* Les produits classiques ne permettent pas de faire face ni aux anticipations du marché financier, ni à lévolution de la situation personnelle, doù lintérêt des produits multisupport. * Sous dautres cieux, les produits multisupport ont complètement supplanté les autres types de produits. Finances News Hebdo : Pouvez-vous nous dire dans quel contexte sinscrit le lancement de ces deux nouveaux produits ? Est-ce lun des problèmes auxquels vous vous êtes attelés depuis votre nomination ? Marc Duval : Le Code des assurances autorise la création de ce type de produits , les contrats en unités de compte et la fabrication des contrats multisupport depuis 2 ans, sur le plan législatif et un peu moins de deux ans, sur le plan réglementaire : pour autant, cette faculté na encore été adoptée par aucune compagnie de la place. Or, cette réforme majeure du Code des assurances est une opportunité importante pour faire évoluer lindustrie. A mon arrivée , nous avons donc engagé des chantiers de réflexion en matière de marketing, de marché et de conception de produits dès la fin de lannée dernière. Et puis, ce qui était le nerf de la guerre, le plus important en terme de lourdeur de travaux, les chantiers informatique et dorganisation des back-offices ont été également lancés dans le même temps. Ces chantiers ont été structurés dans le cadre dune organisation-projet, en liaison avec la SGMB, et a abouti à lhomologation de nos contrats par la Direction des Assurances le mois dernier. Nos deux contrats, VITAL MULTISUPPORT et VITAL RETRAITE MULTISUPPORT sont donc le fruit dun travail déquipe conséquent ayant fait intervenir de nombreux acteurs de la compagnie mais également de la Société Générale et de sa filiale de gestion dactifs, GESTAR. F.N.H. : En quoi cela consiste exactement ? M. D. : Aujourdhui, les produits dassurance Vie ou dépargne retraite qui sont à la disposition des épargnants marocains sont des contrats très classiques, «monosupport». Plus précisément, un épargnant na pas le choix de sa formule de placement dans ce type de contrat et son épargne sinvestit obligatoirement sur le fonds général de la compagnie dassurance. Ce type de produit a lavantage de la simplicité, de la garantie du capital, mais il a linconvénient dun rendement stéréotypé, régulier, proche du rendement obligataire. Or, quand vous investissez dans un contrat dassurance Vie ou dépargne retraite, cest plutôt un investissement à long terme. Et à long terme, ce qui surperforme toutes les classes dactifs ce sont les actions : or, le souscripteur dun contrat classique ne peut pas profiter directement de cette performance. A mon sens, les épargnants recherchent aujourdhui davantage dadaptation et de personnalisation à leurs anticipations et à leurs objectifs propres qui sont différents les uns des autres et peuvent évoluer dans le temps. Par exemple, aujourdhui si vous êtes un jeune cadre, vous pouvez éprouver le besoin dinvestir dans des formules de placement dynamiques, susceptibles dextérioriser une bonne perfomance sur le long terme ; ce ne sera peut-être pas le cas dans 30 ans où vous aurez besoin de sécuriser votre épargne et davoir un rendement régulier pour pouvoir percevoir des revenus complémentaires pour votre retraite ou transmettre votre patrimoine. Les anticipations changent aussi en fonction des évolutions des marchés financiers. Or, les produits actuels ne permettent pas de faire face ni aux anticipations du marché financier ni à lévolution de votre situation personnelle. En revanche, notre nouvelle gamme de contrats dassurance-épargne VITAL MULTISUPPORT le permet. F.N.H. : Pourrait-on prétendre que ces nouveaux produits sont risqués dans la mesure où ils dépendent des aléas du marché financier ? M. D. : Cela nest pas aussi déterminé car nos contrats proposent laccès à huit supports qui vous permettent de fixer comme vous le souhaitez votre formule de placement, votre allocation, en fonction du degré de sécurité que vous souhaitez donner à votre épargne et de lespérance de perfomance que vous envisagez. Si vous voulez une épargne totalement sécurisée, si vous souhaitez avoir une performance régulière et une garantie en capital, vous le pouvez toujours dans le cadre de ce contrat. Vous investissez dans ce cas 100% de votre épargne dans le support en dirhams qui est adossé à lactif général de la compagnie. Mais le nouveau produit donne également accès à sept autres supports, qui couvrent lensemble de la gamme OPCVM de GESTAR et donc tous les types de classes dactifs. En fait, lépargnant a accès, aux choix, à deux modes de gestion de son épargne : Sil est «souverain» et quil souhaite lui-même gérer lallocation de son épargne assurance-vie ou assurance-retraite, il peut répartir librement ses versements entre les huit supports qui lui sont proposés ; il peut également modifier à tout moment la répartition de ses versements et même de son épargne en procédant à des arbitrages, au sein même du contrat. Il peut ainsi réduire la part consacrée au support actions pour augmenter celle allouée au support obligataire, pour figer son niveau de plus-values par exemple, ou faire linverse sil anticipe une hausse des marchés actions. Et ces arbitrages étant réalisés au sein même du contrat, il échappe à toute taxation des plus-values. Sil veut se débarasser de tout souci de gestion, il peut également opter pour la gestion pilotée qui constitue une innovation supplémentaire de nos contratsVITAL MULTISUPPORT . Dans ce cas, en fonction de ses objectifs en termes de sécurité et de performance, lépargant choisit lun des trois profils que nous proposons et ses versements sont automatiquement répartis entre plusieurs supports, selon la formule choisie : profil Prudence pour un minimum de risques, équilibre (qui combine OPCVM obligataire, fonds général et supports diversifiés ou actions) et Dynamisme plus orienté OPCVM actions et diversifiés. A tout moment, le client peut changer de profil ou reprendre la main en décidant de piloter lui-même son contrat.. F.N.H. : Comme vous lavez annoncé, le Code des assurances a autorisé la création des contrats en unités de compte, mais quest-ce qui a empêché les compagnies dassurance de recourir à une telle technique ? M. D. : Dautres compagnies dassurance ont sans doute dautres projets de contrats en unités de compte. Mais dans ce type dapproche, il ne sagit pas seulement de créer le produit et de savoir le gérer, il faut aussi le canal de distribution adapté et la clientèle susceptible de souscrire à ce type de contrats. F.N.H. : Mais on peut dire quaujourdhui toutes les compagnies dassurance sont adossées à des banques et que, par conséquent, le problème de la distribution ne se pose pas outre mesure ? M. D. : Je pense que le canal bancaire est sans doute le plus adapté à ce type de produits parce que cest un mix entre lassurance Vie et lépargne retraite et lunivers financier des OPCVM. En terme dapproche commerciale, ces contrats relèvent certainement davantage de la culture financière des conseillers de clientèle dun réseau bancaire. Et même si cest un produit universel, il peut nécessiter du conseil financier et il est certainement plus adapté de prime abord à une clientèle patrimoniale . Cela étant , sur dautres marchés, ce type de contrats a complètement supplanté les produits plus classiques. F.N.H. : Toujours par rapport à la même question, est-ce que lon peut prétendre que le marché financier marocain jouit aujourdhui dune certaine maturité et que cest ce qui a poussé votre compagnie à ouvrir le bal des contrats en unités de compte ? M. D. : Il y a dix ans, en dehors de la contrainte réglementaire, il aurait certainement été plus délicat délaborer une telle offre. Aujourdhui, le Maroc a une industrie financière développée, sophistiquée. Nous avons un marché boursier dynamique en plein développement, un marché obligataire solide, des gestionnaires de fonds actifs professionnels et qui ont aujourdhui des produits qui couvrent toutes les classes dactifs. Autant déléments qui permettent aujourdhui la commercialisation de cette nouvelle génération de contrats dassurance-épargne F.N.H. : En sinspirant de lexpérience de lEurope, est-ce que vous pensez que cette technique va booster la branche Vie qui a du mal à se développer dans un pays comme le nôtre ? M. D. : Cela peut y contribuer, même sil na pas dexemple similaire dans des économies comparables au Maroc. Mais en Europe, cette technique a eu un effet moteur, permettant à lassurance Vie de devenir lun des produits de placement privilégiés par les épargnants. F.N.H. : Mais est-ce que dans la conception des produits vous avez pris en considération des embûches auxquelles vous vous êtes heurtés en Europe, ou particulièrement en France ? M. D. : Techniquement , il nya pas de contrainte particulière au Maroc : nous disposons du cadre réglementaire et juridique utile. Sur certains points, il est même plus avancé par rapport à ce quil était à lorigine en Europe : le législateur a prévu, par exemple, une obligation dalerte en cas de variation forte des cours dOPCVM, supports de nos contrats en unités de compte. Cest une mesure de protection de lépargnant qui oblige la compagnie, dans ces cas spécifiques, à informer automatiquement ladhérant pour quil puisse, par exemple, prendre des décisions darbitrage et de sécurisation de son épargne. Il sagit de quelque chose qui nétait pas prévu dans dautres législations. F.N.H. : Jusquà présent, on a parlé des atouts ou des avantages du produit multisupport; peut-on avoir une idée sur ses limites voire ses inconvénients ? M. D. : Le produit, à mon avis, ne comporte pas dinconvénients. A noter cependant que le conseil qui doit accompagne sa souscription est important . A noter également que cest un produit de placement à moyen et long termes. Mais cette durée de placement est très atténuée par la grande souplesse du cadre contractuel, la diversité des formules de placement quil offre, les possibilités dévolution et de modification de lallocation de lépargne, les facultés de rachat ou davance , etc. F.N.H. : Le client assume-t-il seul le risque ? M. D. : Quand il est investi sur le support garanti, il ny a pas de risque. Mais sur les autres supports, il assume le risque quil est prêt à prendre dans tout choix dactif financier. Par ailleurs, il peut suivre lévolution de ce placement, par un reporting plus régulier formalisé deux fois par an. Il dispose également de ce service dalerte en cas de forte variation des cours des OPCVM. Les conseillers de clientèle auront ainsi la possibilité de donner à leur client la valorisation de leur épargne. Sinon, les cours des OPCVM sont accessibles même chez vous pour savoir ce qui se passe. F.N.H. : Est-ce que vous attendez des dispositions fiscales en faveur de la branche Vie dans le projet de Loi de Finances 2008 ? M. D. : Rien ne semble prévu pour le moment, mais cest un sujet qui mériterait dêtre abordé. Je pense que cest une réflexion que devrait engager la profession avec lAdministration des impôts. On pourrait, par exemple, imaginer une fiscalité plus progressive dans la période qui sépare ladhésion et ces fameuses 10 années.. Il y a peut-être une logique daccompagnement fiscal de leffort dépargne en fonction de la durée de détention.