Certaines innovations ont montré leur pertinence, et ce dans différentes filières. Faute de moyens, les petits exploitants ne peuvent accéder à des produits innovants. A l'instar des pays émergents, le Maroc a besoin d'une technologie medium, plus accessible, facile à développer et moins coûteuse. Cela permettrait de réduire progressivement l'écart avec les pays développés. Le Maroc est un importateur net de technologie. La recherche-développement demeure insuffisante, surtout dans des secteurs stratégiques du pays comme l'agriculture. Malgré l'existence d'organismes spécialisés et de budgets dédiés, les réalisations restent en deçà des objectifs escomptés. «Le Maroc a beaucoup de potentiel dans le domaine de la R&D agricole. Il dispose de cadres qualifiés et d'une plate-forme de travail adéquate. Il peut se positionner dans la production de technologie médium ne nécessitant pas un grand savoir-faire. Cela permettra de réduire considérablement l'importation de plusieurs produits de l'étranger et créer de la valeur ajoutée locale. Ce «made in Morocco» peut servir également pour répondre aux besoins de certains pays comme ceux d'Afrique», affirme Mohamed Amrani, professeur universitaire. Outre les institutions nationales publiques, d'autres établissements privés disposent de leurs propres départements de recherche-développement. Plusieurs produits ont été conçus au Maroc et ont confirmé leur pertinence. C'est le cas de l'Université Moulay Ismail à Meknès qui a mis en place une innovation de grande envergure. Il s'agit de la création d'une mesure rapide de la qualité du lait et de sa teneur en eau. Un produit d'une grande efficacité et d'un coût moindre comparativement aux produits importés qui sont coûteux et parfois délicats à utiliser. Cette innovation a eu des effets positifs sur le travail des coopératives laitières pour démasquer les tricheurs. L'Université Moulay Ismail a pu mettre également en place des bio-fertilisants contenant des micro-organismes vivants destinés à l'amélioration de la croissance des plantes. Les exemples ne manquent pas pour les autres organismes. L'Ecole nationale de l'agriculture (ENA), basée à Meknès, a, elle aussi, créé une machine de plantation directe de grains destinée spécialement aux petits et moyens agriculteurs. «La plupart des fellahs marocains disposent d'exploitations de moins de 3 hectares. Leur pouvoir d'achat ne leur permet pas de se doter des technologies de dernière génération. Ils ont besoin d'équipement efficace, mais bon marché», souligne Abderrahmane Sellam, président de la Coopérative Al Amal basée à Médiouna. En effet, plusieurs pays émergents comme le Brésil, la Chine, l'Inde, ont privilégié des technologies locales pour accompagner l'agriculture où le secteur R&D joue un rôle capital. Certes, le rendement des cultures n'est pas le même comparativement aux pays développés, mais cela introduit une maîtrise technologique qui peut s'avérer concluante à terme. Du potentiel à ne pas négliger Au Maroc, le Système national de la recherche agricole (SNRA) est composé d'une diversité d'institutions ayant pour principale mission la réalisation de programmes de R&D répondant aux objectifs du Plan Maroc Vert (PMV). Ce système est composé d'organisations-clés telles que l'Institut national de la recherche agronomique (INRA), l'Institut agronomique et vétérinaire Hassan II (IAV), l'Ecole nationale d'agriculture de Meknès (ENA) et l'Ecole nationale forestière d'ingénieurs (ENFI). A titre d'exemple, l'INRA a été sollicité pour préparer un plan de restructuration lui permettant d'être présent dans les différentes régions du Royaume. Le but est de communiquer les résultats de recherche aux producteurs et faciliter ainsi la mise en oeuvre des deux piliers du PMV (agriculture d'exportation et agriculture solidaire). De même, l'Institut a été invité à oeuvrer pour la mise en place des agropoles en vue de valoriser au mieux les acquis de recherche. Sur la base de ces acquis, l'INRA a préparé une offre englobant une gamme de technologies spécifiques aux principales filières retenues dans les plans agricoles régionaux (céréales, légumineuses alimentaires, fourrages, oléagineuses, palmiers-dattiers, agrumes, oliviers, arboriculture fruitière, cactus, viandes rouges et blanches). Autre exemple, la lutte contre le Bayoud à travers le développement de variétés résistantes a montré à quel point la communauté scientifique peut contribuer efficacement pour donner une nouvelle vie au secteur des palmiers-dattiers.