Jacques Prost, Directeur général du Groupe Renault Maroc, explique dans l'entretien qui suit les enjeux de la vision 2014-2016 lancée par son groupe et les éléments sur lesquels il veut capitaliser pour consolider son développement. Finances News Hebdo : Le Groupe Renault Maroc vient de lancer la Vision 2014-2016. Quelle place occupe le développement des filières industrielles automobiles locales dans cette projection ? Et qu'en est-il du niveau d'intégration des voitures montées localement ? Jacques Prost : Renault se considère comme un partenaire privilégié du gouvernement marocain pour développer l'industrie automobile en cohérence totale avec le Plan d'accélération industrielle 2014 – 2016. Nous sommes à ce stade le seul constructeur installé avec notre pôle industriel constitué par nos deux usines de Casablanca et de Tanger, qui fabriquent aujourd'hui 4 voitures de notre gamme Entry, à savoir Lodgy, Dokker, Sandero et Logan. Notre réel objectif est d'aller à terme vers la pleine activité. D'abord, nous travaillons avec la maison-mère pour installer de nouveaux projets, dans le cadre de la stratégie Afrique de Renault, qui renforceront notre activité industrielle. Ensuite, nous développons une plateforme d'export appelée ILN (International Logistics Network) qui permet l'export de pièces réalisées dans l'usine Renault-Nissan de Tanger ou chez des fournisseurs locaux, vers d'autres usines de Renault notamment en Inde, au Brésil, en Russie ou en Colombie. L'ILN représentera d'ici 2016 des centaines de conteneurs exportés par mois à travers le port de Tanger Med, renforçant ainsi l'activité d'export du Royaume du Maroc. Renault Maroc compte en effet maintenir, voire même élargir son rôle de locomotive du développement de l'industrie automobile au Maroc, en améliorant le taux d'intégration locale, qui est aujourd'hui à 45% de pièces localisées et qui devrait atteindre grâce au travail entrepris en partenariat avec le ministère de l'Industrie et l'AMICA, à 55% à fin 2016. F.N.H. : Votre groupe est un acteur incontournable au niveau de la formation industrielle automobile à travers la création d'un institut dédié, disposez-vous actuellement des ressources humaines suffisantes et qualifiées pour atteindre vos objectifs ? J. P. : L'arrivée de Renault a permis le transfert d'expertise dans des domaines inexistants auparavant au Maroc. Ce transfert a été réussi grâce aux expatriés qui ont transmis leur savoir-faire à la relève marocaine dont Renault est si fière aujourd'hui. Aussi, l'IFMIA (Institut de formation aux métiers de l'industrie automobile) a dispensé, il y a quelques mois, sa millionième heure de formation. Les 5.000 collaborateurs de l'usine Renault-Nissan ont été formés dans cet institut. Ce dernier a d'ailleurs obtenu de la part des autorités marocaines le statut qui lui permettra de s'ouvrir aux entreprises externes, devenant ainsi une référence de formation dans les métiers de l'industrie automobile. Comme je le dis souvent, notre capital humain est notre richesse. Et je ne ménagerai aucun effort pour donner un avenir attractif et passionnant à chaque collaboratrice et collaborateur de Renault Maroc. F.N.H. : Au niveau commercial, vous êtes leader au Maroc à travers les marques Dacia et Renault. Quels sont les éléments qui vont vous permettre de consolider ce positionnement, surtout que le marché connaît une concurrence acharnée ? J. P. : Pour ce qui est du maintien de notre part de marché, nous comptons consolider ce positionnement grâce au renouvellement de la gamme Dacia avec Logan phase II, Sandero phase II et Duster phase II, en plus de Lodgy et Dokker et aussi le renouvellement de la gamme Renault qui a commencé avec Clio IV et qui continue avec Captur et la Nouvelle Mégane, présentée récemment lors du salon Auto Expo de Casablanca. Il y a aussi la transformation de notre réseau commercial. Nous sommes en train de mettre l'ensemble de nos showrooms aux standards et fondamentaux du Groupe Renault afin de garantir la meilleure satisfaction de nos clients. Enfin, notre position de leader en part de marché sera soutenue par l'extension de notre couverture commerciale à travers le Royaume. Nous travaillons sur l'ouverture de 11 agents directs à fin 2014 et la mise en place de 4 succursales à Casablanca dont 3 sont déjà opérationnelles. Le déploiement de cette couverture territoriale va se poursuivre jusqu'en 2016. F.N.H. : Renault Maroc a montré qu'il est un acteur engagé dans les domaines sportif, culturel et social, quelle place occupe la RSE dans le cadre de la vision 2016 ? J. P. : Renault Maroc a mis en place, depuis quelques années, une politique de responsabilité sociale de l'entreprise ayant comme principaux axes : la mobilité durable, l'éducation et la sécurité routière. Nous considérons, en tant qu'entreprise citoyenne, qu'il est important de veiller à la protection de l'environnement. Pari réussi avec l'installation d'un système de biomasse qui fait de l'usine Renault-Nissan de Tanger, une usine à zéro émission de CO2 et zéro rejet d'eaux industrielles. Ce système innovant a d'ailleurs obtenu la reconnaissance de l'ONU en 2013. Concernant la sécurité routière, nous avons lancé en 2013 le dispositif «Tkayes» qui a permis à Renault de réaffirmer son engagement en faveur de la sécurité routière. Sur le volet éducation, nous avons fait des dons de 7 bus scolaires à la province Fahs-Anjra et avons lancé un ensemble d'actions pour contribuer à la réduction de l'abandon scolaire, notamment pour les filles, mais aussi à notre ancrage local au niveau de Tanger. Nous avons aussi décidé pour renforcer le positionnement de Renault Maroc en tant qu'entreprise responsable, de créer la «Fondation Renault Maroc» avec comme positionnement «La Sécurité routière et l'éducation». Cette fondation sera basée à Tanger, ville qui bénéficie aujourd'hui d'une volonté royale pour devenir le deuxième pôle économique du Royaume, après Casablanca, à l'horizon 2016.