Le textile intelligent offre de nombreuses opportunités pour le Maroc. 15 segments d'activité ont été identifiés. Sur le plan international, plusieurs pays ont réussi leur mutation. Les crises successives ayant secoué le textile-habillement ont mis en évidence la nécessité d'une forte adaptation aux différentes mutations que connaît cette industrie et l'exploration de nouvelles niches. La dernière en liste des évènements est la crise financière internationale qui n'a pas manqué d'avoir des incidences sur la branche aussi bien sur le plan international que national. A l'occasion d'une rencontre initiée récemment par l'AMITH en partenariat avec l'ESITH sur le textile technique, Sajid, président de l'AMITH, a tenu à rappeler que suite à la crise internationale, l'Association, en partenariat avec les pouvoirs publics, a mis en place un certain nombre de mesures à même de sauvegarder le tissu local. Aussi, le partenariat public-privé a été au rendez-vous avec pour leitmotiv d'offrir aux acteurs locaux les mêmes chances que celles dont bénéficient les étrangers et permettre ainsi un meilleur ancrage au marché local. «Grâce à ces mesures, on est passé d'une phase d'incertitude à une autre plus dynamique basée sur un investissement à même de profiter des synergies qu'offre le secteur en partenariat avec les autres plans de développement (Azur, Emergence, Plan vert…)», annonce le président de l'AMITH. Aujourd'hui, les regards des professionnels sont braqués sur le textile à usage technique (TUT) comme une niche riche en potentialités. Ils essaient d'identifier les segments de marchés des textiles techniques les plus porteurs, les partenariats à nouer, les stratégies à mettre en œuvre et les appuis nécessaires aux entreprises. Ces textiles à usage technique appelés également industriels, intelligents ou fonctionnels, se définissent par leur usage final dans les différents domaines d'application. Ils répondent à des exigences technico-qualitatives élevées (performances mécaniques, organiques ou protectrices) pour s'adapter à une fonction technique et demandent un effort constant d'innovation et d'industrialisation. Sur le plan mondial, le marché des TUT peut être estimé à 88 milliards d'euros et 23 millions de tonnes pour l'année 2009. La production mondiale de TUT est en progression constante depuis 1995, tant en valeur qu'en volume de plus de 5% par an. Les responsables sont persuadés que cette hausse va se poursuivre à un rythme soutenu, 2,5% à 8% par an, suivant les zones géographiques et que le marché devrait atteindre, en 2012, un chiffre d'affaires de plus de 100 Mds d'euros. A l'horizon 2020, la répartition entre les différentes zones évoluera en fonction d'un certain nombre d'éléments tels que le développement de la construction automobile en Chine, en Inde, au Brésil, au Maroc et en l'Europe. En vue de faire face aux besoins sans cesse croissants de son infrastructure, la Turquie a mis en route, dès le début des années 2000, un redéploiement de ses entreprises de textiles traditionnels vers les TUT. Les autres éléments déterminants sont le transfert quasi-total de la production de textiles destinée à l'habillement sportif (chaussures, tenues de sport…) vers l'Asie du Sud-Est ainsi que la décroissance de la production de TUT des USA au détriment de l'Europe dans les produits les plus évolués. TUT : un gisement à exploiter Le textile marocain est un secteur porteur d'avenir et il est temps qu'il s'engage sur la voie d'un redéploiement pérenne en sortant du concept étroit de l'habillement ou de l'ameublement traditionnel. De l'avis des professionnels, le Maroc pourrait viser une part de marché de 25% à l'horizon 2020. Afin de correspondre au mieux aux spécificités du Maroc, il a été procédé à la division du marché mondial des textiles à usage technique. 15 segments d'application ont été ainsi identifiés. On peut citer l'industrie automobile qui présente des opportunités importantes pour l'industrie marocaine du textile, en particulier dans le segment des sièges et garnitures de portes avec un process proche du domaine du textile d'ameublement, une clientèle déjà existante au Maroc et celle des airbags avec une technologie connue. Dans le domaine de l'industrie, au sens large du terme, les textiles techniques trouvent des applications nombreuses, diverses et souvent pointues. Les principaux domaines utilisant le TUT sont l'acoustique, l'électricité, l'abrasif, l'électronique, la filtration… Aussi, dans le secteur de l'agriculture, il existe des opportunités importantes pour la protection des cultures. Dans les pays occidentaux, avec 10% de la production et 8% du CA des textiles techniques, ce segment a déjà tiré parti des nouvelles fibres et le marché de remplacement des anciens produits est mature, ce qui est loin d'être le cas pour le marché local marocain. Dans le cadre du Plan Maroc vert, la volonté exportatrice de l'agriculture marocaine offre des perspectives de développement importantes pour les textiles techniques. Les cultures couvertes se développement de plus en plus et représentent aujourd'hui une superficie de plus de 15 milles hectares. Ce chiffre doit être multiplié par deux dans les années à venir. Le marché intérieur marocain de la construction présente également des opportunités importantes, avec le développement rapide des immeubles collectifs et des maisons individuelles. De plus, l'impact des risques dus aux secousses sismiques pourrait être minimisé grâce à ces nouveaux matériaux textiles. Tout ce qui précède laisse prédire que le Maroc pourrait entrer dans une phase opérationnelle en prenant les mesures collectives et individuelles qui peuvent l'aider à réussir sa mutation. «Il est désormais indispensable de renforcer les capacités d'investissement des entreprises pour accompagner les entreprises du textile technique dans le renforcement de leur capacité d'investissement en combinant l'investissement productif, la saisie d'opportunité de marché et la protection face aux aléas concurrentiels», conclut le président de l'AMITH.