L'industrie textile, à travers sa nouvelle Stratégie 2025, s'est fixée un challenge de taille, celui de porter de 28 à 34 Mds de DH le chiffre d'affaires généré à l'export d'ici 2020. Atteindre cet objectif ne sera pas une sinécure compte tenu des contraintes structurelles qui pèsent sur le secteur. Pour autant, la nouvelle Stratégie 2025 constitue un instrument de choix à même de revigorer le secteur. La dernière assemblée générale récemment tenue par l'Association marocaine des industries du textile et de l'habillement (AMITH) a remis au devant de la scène les enjeux du secteur du textile, à savoir, entre autres, l'impératif de creuser sa compétitivité pour faire face à la concurrence de plus en plus effrénée des pays émergents, pour ne citer que ceux de l'Asie en général et la Turquie. A cette exigence s'ajoute celle de la montée en gamme des produits nationaux de textile pour en accroître la valeur ajoutée. L'assemblée générale de l'AMITH s'est tenue dans un contexte particulier. En effet, le textile accuse un repli concernant ses ventes à l'étranger. Il constitue aujourd'hui l'un des métiers mondiaux du Maroc (MMM) qui affiche le moins de dynamisme à l'export contrairement à des branches d'activité comme l'aéronautique, l'automobile ou l'électronique. Faudrait-il rappeler qu'au début des années 2000, l'industrie nationale était encore dominée par deux secteurs qui étaient le textile et l'agroalimentaire. Ces deux industries représentaient à elles seules près de 72% des exportations du secteur industriel. A présent, on est bien loin de cette physionomie, puisqu'elles sont devenues des branches en perte de vitesse comme en témoigne leur faible taux de progression à l'export. Après ce bref rappel, il y a lieu de souligner qu'en se penchant sur le dernier rapport d'activité de l'AMITH, il est assez aisé de s'apercevoir que le nouveau plan du textile à l'horizon 2025, dont certains objectifs devraient être atteints d'ici 2020, déborde d'ambition, même s'il faut bien reconnaître qu'atteindre les résultats escomptés ne sera pas une tâche facile. La feuille de route sera-t-elle à la hauteur des enjeux ? Il est utile de rappeler d'emblée que les piliers de la stratégie 2025 s'agrègent autour de cinq points que sont : la sécurisation et le développement du marché local, un meilleur positionnement à l'international, l'attraction de nouveaux acteurs et de compétences. A cela s'ajoutent la création d'un fonctionnement sous forme d'écosystème et enfin le déploiement d'une offre de soutien autour de mesures structurantes. En termes d'objectifs chiffrés, la nouvelle stratégie s'emploiera à générer d'ici 2020 près de 100.000 emplois additionnels, tout en engendrant un chiffre d'affaires de 55 Mds de DH, dont 34 Mds de DH à l'export et 21 Mds de DH sur le marché local. A l'horizon 2025, l'objectif majeur est de porter le chiffre d'affaires total à 100 Mds de DH. Cela dit, il est clair qu'atteindre ce but s'avère être un réel défi, surtout si l'on sait que le secteur du textile devrait produire cette année un chiffre d'affaires de 44 Mds de DH, dont 28 Mds de DH à l'export et 16 Mds de DH sur le marché local. En plus, le secteur doit faire face à des containtes structurelles liées à la main-d'oeuvre en termes de coût et de formation. D'ailleurs, l'AMITH tire la sonnette d'alarme sur les récentes mesures d'augmentation du Smig (décembre 2013). Pour cause, l'ouvrière marocaine sera deux fois plus chère que l'ouvrière égyptienne et une fois et demie plus qu'une travailleuse tunisienne. L'impact de la hausse du SMIG sur l'industrie textile est bien réel, puisque le secteur a perdu 43.000 emplois en moins de 3 ans, notamment en raison de l'augmentation de 17,5% du SMIG lors de ces dernières années. A l'évidence pour une industrie qui devra compter sur une réelle montée en gamme de ses produits afin d'accroître sa compétitivité, la formation d'une main-d'oeuvre qualifiée devient alors un enjeu proéminent. De ce point de vue, l'Amith se montre proactive car l'école Casa Mode Academy et la création de cycles d'ingénieurs et de masters devraient élargir le vivier de talents du secteur. A noter qu'à l'horizon 2020, l'Amith milite activement pour la mise en place de deux clusters que sont Denim MDC et TUT C2TM. Ces mesures devraient sensiblement apporter un saut qualitatif à l'industrie textile. Autre point, autres griefs : le secteur pèche au niveau de sa réindustrialisation qui nécessite un important effort d'investissement. Au final, quel que soit le volontarisme de l'AMITH et des professionnels, les objectifs de la Stratégie 2025 ne pourront être atteints qu'avec le soutien effectif de l'Etat. A ce titre, le nouveau plan pour l'accélération industrielle (2014-2020), doté de 20 Mds de DH, suscite beaucoup d'espoir auprès des professionnels.