L'OMC a oeuvré efficacement pour le développement du commerce international. Les pays émergents comme la Chine, l'Inde et le Brésil ont réussi à faire sortir de la pauvreté des millions de leurs ressortissants. L'Organe de règlement de différends profite plus aux grandes puissances. A l'occasion du vingtième anniversaire de la création de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) à Marrakech, l'Institut marocain des relations internationales (IMRI) a organisé les 28 et novembre 2014 à la ville ocre un colloque international sous le thème «20ème anniversaire de la création de l'OMC : bilan et perspectives ?». Ce colloque a été organisé en partenariat avec l'Ecole HEEC de Marrakech et la Fondation allemande Hanns Seidel. Ont intervenu durant cette rencontre, le représentant du Directeur général de l'OMC ainsi que de nombreux experts du commerce international marocains et étrangers, avides de débattre des enjeux de cette institution qui regroupe aujourd'hui en son sein 160 membres. «Le passage du GATT à l'OMC, sous les auspices enchanteurs de Marrakech a été bien davantage qu'une modification de sigle. Si les cycles se poursuivent, mettant en lumière des lieux qui ont connu des avancées plus ou moins significatives pour le commerce mondial, la création de l'Organe de règlement des différends (ORD) est le rubicon qui a transformé une organisation politique en une institution juridique» souligne Patrick Saerens, avocat. L'ORD a pu régler plus de 500 litiges durant les vingt dernières années. Sur le plan international, il est communément reconnu que l'OMC a oeuvré efficacement pour le développement du commerce international. «Elle a permis aux pays émergents notamment la Chine, l'Inde et le Brésil à extirper de la pauvreté des millions de leurs ressortissants», explique J. Kerdoudi. En 1980, la part de la Chine dans les exportations mondiales était de 1%. A l'heure actuelle, elle est de 12%. La Corée du Sud a plus que triplé sa part des exportations mondiales et le Mexique a doublé la sienne. Les échanges Sud-Sud représentent aujourd'hui 24% du commerce mondial, soit le double de ce qu'ils représentaient en 2000. Et d'ici à 2020, le commerce Sud-Sud devrait représenter le tiers du commerce mondial. Des résultats que Said El Hachimi, conseiller auprès du Directeur général à Genève attribue à l'OMC. Mais cela n'empêche pas de constarer que le bilan est mitigé. Les intervenants ont mis en lumière la complexité des procédures imposées par l'ORD et ont condamné la propension des sociétés multinationales à se servir des règles de l'OMC pour échapper à l'impôt et pour défendre leurs intérêts dans le cadre du principe de «l'Ami de la Cour». Le colloque a mis en évidence les aspects négatifs de l'OMC pour les pays du Sud du fait des conditions sociales précaires des travailleurs afin d'atteindre le maximum de compétitivité. Les pays du Nord, à leur tour, souffrent des délocalisations et de l'importation des produits à bas prix qui se traduisent par des pertes d'emplois et de l'augmentation du chômage. Les participants ont par ailleurs déploré l'échec du Cycle de Doha, lancé en 2001, et qui n'a pas abouti sur l'importante question de l'agriculture et qui a favorisé la conclusion d'accords de libre-échange bilatéraux entre les grandes puissances commerciales. Sur le plan national, il a été relevé l'adhésion du Maroc à l'OMC et son ouverture à travers la conclusion de son économie à travers la conclusion de nombreux accords de libre-échange qui demeurent en deçà des attentes. Ils pointent du doigt la perte des recettes fiscales du fait du démantèlement douanier, et les déficits jumeaux de la balance commerciale et de la balance des paiements. Ils préconisent à cet égard la nécessité de renforcer la compétitivité de l'économie marocaine, de réduire les importations par une politique active de substitution aux importations pour les produits industriels et agricoles, prendre toutes les mesures nécessaires pour augmenter les recettes des IDE, du tourisme et des transferts des MRE. Toutefois, ils ont apprécié la modernisation de son économie, l'amélioration de la gouvernance et du climat des affaires, l'attrait des IDE. Résultat des courses : les grandes puissances sont les premières grandes bénéficiaires de l'OMC. Mais l'espoir demeure pour autant parce que les participants au colloque se sont félicités de l'Accord de Bali qui vient d'être adopté par l'OMC le 27 novembre 2014. Un accord,qui ouvre la voie à la facilitation des échanges commerciaux sur le plan international, et à la reprise des négociations du Cycle de Doha. Les principales recommandations du colloque Intervenir auprès des Etats membres du Sud pour améliorer les conditions sociales des travailleurs ; Relancer le Cycle de Doha en envisageant de créer une politique agricole mondiale à l'instar de la PAC par l'Union européenne ; Simplifier les procédures de l'ORD afin que les petits pays puissent aussi en bénéficier ; Renforcer la vigilance vis-à-vis des Sociétés multinationales qui profitent des règles actuelles de l'OMC pour défendre abusivement leurs intérêts ; Aider les petits pays membres de l'OMC à mieux profiter des règles de l'OMC, et leur apporter une aide financière pour compenser les pertes de recettes fiscales suite au démantèlement douanier ; Elargir les dérogations aux règles de la propriété intellectuelle pour ce qui concerne la fabrication des médicaments génériques au profit des pays en développement.