Les participants à un colloque international en célébration de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) ont évalué le bilan de l'adhésion du Maroc à cette organisation, son impact sur l'économie marocaine et émis une série de recommandations pour permettre au Royaume de mieux se positionner pour faire face aux défis de l'ouverture de son économie à l'international. Les participants à cette rencontre, tenue ce week-end à Marrakech sous le thème «20ème anniversaire de la création de l'OMC: Bilan et Perspectives?'', ont d'emblée qualifié de «bilan mitigé» l'adhésion du Maroc à l'OMC et l'ouverture de son économie à travers la conclusion de nombreux accords de Libre-échange. Sur le plan positif, ils ont noté la modernisation de son économie, l'amélioration de la gouvernance et du climat des affaires, l'attrait des Investissements directs étrangers (IDE). L'aspect négatif, selon les participants, concerne la perte des recettes fiscales du fait du démantèlement douanier, en des ‘'déficits jumeaux'' de la balance commerciale et de la balance des paiements. Les participants à ce colloque, organisé par l'Institut Marocain des Relations Internationales (IMRI) et plusieurs partenaires, ont émis une série de recommandations pour permettre au Royaume de mieux se positionner et relever les défis de l'ouverture de son économie à l'international. Ils ont mis l'accent dans ce sens sur la nécessité de renforcer la compétitivité de l'économie marocaine par la réforme du système éducatif et de la formation professionnelle, de consacrer la bonne gouvernance aussi bien de l'Administration que du secteur privé, et oeuvrer pour la réduction des coûts des intrants, tout en appelant à promouvoir les exportations du Maroc par l'élargissement de la production exportable, la recherche de nouveaux débouchés, l'aménagement de la parité du dirham par rapport aux monnaies étrangères. Les intervenants ont également préconisé la réduction des importations par une politique active de substitution aux importations pour les produits industriels et agricoles, ainsi qu'à travers une compression des importations non indispensables en établissant des normes à l'importation qui ne dérogent pas aux règles de l'OMC. Il s'agit aussi d'entreprendre une réforme fiscale pour faire face à la perte de recettes du fait du démantèlement douanier, en augmentant l'assiette de l'impôt par l'imposition des secteurs exonérés et la lutte contre la fraude et le secteur informel. Au lieu de se contenter chaque année d'indiquer le montant des dépenses fiscales, le gouvernement devrait faire une étude détaillée des exonérations secteur par secteur, afin d'éliminer celles qui ne donnent pas de résultats tangibles, estiment les participants à ce colloque. Pour améliorer la balance des paiements, outre l'équilibre du commerce extérieur, ils ont recommandé de prendre toutes mesures pour augmenter les recettes des IDE, du tourisme et des transferts des RME. Ce colloque, qui a connu la participation des représentants de la Confédération Générale des Entreprises du Maroc (CGEM), du ministère chargé du Commerce Extérieur, de l›Office des Changes, de l›Association marocaine des exportateurs (Asmex), un représentant du Directeur Général de l›OMC, ainsi que de nombreux experts du commerce international marocains et étrangers, a été aussi l›occasion de dresser le bilan et les perspectives de l›OMC sur le plan international. Il a été relevé que l›OMC a œuvré efficacement pour le développement du commerce international et la protection des petits pays. Elle a permis aux pays émergents notamment la Chine, l›Inde, et le Brésil de faire sortir de la pauvreté des millions de leurs ressortissants. L›OMC a également mis en œuvre le règlement des différends commerciaux sur le plan international par l›institution de l›Organe des règlements des différends (ORD) qui a pu régler plus de 500 litiges durant les vingt dernières années. Les participants au colloque se sont félicités de l›Accord de Bali qui vient d›être adopté par l›OMC le 27 Novembre 2014 et qui ouvre la voie à la facilitation des échanges commerciaux sur le plan international, et à la reprise des négociations du Cycle de Doha. Le colloque a toutefois mis en exergue les aspects négatifs de l›OMC pour les pays du Sud du fait des conditions sociales précaires des travailleurs consentis afin d›atteindre une compétitivité maximum. L›on a relevé aussi que les pays du Nord souffrent également des délocalisations et de l›importation de produits à bas prix, qui entraînent des pertes d›emplois et l›augmentation du chômage. Les participants ont également déploré l›échec du Cycle de Doha lancé en 2001 et qui n›a pas abouti sur l›importante question de l›agriculture, et qui a favorisé la conclusion d›Accords de libre-échange bilatéraux entre les grandes puissances commerciales. Ils ont constaté également, chiffres à l›appui, la perte de recettes fiscales pour les pays en développement du fait du démantèlement douanier. Ils ont aussi mis en lumière la complexité des procédures imposées par l›Organe de règlement des différends, et ont condamné la propension des sociétés multinationales à se servir des règles de l›OMC pour échapper à l›impôt et pour défendre leurs intérêts dans le cadre du principe ‹›L›Ami de la Cour›› qui consiste à interférer dans les litiges soumis à l›ORD à travers leur Etat. Sur le plan international, le Colloque a émis une série de recommandations, notamment l›intervention auprès des Etats membres du Sud pour améliorer les conditions sociales des travailleurs, la relance du Cycle de Doha en envisageant de créer une politique agricole mondiale à l›instar de la PAC pour l›Union européenne, la simplification des procédures de l›ORD afin que les petits pays puissent aussi en bénéficier, et le renforcement de la vigilance vis-à-vis des Sociétés multinationales qui profitent des règles actuelles de l›OMC pour défendre abusivement leurs intérêts. Le Colloque de Marrakech a également appelé à aider les petits pays membres à mieux profiter des règles de l›OMC, et leur apporter une aide financière pour compenser les pertes de recettes fiscales suite au démantèlement douanier. Les participants ont aussi plaidé pour élargir les dérogations aux règles de la propriété intellectuelle pour ce qui concerne la fabrication des médicaments génériques au profit des pays en développement. Le GATT (Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce), qui n›était qu›un Traité international signé en 1947, s›est transformé en une institution internationale (OMC) dont les statuts ont été paraphés le 15 Avril 1994 à Marrakech, et qui est entrée en vigueur le 1er Janvier 1995. Forte de 160 pays membres, l›OMC est l›unique organisation qui administre l›ensemble des règles commerciales sur le plan international et l›enceinte où les gouvernements négocient les accords commerciaux.