Pas d'Oktoberfest (Fête de la bière à Munich) version marocaine. Le premier Festival de la bière au Maroc aura vécu le temps d'une campagne publicitaire. Les autorités ont dit niet à l'organisation d'une telle manifestation. Et l'argumentaire servi n'est pas religieux dans un pays où les islamistes sont aux manettes et où la consommation d'alcool est interdite aux musulmans. Officiellement, cette interdiction s'explique par des motifs juridiques, notamment le «non-respect des règles et des procédures juridiques en vigueur dans ce domaine». Ni plus ni moins. Si l'interdiction est claire, l'argument servi par la Wilaya du Grand Casablanca reste pour le moins ténu, pour ne pas dire qu'il reste flou. Et la posture adoptée par le ministère du Tourisme l'est tout autant. Elle ne s'est pas associée à l'organisation et au processus d'autorisation de l'événement mais, surtout, elle ne prend pas position «en faveur ou à la défaveur de cet événement». Autrement dit, ni pour ni contre, histoire de ne fâcher personne. A l'évidence, un festival de bière au Maroc, ça la fout mal. D'autant que, dans la conscience collective, le mot festival suppose vaguement, même si ce n'est pas le cas, une certaine caution des pouvoirs publics. L'Etat veut bien des importantes recettes générées par l'alcool en général, mais n'est pas prêt, pour autant, à en «encourager implicitement» la vente. D'ailleurs, dans sa quête de ressources fiscales, le gouvernement s'est souvent illustré en taxant davantage l'alcool et les cigarettes, comme en témoignent les hausses successives de la taxe intérieure de consommation (TIC) sur ces produits, décidées lors des dernières Lois de Finances. Et personne ne s'en offusque. Pour deux raisons principales : - primo, la cigarette pose un problème de santé publique; - secundo, la collectivité ne peut s'indigner publiquement d'une hausse de la TIC sur l'alcool dans un pays où l'on n'est pas censé en consommer. En surfant sur le tabou entourant l'alcool, le gouvernement s'est frayé un boulevard... fiscal. D'ailleurs, au Parlement où, il y a quelques années, un député s'est rendu complètement bourré, la hausse du TIC sur l'alcool n'a jamais fait l'objet de débats. Pourtant, cette hausse est répercutée par les opérateurs sur les prix et impacte donc les consommateurs. La seule fronde initiée par les opérateurs de l'industrie de l'alcool, des hôteliers et autres acteurs du secteur touristique a eu lieu en 2012 : ils s'opposaient à l'interdiction de la publicité des boissons alcoolisées. Bref, il faut s'accommoder du fait qu'un sujet comme l'alcool met mal à l'aise les autorités. Ceci expliquant cela, les adeptes du «Avec ou sans mousse ?» se voient priver de la toute première bibine party au Maroc. Hic !