a précisé le président du Directoire de Masen. En effet, avec une forte dépendance de l'étranger (importation de plus de 95% des besoins énergétiques du pays) et la volatilité des prix des énergies fossiles, l'économie marocaine est très vulnérable vis-à-vis de la conjoncture internationale. Une vulnérabilité qui n'est pas sans conséquence sur la croissance, le développement socioéconomique et la stabilité politique du pays. Bien décidé à relever le défi qu'il s'est lancé, le Maroc a réussi à convaincre les principales institutions financières de la pertinence de ce processus complexe. C'est ainsi que Masen a pu obtenir 435 millions de dollars de financements concessionnels auprès du Fonds d'investissement climatique (CTF) et de lever plus de 3 Mds de dollars auprès de la Banque mondiale, la Banque africaine de développement, la KfW Bankengruppe, l'Agence française de développement, la Banque européenne d'investissement et la Commission européenne. Les enseignements à tirer Le choix de la technologie CSP pour la centrale Noor a également été au menu de cet atelier dont l'objectif est d'examiner, entre autres, les progrès de ce type de technologie à travers le monde et de tirer les enseignements de l'expérience marocaine pour éviter de refaire les mêmes erreurs. Quelle technologie choisir ? Pour quel besoin et pour quel objectif ? Ce sont autant de questions qui interpellent particulièrement les pays qui s'apprêtent à se lancer dans le développement des énergies renouvelables. Et pour cause, le choix de la technologie est stratégique pour la réussite de tout projet dans ce domaine. Pour le Maroc, ce choix a été dicté par plusieurs paramètres, dont les besoins en matière d'électricité, les spécificités du marché et les objectifs que le pays s'est fixés. Un choix non sans risque particulièrement pour un pays qui n'avait aucune expérience dans ce domaine. «Nous n'avions pas encore, et c'est toujours valable aujourd'hui, la vocation à prendre tous les risques de développement d'un tel projet. Raison pour laquelle nous avons décidé de nous associer à ceux qui en ont la capacité et l'expertise (développeurs, bailleurs de fonds internationaux...)», a tenu à préciser Bakkoury. Il a également relevé qu'en tirant les enseignements de la première expérience, des erreurs ont été évitées pour les autres projets. En effet, pour les centrales Noor II et III, beaucoup de paramètres ont été améliorés, notamment en matière de stockage, d'économie de l'eau... L'expérience du Maroc permettra ainsi aux autres pays de tirer des leçons nécessaires. D'ailleurs, l'utilisation d'autres technologies dans l'énergie solaire serait envisageable pour permettre aux différentes technologies de cohabiter en vue de répondre aux différents besoins, comme l'a rappelé le président de Masen.