* La distribution de produits dassurance via Internet a connu un développement assez lent dans le monde, mais elle a donné lieu à une grande compétitivité en terme de prix entre compagnies dassurance. * Au Maroc, cest CNIA qui ouvre le bal avec le premier site web marchand où elle proposera progressivement tous ses produits. * Pour un assureur de la place, cest une bonne initiative. Mais les facteurs de succès sont intimement liés à la nature des produits, à limplication de la chaîne de valeur et à linitiation des clients à loutil Internet et aux opérations financières. Lutilisation de lInternet comme canal de distribution des produits dassurance a fait son apparition dans le monde il y a quelques années de cela, mais elle a connu une évolution quelque peu lente par rapport à dautres produits de consommation. Au Maroc, lutilisation de cet outil dans le monde des assurances a été portée par la compagnie dassurance CNIA qui vient de lancer le premier site web marchand des produits dassurance au Maroc. Une première ! Mais quel développement aura cet outil ? Cest la grande inconnue actuellement. Le lancement de ce site annonce le début dune expérimentation de ce canal au Maroc. Dans le monde, en Europe en particulier, lInternet est vite devenu un facteur de compétitivité pour les compagnies dassurance vu labsence de commissions de conseillers. Ainsi, le phénomène low cost y a pris naissance suite à des comportements de consommation, amplifié par le développement des transactions en ligne grâce aux frais réduits. Ce modèle économique à «bas coût» a permis aux acteurs financiers du marché de se distinguer et de se positionner sur un nouveau territoire commercial. Au Maroc, lhistoire vient à peine de commencer ! Un terrain commercial encore vierge ! Un assureur de la place qualifie de pertinent le lancement par CNIA du premier site marchand de produits dassurance au Maroc et lutilisation dInternet comme nouveau canal de distribution. Il faut quand même que ce soit des produits simples, immédiatement compréhensibles. Et puis ça marche, si lon prend à titre dexemple lexpérience du marché français, au travers des moteurs de comparaison où lon trouve des produits relativement standardisés et relativement homogènes en terme de garanties offertes. Ça permet de comparer les garanties, les niveaux de franchise etc. Et puis, il ne reste que la variable prix pour que le client fasse son choix. Donc, le prix est important, voire décisif. Et là, Internet est un instrument très fort. Cet assureur émet cependant quelques réserves sur la question. Ainsi, pour lindustrie de lassurance, Internet serait beaucoup plus approprié pour les produits dommages, achetés couramment. A la marge, la complémentaire santé, même si cest un peu plus compliqué que les autres produits sus-mentionnés, elle pourrait éventuellement être proposée en ligne. «Ce sont des produits où il ny a pas de conseils derrière, donc vous navez pas forcément besoin de contact, mais pour peu que vous vous y connaissiez en produits dassurance, que le site soit bien fait et quil puisse y avoir un phone call pour poser deux ou trois petits questions, loutil Internet marche bien. Et puis quand vous passez votre commande en ligne pour une assurance auto, vous nallez pas commettre une erreur magistrale et même si vous vous trompez, en terme de prix, ça sera une marge très réduite», apprend-on auprès de cet assureur ayant préféré garder lanonymat. On apprend également quInternet donne de bons résultats si la mécanique est bien huilée, parce quil ny a pas pire et plus agaçant que de vouloir acheter quelque chose sur Internet et de se rendre compte que cest compliqué. Ce canal nécessite ainsi une implication de toute la chaîne de valeur de la compagnie dassurance. Mais on nest plus dans le même ordre didées quand il sagit de prendre une décision de placement dune épargne, car ce nest pas le même ordre de problèmes. Pour revenir à lexpérience française, Sogecap, le site de la Société Générale, avait émis les premiers contrats en ligne et le constat était que le démarrage de loutil était plutôt lent pour les produits Vie et épargne. Et à ce stade, il y a lieu de noter que la Société Générale navait pas développé son propre outil, parce que ce qui est plus valable cest dêtre présent sur des sites financiers ou des Bourses en ligne qui proposent la panoplie des produits financiers ; partant de la logique quun client ne va pas souscrire à une police dassurance en ligne, mais quil va faire toutes ses opérations financières en ligne. Donc la cible de cet outil reste dans ce cas précis, bien limitée. Lassurance en ligne nayant marché quauprès des internautes qui sont déjà initiés et habitués à acheter ou à vendre des produits financiers par Internet. «Mais cest tout petit, même aujourdhui cela représente une toute petite capacité de distribution. Et même si ça marche, ça concerne une frange de clientèle jeune, des cadres qui ont des revenus et un patrimoine qui se constitue. Ce nest pas les grosses fortunes ni les gros épargnants», poursuit cet assureur qui nexclut pas que sa compagnie lance un site, peut-être pas dans le même concept que celui de la CNIA, mais lidée est en cours de façonnage. «Le canal Internet est une bonne initiative pour les produits dommages. Létape ultime pour le développement de ce canal au Maroc est que plusieurs compagnies le fassent et quil y ait un site de comparaison qui englobe toutes les offres en ligne de ces compagnies, un site comme boursorama.com en France. Mais faire le mix entre Internet et le téléphone me paraît très adapté», conclut-il. Le paiement en ligne, grand handicap Cest une limite forte que payer en ligne au Maroc. Et cet obstacle nest pas uniquement propre aux produits dassurance, mais à tous les produits sans aucune distinction . Ce mécanisme nétant toujours pas mis en place et la signature électronique toujours en bloquage, il est prématuré de conclure quInternet permettra une meilleure compétitivité de prix des produits dassurance en ligne. Même si lon peut avancer que de manière générale, il y a une différence dans le business modèle de la vente en ligne par rapport à la vente en dur, il y a une différence de prix. Ainsi, lorsque vous achetez sur Internet, le prix est souvent moins élevé. Cette différence de prix est liée au commissionnement et à labsence de la valeur ajoutée du conseiller. Donc, logiquement, il doit y avoir une différence de prix parce quil ny a pas lintermédiation du courtier. Mais seul lavenir nous le dira !