L'offre exportable marocaine se caractérise par la concentration sur un nombre de produits limités. Le taux de progression des parts de marché des exportations reste faible par rapport à d'autres pays à développement similaire. En dix ans, le déficit de la balance commerciale a été multiplié par cinq. Les efforts déployés par le Maroc pour s'ancrer dans la dynamique du commerce international sont perceptibles. A ce titre, il convient de se rappeler des multiples accords de libre-échange (ALE) signés avec plusieurs pays (Etats-Unis, Turquie, accord d'Agadir avec les pays arabes) depuis l'adhésion du Royaume à l'OMC en 1995. Force est d'admettre que les échanges internationaux apportent au pays des devises et permettent surtout la création d'emplois. «Toutefois, pour que ces effets soient amplifiés et puissent avoir un impact positif sur les principaux indicateurs macroéconomiques, il est impératif que l'offre exportable nationale soit plus diversifiée et réorientée vers des produits à moyenne ou haute technologie», notent les analystes de la DEPF. Un bilan en demi-teinte Ces dernières années ont vu le foisonnement de plusieurs plans (Emergence, Maroc Export, Halieutis, etc.) qui devraient en principe constituer un levier pour propulser les exportations. Mais les résultats escomptés ne sont guère au rendez-vous. Entre 2000 et 2011 le taux de progression des importations a pratiquement doublé au détriment des exportations. Cette progression des importations en valeur était de 112 Mds de DH en 2000, contre 214 Mds en 2011. Le taux d'ouverture de l'économie ne cesse de grimper (60%) comparativement à un pays comme l'Egypte (39%). Les exportations marocaines restent foncièrement centrées vers le bastion européen, ce qui lie l'économie nationale à la fragilité économique des pays européens depuis 2008. C'est pourquoi il est nécessaire de diversifier les partenaires économiques du Royaume en s'ouvrant sur des pays dont la croissance économique frôle les deux chiffres. (Brésil, Inde, Chine, etc.). L'accroissement de la demande intérieure (biens d'équipements, énergie) a aussi impacté la hausse du taux de pénétration de l'économie nationale. Les importations couvrent désormais prés de 33,6% du marché intérieur, contre 25% en 2005. On observe aussi une dégradation du taux de couverture des importations par les exportations. Ce taux n'est actuellement que de 48%, contre 74% en 1997. Ce qui reste faible par rapport à un pays comme l'Algérie où il est de 180%. Le plus alarmant aux yeux de certains, est l'amplification du déficit de la balance commerciale. Ce déficit s'est multiplié par cinq passant de 44 Mds de DH en 2000 à 201 Mds de DH en 2012. La progression des parts de marché du Maroc reste faible par rapport à certains pays concurrents. Ce taux de progression est de 0,11% et celui de la Jordanie est de 0,18%. A l'inverse, d'autres pays émergents ont pu considérablement améliorer leur taux de progression de parts de marché (Turquie, Inde, Chine, Egypte). Une offre exportable fortement concentrée Le Maroc dispose d'une offre exportable dont la configuration laisse apparaître une catégorie de produits qui améliore très nettement la croissance des exportations nationales et une autre catégorie de produits en perte de vitesse et détériorant, par conséquent, l'offre exportable nationale. Les produits phares de l'exportation nationale sont caractérisés par une forte croissance dans le commerce international et provoquent des gains de parts de marché pour le Royaume. Il s'agit des équipements destinés à l'électrification, les engrais et, enfin, les produits à moyenne et haute technologie liés aux métiers mondiaux du Maroc (MMM). Les exportations des nouveaux métiers (automobile, aéronautique, offshoring) ont représenté 97 Mds de DH en 2012 avec une croissance annuelle de 6%. Entre 2008 et 2012, les exportations afférentes à l'automobile ont connu une croissance de 98 %. Ce qui reste exceptionnel. Certaines études démontrent que l'automobile pourrait à terme, améliorer la balance commerciale de 38 Mds de DH. Dans le même registre d'après des études prospectives, l'offshoring pourrait aussi à l'horizon 2015 générer un chiffre d'affaires de 20 Mds de DH. Les produits les moins performants sont pour leur part, à forte croissance dans le commerce international. Mais le Maroc perd des marchés dans le domaine de l'exportation des produits agricoles (fruits et légumes) et halieutiques. Globalement, pour la Direction des études et des prévisions financières (DEPF), l'offre exportable marocaine est concentrée sur certains produits à faible technologie. A cela s'ajoutent un manque d'innovation et une main-d'œuvre non qualifiée. Les prix des phosphates et du textile sont fortement dépendants des fluctuations du marché. Par ailleurs, notons que de lourdes contraintes (environnement international fortement concurrentiel, main-d'œuvre peu spécialisée, entre autres) pèsent sur l'essor des exportations nationales. Mais il ne s'agit nullement d'une fatalité car certaines mesures pertinentes peuvent constituer de véritables tremplins pour une offre exportable plus dynamique pouvant conquérir plus de parts de marché. Parmi les mesures à prendre, il convient de stabiliser la situation macroéconomique du pays en mettant en place des réformes structurelles et institutionnelles. Relever le défi de la compétitivité suppose aussi préalablement la valorisation du capital humain (formation, amélioration du taux d'alphabétisation). Cela a pour corollaire le renforcement de l'adaptation des formations aux besoins du marché du travail. L'Etat et le secteur privé doivent davantage investir dans la recherche et le développement (R&D) pour faire émerger l'innovation. Les difficultés de plus en plus grandissantes quant à l'accès des PME au financement (manque de liquidité, frilosité des banques) doivent être résorbées car les entreprises ne peuvent investir sans cet apport financier. S'il est clair que des efforts doivent être multipliés pour ancrer le Maroc sur la voie de la compétitivité, l'implantation de grandes firmes multinationales comme EADS, Bombardier et Boeing atteste aussi de potentialités énormes dont le Royaume recèle.