Si le secteur bancaire a fait de la monétique un réel levier de croissance, l'Etat est à son tour appelé à enclencher une nouvelle dynamique du secteur. Du paiement électronique à la carte bancaire, les solutions ne manquent pas et sont en mesure de digitaliser le cash, améliorer l'inclusion financière et, surtout, assurer simplicité et sécurité au service rendu aux citoyens. Il va sans dire que la vulgarisation de l'usage de la carte bancaire au Maroc a permis, par des truchements, un développement accéléré de l'économie numérique au Maroc. «Mais si l'utilisation de la carte bancaire dans la région a connu un nette progression ces dernières années, il reste tout de même une importante marge de croissance à explorer. Un potentiel pour la carte bancaire, mais aussi pour les nouveaux gisements de croissance comme les applications gouvernementales, celles liées au commerce et au transport», explique Hassan Alaoui, le président de iConférences, organisateur du salon de la monétique «Cartes Afriques». L'événement dont la 9ème édition s'était tenue récemment à Marrakech, a été l'occasion de mesurer l'importance et le rôle des Etats en tant que prescripteurs par le biais de leurs stratégies e-gov mais également en tant que régulateurs dans une branches qui, in fine, est le vase communicant avec d'autres secteurs qu'ils soient économiques, financiers ou sociaux. Exemple a été d'ailleurs donné par Faissal Khdiri, le vice-président et directeur régional de MasterCard Maroc, membre du comité scientifique de Cartes Afriques 2014, de l'expérience de son groupe au Nigeria où a été lancée la première carte d'identité nationale qui est également carte de paiement. Une expérience qui a ciblé les 16 à 24 ans avec pour objectif d'atteindre 30 millions de cartes du genre. Une carte qui peut être un support à d'autres fonctionnalités comme le permis de conduire ou également la carte grise. Au Maroc, si le secteur bancaire a été pendant longtemps, et le demeure d'ailleurs, un des principaux leviers de croissance de la monétique, bien que le taux de bancarisation est à améliorer, l'Etat a enclenché une nouvelle dynamique à l'économie numérique, servant et se servant à la fois de la monétique. Les opportunités qu'offre le eGov dans le développement des paiements électroniques mais également l'usage de la carte ouvrent des perspectives prometteuses au Maroc. En effet, depuis plusieurs années, le CMI, acquéreur historique des transactions de paiement par cartes bancaires, accompagne les organismes gouvernementaux dans la mise en oeuvre de leurs projets de dématérialisation des procédures administratives (DGI, Douane, Régies, Agences urbaines, etc.). C'est ainsi que les contribuables peuvent régler leurs taxes ou les amendes transactionnelles forfaitaires en ligne. En 2012, et suite à une refonte du mode de tarification des ces transactions – avant cette date, c'était le contribuable qui s'acquittait des frais relatifs aux transactions en ligne – les volumes de paiement sur le site de la TGR ont plus que doublé, souligne le Directeur général du CMI. La majorité des régies de distribution d'eau et d'électricité proposent déjà le paiement en ligne ou sont en passe de démarrer leur site et leurs clients trouvent dans ce canal de paiement simplicité, praticité et gain de temps. Autre exemple de simplicité et de proximité qu'offre désormais le e-gov est celui du site www.watiqa.ma, un guichet électronique de commande de documents administratifs, explique Boubker Badr, le Directeur de l'Economie numérique (voir entretien). Des perspectives prometteuses Parmi les opportunités qu'explore le CMI et qui représentent un potentiel important à la fois de bancarisation mais aussi de diffusion de la culture du paiement électronique auprès des Marocains, figurent en bonne place les projets d'aides gouvernementales. En effet, le CMI et ses partenaires sont en mesure de déployer auprès des administrations publiques des dispositifs innovants qui s'appuient sur la technologie monétique, pour gérer et distribuer les aides, qu'elles soient directes ou conditionnées. «Notre pays peut valablement s'appuyer sur la carte portant le label cmi en mode prépayée, pour équiper les populations éligibles aux aides gouvernementales, même quand elles ne disposent pas d'un compte bancaire. Cette carte servirait de support d'identification, mais permettrait également de recevoir de façon sécurisée et traçable, les montants des aides directes, ou les subventions proportionnelles», explique le DG du CMI. A l'instar des dernières innovations mondiales, la proposition de valeur du CMI repose sur un coût de production et de traitement des plus compétitifs, sur un réseau bancaire partenaire qui permettrait le retrait des aides au niveau de tous les GAB du pays, et sur près de 30.000 commerçants de proximité équipés de TPE dans toutes les régions du Royaume. Les TPE serviraient aussi bien à confirmer l'identité des personnes éligibles, mais peuvent également être équipés de solutions spécifiques en fonction des besoins des administrations concernées (ministère de l'Intérieur, Caisse de compensation etc.). Aussi, et grâce à sa plateforme de Mobile Payment, le CMI propose-t-il des solutions multicanal qui peuvent s'adapter à toute typologie de clientèle et de téléphones. Autant de solutions en mesure de digitaliser le cash, améliorer l'inclusion financière et surtout assurer simplicité et sécurité du service rendu aux citoyens. «On peut se prendre à rêver du jour où les aides de la Caisse de compensation seront transmises tous les mois aux bénéficiaires éligibles qui recevraient alors des sms leur indiquant les codes de retrait à saisir au niveau de n'importe quel GAB, sans avoir besoin d'une carte bancaire. Ou encore, que le calcul de la subvention soit fait au niveau du Terminal de paiement instantanément au moment de la transaction d'achat effectuée par le porteur éligible», ambitionne le DG du CMI. En attendant, le CMI travaille avec ses partenaires sur le projet d'aide directe aux transporteurs (taxis, camionneurs,) relative à la prise en charge du surcoût du prix des carburants suite à la mise en place de l'indexation des prix du pétrole, et qui servira de véritable laboratoire pour ce type de projets gouvernementaux.