Dans cet entretien à bâtons rompus, Chakib Ben El Khadir, administrateur Directeur général de Stokvis Nord-Afrique, nous parle des deux certifications de catégorisation obtenues chez la douane et, plus récemment, auprès de la Direction générale des impôts. L'occasion également de revenir sur la nouvelle stratégie du groupe dans le segment de l'automobile, matérialisée par son rapprochement avec le constructeur italien Fiat Group. Finances News Hebdo : Vous venez de rejoindre le club très fermé des entreprises catégorisées fiscales Classe A. Mais vous êtes déjà catégorisée par l'Administration des douanes et des impôts indirects (ADII) ? Qu'est-ce que cela a apporté à l'entreprise ? Chakib Ben El Khadir : La catégorisation constitue un gage de confiance pour nous dans notre relation avec l'Administration des douanes. Les déclarations douanières sont ainsi prises en l'état. D'habitude, quand vous importez de Chine par exemple, une commission de valeur estime la valeur réelle de la facture du bien acquis et veille ainsi à contourner le phénomène de la sous-facturation. Mais quand il y a catégorisation, les factures sont prises en l'état, car l'administration considère que l'entreprise fait preuve de sérieux et de sincérité. Nous avons également la possibilité de dédouaner les marchandises chez nous, ce qui représente un avantage non négligeable. Sachant que beaucoup de contentieux peuvent surgir quand la douane recense une quantité différente de celle déclarée, même si l'entreprise est de bonne foi. Mais quand vous êtes catégorisée, la douane trouve qu'il n'y a pas de raison pour vous considérer en situation de fraude. L'Administration des douanes reste très bienveillante à l'égard des entreprises catégorisées. Tout cela nous procure des avantages matériels. Outre la notoriété, on voit bien les résultats concrets, d'ordre financier, réalisés grâce à cette catégorisation. F.N.H. : Venons-en à la catégorisation fiscale cette fois-ci. Qu'attendez-vous de cette certification ? C. B. E. K.: Il est encore tôt pour parler des retombées de cette certification, car on vient de signer la convention avec la Direction générale des impôts. Mais, globalement, ce statut va permettre à Stokvis de bénéficier de services personnalisés et rapides dans le cadre d'un guichet dédié, un dispositif d'anticipation préalable à toute procédure de relance, ainsi que le traitement bienveillant de tout contentieux éventuel entre l'entreprise signataire et l'Administration fiscale. Parfois, par méconnaissance d'une nouvelle règle ou mesure d'une Loi de Finances, une simple erreur de forme peut coûter cher à l'entreprise. Le fisc n'est pas censé faire la distinction entre la bonne et la mauvaise foi. Il veille au strict respect de la réglementation. Quand vous êtes catégorisée, le fisc vous ouvre ses portes. Vous pouvez à tout moment consulter les cadres de l'Administration fiscale dans un climat empreint de confiance et de bonne volonté, ce qui permet d'éviter des situations lourdes financièrement. Nous pouvons, le cas échéant, les consulter sur l'opportunité d'une optimisation fiscale, chacun défendant sa position dans un cadre de compréhension tranquille, loin de toute suspicion de part et d'autre. F.N.H. : Dépendante de la qualité de la saison agricole, l'activité «matériel agricole» représente 20 à 30% du chiffre d'affaires consolidé de Stokvis. Comment abordez-vous la nouvelle saison qui vient à peine de débuter ? C. B. E. K.: De par mon expérience à la tête de Stokvis qui vend du matériel agricole depuis plusieurs années, il est très difficile de pouvoir préjuger la qualité d'une campagne. Parce qu'il faut qu'il pleuve assez bien, de manière généralisée sur l'ensemble des régions (ce n'était pas d'ailleurs le cas l'année dernière dans la région du Sud), et à une fréquence déterminée. Quand ces trois conditions ont été satisfaites, notamment lors de l'avant-dernière saison, le Maroc a réalisé une très bonne année agricole avec une production céréalière frôlant les 100 millions de quintaux. Certes, nous démarrons la saison actuelle avec un peu de retard, mais il n'y a aucune raison de ne pas être optimiste de manière mesurée. Dans le secteur du matériel agricole ou celui de l'agriculture de manière générale, il suffit d'une forte grêle pour voir la récolte se détruire. Nous sommes donc optimistes, mais lucides, et nous prions tous les jours pour qu'il pleuve bien un peu partout dans le pays. F.N.H. : Stokvis veut maintenir sa présence dans le segment de l'automobile malgré le douloureux épisode des voitures chinoises de votre filiale Pacific Motors. Quelle est la vision derrière le nouveau partenariat noué avec l'Italien Fiat Group ? C. B. E. K.: Nous avions entamé cette activité à travers l'importation des voitures chinoises. Malheureusement, ce business a plongé pour des raisons que chacun sait, notamment suite à la suspension de l'homologation. Cela dit, nous avons voulu rester dans l'automobile. C'est un business récurrent au regard des ventes enregistrées sur le marché ces dernières années (plus de 120.000 unités chaque année). Mais, pour commencer, il y a quasiment obligation aujourd'hui d'avoir une marque européenne parce que ce sont les marques qui marchent le mieux grâce à la suppression des droits de douane. Or, nous ne pouvons être importateurs de ces marques, puisqu'elles sont toutes déjà prises. Voilà pourquoi nous avons opté pour un système de concession. Ce choix nous a paru intéressant, quoique les marges restent faibles. Mais nous n'avons pas à gérer des stocks ou bien à construire un réseau propre à une marque. C'est dire qu'il y a un certain nombre d'avantages à être concessionnaire. En plus, nous entretenons de très bonnes relations avec les patrons de Fiat Group. Ainsi, après le lancement de la concession de Casablanca, nous avons acheté Fiat Rabat. Nous nous sommes fixés un programme de développement avec le groupe Fiat sur lequel je ne peux pas m'avancer pour l'instant. L'activité automobile (Fiat Rabat et Stokvis S.A) va générer 250 millions de DH de chiffre d'affaires cette année.