Les experts de la Banque mondiale sont formels : le Maroc n'a d'autres choix si ce n'est de s'intégrer plus fortement aux nouvelles chaînes de valeur des échanges internationaux, et ce afin de tirer son épingle du jeu dans la nouvelle configuration du commerce international. Ce qui amène à s'interroger sur le nombre de produits exportés (2.949), au stock d'entreprises exportatrices, au taux de survie des nouveaux produits, ou encore à la centralité du Royaume dans la dynamique des échanges internationaux. Le forum public-privé dédié à l'ouverture économique du Royaume, récemment organisé à Rabat par le ministère de l'Economie et des Finances et la Banque mondiale a permis de recentrer le débat public sur les enjeux des échanges extérieurs et leurs implications sur l'essor économique du Maroc. A ce titre, faudrait-il rappeler que les ventes à l'étranger sont pourvoyeuses d'emplois et de devises pour le pays, tout en constituant un relai de croissance pour les entreprises exportatrices. Aujourd'hui, il serait difficile de nier que le Royaume tente tant bien que mal de s'intégrer dans les nouvelles chaînes de valeur des échanges mondiaux, largement dominés par les produits à haut contenu technologique dont la demande au niveau mondial et surtout dans les pays émergents ne cesse d'augmenter. Il suffit de passer en revue l'évolution des exportations inhérentes aux métiers mondiaux du Maroc (MMM) pour ne citer que l'offshoring, l'électronique, l'aéronautique et l'automobile pour s'apercevoir de cette nouvelle spécialisation du pays. Toujours est-il que le Maroc accuse un déficit commercial avec tous les pays avec lesquels il a signé un accord de libre-échange. Ce qui prouve que les exportations liées aux MMM n'ont pas encore substantiellement permis de remédier au caractère structurellement déficitaire de la balance commerciale. Les autres raisons que tout le monde connaît (importations incompressibles, manque de compétitivité de l'offre exportable, etc.) pèsent lourdement sur le déséquilibre des échanges extérieurs. Un tel diagnostic a induit les experts de la Banque mondiale à tirer la sonnette d'alarme sur le caractère impérieux d'intégrer l'offre exportable nationale aux nouvelles chaînes de valeur des échanges internationaux et même régionaux. Les prérequis nodaux Lors du forum public-privé sur l'ouverture économique, Mariem Malouche de la Banque mondiale a salué l'effort déployé par le Maroc pour la transformation de la structure de ses exportations. A ce titre, elle a souligné que des métiers pour ne citer que le textile (à faible valeur ajoutée) cède le pas à d'autres segments plus riches en contenu technologique (fabrication de machines, d'outils, etc.) en ce qui concerne les ventes à l'étranger. Ce qui est de bon augure d'après elle, vu le dynamisme que connaissent ces produits sur les nouveaux marchés. Toutefois, l'experte de la Banque mondiale estime que des efforts doivent être déployés pour augmenter davantage les exportations des produits de moyenne technologique qui ont cru en moyenne de 23% et de 5% pour ceux de haute technologie. L'intégration aux nouvelles chaînes de valeur du commerce international et surtout d'en tirer profit, suppose aussi que le Maroc soit à même d'accroître le taux de survie de ses nouveaux produits à l'export. D'après la Banque mondiale, ce chiffre est de 59%, ce qui prouve la marge de progression en la matière. Cela étant dit, un obstacle de taille se dresse au renforcement de la position du pays dans le jeu des échanges commerciaux. Il s'agit de la forte concentration des exportations au niveau des 5% des plus grandes firmes exportatrices du pays. Ces dernières s'arrogent l'essentiel des exportations nationales en valeur, composées de 2.949 produits. Ce qui dénote le faible stock d'exportateurs et de produits vendus à l'étranger en comparaison avec les autres pays émergents (Turquie, Brésil, Inde, Chine). L'autre écueil est que la plupart des entreprises nationales se contentent du confort du marché domestique pour ne pas s'intéresser suffisamment à l'activité exportatrice. Ainsi d'après Mariem Malouche, les exportations ne représenteraient qu'entre 2 et 10% du chiffre d'affaires de la plupart des entreprises au Maroc. Par ailleurs, la dynamique régionale est un atout de taille pour le pays qui a le potentiel d'accroître sa centralité au niveau régional en renforçant ses exportations dans les pays du Maghreb. Cette opportunité avérée a poussé certains intervenants lors du forum public-privé à parler de l'intégration du pays dans les chaînes de valeur régionale. Ce qui est d'autant opportun si l'on sait que le succès de l'Afrique du Sud dans le commerce international tient quelque part au rôle de pivot qu'elle joue au niveau des échanges commerciaux dans son environnement immédiat. Au final, le récent plan d'accélération industrielle (doté de 20 Mds de DH) qui a pour ambition de porter la part de l'industrie de 15 à 23% dans le PIB peut être un puissant levier permettant au Maroc de se faire une place de choix dans les nouvelles chaînes de valeur des échanges mondiaux.