L'année boursière 2016 sera-t-elle aussi morose que la précédente ? La société de Bourse Upline securities est l'une des premières à essayer de répondre à cette question en tentant de dessiner une tendance du MASI pour les prochains mois. Un exercice délicat tant les signaux contradictoires s'entremêlent. Si la société de Bourse anticipe un rebond de près de 7% à fin mars, les perspectives à moyen et long termes, en revanche, demeurent floues. Dans son rapport annuel 2015 consacré au marché boursier marocain, la société de Bourse (SDB) Upline securities envisage un rebond du MASI à court terme. L'analyse technique présentée table, en effet, sur une probable sortie du canal baissier moyen terme vers les 9.400 points (à l'heure où nous mettions sous presse, le MASI pointait à 8.807 points). «Tant que le support des 8.800 points n'est pas franchi à la baisse, l'indice devrait rependre à la hausse en direction des 9.220 points», peut-on lire dans le rapport. «Sur cette résistance des 9.220, nous devrions assister à un repli vers les 9.050 points avant une reprise haussière en direction des 9.400 points, à fin mars 2016», estime les analystes d'Upline. Selon ces données, le MASI pourrait donc s'apprécier de 6,8% sur les trois premiers mois de l'année en cours. Si chez Upline on anticipe une hausse boursière lors des trois premiers mois, il reste néanmoins difficile de pronostiquer une tendance pour le reste de l'exercice. Faute de visibilité à moyen et long termes, les analystes n'osent guère se mouiller, au vu des trop nombreuses incertitudes qui planent sur le marché boursier. «Pour 2016, les perspectives demeurent mitigées, compte tenu de la conjonction de plusieurs facteurs», juge-t-on chez Upline. En effet, des facteurs positifs et d'autres négatifs s'entremêlent, rendant difficile toute anticipation. Parmi les facteurs favorables, la SDB cite le niveau de valorisation qui devient très attractif, notamment pour quelques valeurs, la persistance à des niveaux bas du rendement obligataire, ainsi que le lancement attendu du marché à terme, notamment après le récent changement de statut de la Bourse et la démutualisation de son capital. «Cet évènement devrait en principe aider à améliorer la liquidité sur le marché», indique la SDB. Très chère BVC Côté facteurs négatifs, les analystes d'Upline s'attendent à une croissance économique qui s'annonce relativement faible, plombée notamment par une saison agricole peu favorable. Ils redoutent également «l'attentisme persistant des institutionnels locaux qui préfèrent rester cash plutôt que d'investir sur le marché action». Ils déplorent enfin le manque de compétitivité de la place financière casablancaise en comparaison avec celle des marchés voisins. La BVC reste effectivement encore chère : au 31 décembre 2015, le PER du marché ressort à 19,8x. Ce ratio est de 15x à la Bourse du Caire, 14x à Tunis, et de 13,8x à Johannesburg. En réalité, de nombreuses contraintes structurelles pèsent toujours sur le marché marocain. Tant que ces contraintes ne seront pas traitées en profondeur, elles continueront de peser négativement sur la BVC. Il y a, d'une part, «le manque d'alternatives d'investissement pour les institutionnels qui se trouvent liés au marché marocain du fait d'une politique de change peu flexible», signalent les analystes d'Upline. D'autre part, la SDB relève l'altération de la confiance des intervenants dans le marché, du fait de la communication défaillante de quelques sociétés cotées en période de crise. Enfin, la volumétrie reste concentrée sur une poignée de sociétés cotées, ce qui limite de manière considérable les possibilités de stock picking. La volumétrie continue d'ailleurs de poser problème et de s'effriter de manière structurelle, lorsqu'on regarde son évolution depuis une dizaine d'années. Certes, en 2015, la volumétrie globale de la place casablancaise s'est appréciée de 2,8% à 40,5 milliards de DH. Néanmoins, l'analyse de la volumétrie depuis 2006 laisse apparaître «un déclin notable de la profondeur du marché depuis le déclenchement de la crise en 2008» (Exception faite de l'année 2010, année où le groupe ONA-SNI s'est retiré de la cote). Bref, compte tenu de tous ces facteurs et de ces incertitudes, les analystes d'Upline recommandent la prudence en termes de stratégie d'investissement. Ils préconisent l'investissement moyen terme dans des valeurs offrant le couple rendement-upside le plus intéressant. Mais, sur le court terme, l'investissement s'avère «assez risqué», pour le moment, du fait du manque de liquidité qui sévit sur le marché.