A l'image du marché de l'automobile, l'activité de la location longue durée (LLD) a connu une évolution remarquable ces dix dernières années. Le secteur, qui regroupait durant les années 90 deux ou trois opérateurs, réunit désormais une dizaine d'entreprises. La plupart sont adossées soit à un groupe bancaire ou à une enseigne mondialement connue dans le domaine. La location longue durée de véhicules est un concept qui a été inventé pour la première fois aux Etats-Unis pour faciliter l'accessibilité des classes moyennes à l'automobile. Cette formule a ensuite été importée en Europe durant les années 70. Elle y a connu un essor remarquable durant les années 90, avec une croissance à deux chiffres. Un essor qui s'explique par les multiples avantages proposés par la LLD. Celle-ci, contrairement à la location avec option d'achat, ne vise pas à vendre un véhicule, mais bien des services. C'est une solution flexible associant l'acquisition de véhicules et leur gestion. Elle offre toute une panoplie de prestations et de services à valeur ajoutée. Les loueurs accompagnent les clients dans leur démarche pour la gestion de leur parc auto. Malgré la croissance de la LLD au Maroc, sa pénétration reste timide par rapport aux pays européens. Les automobilistes marocains sont encore très attachés à la propriété de leur véhicule. Il faut du temps pour changer les mentalités. En Europe, par contre, 47% des véhicules d'entreprises sont en LLD. Aux Etats-Unis, ce chiffre atteint 80%. Au Maroc, la LLD a montré sa pertinence surtout pour les grands comptes, au premier rang desquels on retrouve la ville de Casablanca. «A l'époque où la communauté urbaine de Casablanca disposait de ses propres véhicules, une partie du parc était toujours immobilisée à cause des pannes techniques ou autres. Le rythme de travail de certains services se faisait au ralenti et il perturbait d'autres services. La réparation ou l'entretien de ces véhicules pose également problème du fait de leur budgétisation. Après l'entrée en vigueur de la LLD, les choses ont nettement changé. Quand une voiture tombe en panne, le loueur offre une autre de remplacement. Le parc est généralement bien entretenu et contrôlé avec des pièces d'origine chez un réseau agréé», souligne-t-on auprès du Conseil de la ville de Casablanca. De nos jours, la gestion du parc roulant devient un véritable casse-tête, en matière d'entretien ou de charges, qui lui sont afférentes, (vignette, assurance, financement, etc.). Une voiture en panne est une perte sèche pour l'entreprise. Outre les désagréments causés pour sa réparation, qui nécessitent des va-et-vient incessants, la question du coût d'exploitation pose également problème. Pas de mauvaises surprises L'intérêt de la LLD réside donc dans la souplesse de sa formule et en l'absence de mauvaises surprises par le locataire. Elle permet, en effet, au conducteur de maîtriser son budget, le loyer étant constant à chaque mois. L'entretien, l'assurance et l'assistance sont compris dans le contrat, ce qui permet de rouler en toute sérénité sans s'inquiéter des éventuels coûts liés au véhicule. Selon une étude comparative sur le prix de revient kilométrique (coût d'un véhicule ramené au kilomètre incluant son prix, le coût du crédit, les frais administratifs, les opérations d'entretien), la LLD est plus économique de 15% par rapport à l'achat. Par ailleurs, il faut noter que cette formule contribue au rajeunissement du parc automobile au Maroc, puisque la moyenne d'âge du parc des entreprises ayant opté pour la LLD est de 3 ans. De plus, la LLD n'impose pas de capital de départ. Le dossier est bien sûr étudié par le loueur, qui peut, dans certains cas, demander un dépôt de garantie, qui vous sera restitué à la fin du contrat. Autre avantage de cette formule : le locataire peut changer de voiture aussi souvent qu'il le souhaite sans avoir à s'occuper de la revente de son ancienne voiture. Les grandes entreprises marocaines ont de plus en plus recours à la LLD. L'externalisation du parc roulant a permis à Maroc Telecom, par exemple, d'optimiser l'utilisation des véhicules. Le terrain dédié pour le parking et l'entretien a servi à la construction de son nouveau siège social à Hay Ryad à Rabat. En vogue au Maroc Le développement de l'activité a permis au parc de passer d'une centaine de véhicules au cours des années 90 à près de 33.000 unités en 2015. Le marché est appelé à se développer davantage, vu les potentialités existantes, notamment cette tendance d'externalisation du parc chez les grands comptes parmi lesquels les Offices, les collectivités locales, les multinationales ou les grosses structures marocaines. Dernièrement, la LLD a permis de séduire également les PME. La concurrence entre les acteurs du marché et cette diversité de l'offre ont permis de hisser le niveau de la qualité. A l'instar du marché de l'automobile, l'activité LLD est, elle aussi, portée sur les prix. La concurrence a permis de tirer vers le bas les tarifs. Il y a quelques années, une citadine était proposée à partir de 9.000 DH/mois alors qu'aujourd'hui l'offre démarre à partir de 3.000 DH. Les loueurs proposent en général une offre «full package», qui englobe le financement de la voiture, l'assurance, la maintenance, l'assistance, la gestion des sinistres et des pneumatiques. Certains acteurs proposent en plus d'autres options. Il s'agit là d'une fixation de prix à la carte. Globalement, la fixation du loyer tient compte principalement de la taille du véhicule, du kilométrage et de la durée du contrat. Sachant que cette dernière se raccourcit de plus en plus. La différence avec le fleet management La grosse différence entre le fleet management (gestion de flotte) et la LLD est que dans le premier cas, c'est l'entreprise qui porte le risque de la valeur résiduelle sur le véhicule. Alors qu'en LLD, il est proposé à la société de s'affranchir de ce risque. Si le véhicule en fin de contrat est bien ou mal vendu non, cela n'a pas d'impact sur le client. Généralement, le fleet management s'adresse à des marchés plus matures et à des sociétés qui sont capables elles-mêmes d'évaluer ou d'estimer ce potentiel de revente, et donc, de couvrir elles-mêmes ce risque de valeur résiduelle sur les voitures.