Les Suisses cherchent à se positionner sur le marché marocain des énergies renouvelables. Doris Leuthard, Conseillère fédérale suisse et Cheffe du département fédéral de l'Environnement, des Transports, de l'Energie et de la Communication (voir entretien) vient d'effectuer une visite de travail au Royaume pour renforcer les relations bilatérales dans ce sens. L'engagement du Maroc pour le développement des énergies renouvelables attise l'intérêt de la communauté internationale. En témoigne l'engouement affiché par bon nombre d'entreprises étrangères qui s'intéressent de plus en plus au marché marocain. La stratégie énergétique marocaine est plus qu'une ambition, une réalité qui se concrétise par le lancement de projets d'envergure donnant ainsi plus de visibilité aux investisseurs. Aujourd'hui, ce sont les investisseurs suisses qui manifestent leur intérêt pour ce marché. C'est dans ce sillage que s'inscrit la visite de travail effectuée récemment par Doris Leuthard, Conseillère fédérale suisse et Cheffe du département fédéral de l'environnement, des transports, de l'énergie et de la communication (Detec) au Royaume. La responsable helvétique s'est entretenue avec ses homologues marocains du ministère de l'Energie, de l'Environnement, de l'Eau et du Transport dans l'objectif de renforcer les relations bilatérales entre les deux pays, particulièrement dans le domaine des énergies renouvelables. Elle a par ailleurs animé une rencontre-débat, organisée par la Chambre de commerce suisse au Maroc, sous le thème «Les défis de la transition énergétique». Dans son allocution et après avoir salué les efforts et les avancées enregistrés par le Maroc dans ce domaine, la Cheffe de la Detec a rappelé les raisons ayant poussé les deux pays à opter pour une transition énergétique. «La réforme des subventions au Maroc et la sortie progressive du nucléaire en Suisse sont des défis qui montrent qu'une transition énergétique exige des visions à long terme et des décisions courageuses de la part des gouvernements», a-t-elle souligné en substance. Avec sa stratégie énergétique ambitieuse, le Maroc rejoint les grands objectifs de la stratégie énergétique du Conseil fédéral, ce qui explique l'intérêt que la Suisse porte aujourd'hui à notre pays. Une coopération à forte valeur ajoutée La catastrophe de Fukushima a marqué un tournant majeur dans l'histoire énergétique de la Suisse. En effet, devant l'impossibilité de construire de nouvelles centrales nucléaires, la Suisse a dû revoir sa feuille de route énergétique en décidant une sortie progressive du nucléaire. Le recours aux énergies renouvelables a donc été une évidence étant donné que le pays, comme le Maroc d'ailleurs, ne dispose que de l'énergie renouvelable comme source d'énergies nationale. Les défis de la transition énergétique et du basculement vers le développement des énergies propres sont de taille notamment dans un contexte marqué par la volatilité des prix internationaux du pétrole et du charbon. «Les prix de l'énergie abordables sont primordiaux pour une industrie florissante. Que ce soit pour un pays comme le Maroc qui cherche à implanter de nouvelles usines pour l'exploitation ou pour la Suisse dont l'industrie des machines-outils ou de la chimie est très gourmande en électricité», a rappelé la conseillère fédérale. Lors de cette rencontre, l'accent a également été mis sur la nécessité d'accroître les échanges d'expérience, de savoir-faire et de procédés utilisés entre les pays pour façonner l'avenir énergétique. «Aucun pays ne peut se permettre de faire cavalier seul. C'est pourquoi il est important que chacun produise ce dont il est le mieux capable et que nous échangions notre savoir-faire technologique. Ces échanges doivent aussi avoir lieu entre le Maroc et la Suisse», indique Doris Leuthard. Des motivations similaires L'approvisionnement en énergie propre, sûr, économiquement abordable et suffisant; les opportunités offertes par la transition donnant de nouvelles impulsions à l'économie notamment dans le domaine des technologies propres ainsi que la diminution des émissions de gaz à effet de serre sont autant de motivations ayant incité les deux pays à opter pour une transition énergétique. Une transition qui offre également la possibilité de devenir un pays exportateur d'électricité à condition de développer, en parallèle, le réseau électrique et de faire suivre le cadre réglementaire. Dans ce domaine, le Maroc pourrait s'inspirer du modèle suisse compte tenu que 11% de l'électricité de l'Europe provient de la Suisse. Un modèle qui repose sur une stratégie énergétique à l'horizon 2050 ainsi que sur celle des réseaux électriques et que le gouvernement fédéral suisse compte financer par le partenariat public/privé et non pas par les subventions étatiques. La Conseillère fédérale suisse a conclu son intervention en insistant sur le rôle de la recherche et de la formation professionnelle mais aussi des IT dans l'aboutissement de la transition énergétique.