Les Assises nationales de l'agriculture, ouvertes en grande pompe à Meknès le 23 avril, ont donné la couleur de ce que serait la 7ème édition du Salon international de l'agriculture, ouvert le lendemain 24, sous la présidence de SAR le Prince Moulay Rachid. La présence à cette manifestation annuelle de deux présidents africains, de la Guinée Conakry, Alpha Condé, et du Mali, Ibrahim Boubakar Keita, du Directeur général de la FAO, José Graziano da Silva, et de très nombreuses délégations venues d'Europe, d'Afrique, d'Amérique et des pays arabes, de plusieurs membres du gouvernement marocain et d'ambassadeurs accrédités à Rabat, a vite démontré le caractère universel du thème retenu : «l'Agriculture familiale» ! C'est peu dire que ce thème a inspiré tous ceux qui participent à cette manifestation qui a désormais pris ses marques. Le PIB agricole marocain est en pleine croissance, soit 43% cette année, qui laisse derrière lui le reste des activités... La 7ème édition du SIAM est tombée à point nommé, à l'heure où Maroc et Union Européenne sont confrontés au problème de la fixation des prix relatifs aux fruits et légumes que l'Europe importe du Maroc. La bonne nouvelle, annoncée dès le premier jour, est que la récolte céréalière de cette année sera de 67,3 millions de quintaux, dont 37 millions concernent le blé tendre. C'est ce que le ministre de l'Agriculture et de la Pêche maritime, Aziz Akhannouch, a annoncé dans son discours d'ouverture des Assises nationales. Discours d'introduction qui a donné le ton et rappelé que le secteur agricole fait vivre 500 millions de familles à travers la planète et 750.000 exploitants au Maroc intervenant pour 30% du PIB agricole. Entre 2008, date du lancement du Plan Maroc Vert (PMV), et 2013, le secteur a connu une croissance de 43% contre 23% pour les autres secteurs de l'économie nationale. Et la production végétale est passée entre 2008 à aujourd'hui de 2,8 tonnes à l'hectare à 3,5. Il a estimé que «la croissance agricole a été de 7,6% durant la période 2008-2013 pour une croissance économique nationale de 4,6% au cours de la même période», mettant en exergue en somme la place et le poids de l'agriculture. Ce qui est important, dira-t-il dans la foulée, «ce sont les défis à relever par les filières agricoles et les professionnels, relatifs à la valorisation et à la restructuration du marché». L'hommage de l'Afrique à SM le Roi Les performances du Plan Maroc Vert, lancé par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, dans la continuité d'une vision mise en oeuvre il y a plus de quarante ans par feu Hassan II, ont suscité un vif intérêt auprès des chefs d'Etat de la Guinée Conakry et du Mali qui se sont empressés, tour à tour, à souligner leur volonté de se «l'approprier» ! Ce fut à vrai dire un flot d'hommages au Plan Maroc Vert des deux dirigeants africains qui n'ont pas tari d'éloges dans leurs interventions au Roi du Maroc, qualifié de «sage», de «maître à penser» et de visionnaire. Le président guinéen a estimé que le PMV constitue une «école pour toute l'Afrique», rendant un hommage exceptionnel au Souverain qui, rappelle-t-il, m'a simplement déclaré lors de sa visite en février en Guinée : «Venez au Maroc vous rendre compte vous-mêmes des résultats du Plan Maroc Vert et de nos efforts à développer le secteur» ! Ibrahim Boubakar Keita, président du Mali, a affirmé pour sa part que «la vision de SM le Roi Mohammed VI est porteuse pour toute l'Afrique et que le Souverain bénéficie au Mali d'une immense popularité du peuple malien qui nourrit à son égard une affection particulière». Les deux chefs d'Etat se sont fait forts, en effet, de défendre le modèle de développement agricole du Maroc. Pour sa part, le Directeur général de la FAO a fait un plaidoyer «pro domo», des performances et de la vision du Maroc, annonçant que le Maroc sera primé en juin prochain par l'Organisation onusienne pour avoir réalisé les objectifs du Millénaire pour le développement, et ce, deux ans à l'avance. C'est dire que la vision, lancée sur des chapeaux de roue en 2008, aujourd'hui en plein régime de croissance, illustre la volonté des pouvoirs publics non seulement de maintenir un cap d'expansion exceptionnelle, mais d'aller de l'avant. En termes d'investissements dans le secteur agricole, publics et privés, on a enregistré un doublement du chiffre depuis 2008, car ils sont passés de 7 milliards de dirhams à 14 milliards de dirhams fin 2013, «ce qui démontre, selon Akhannouch, la confiance placée dans le secteur agricole et dans son évolution future» ! Aussi, le ministre de l'Agriculture et de la Pêche maritime n'hésite-t-il pas à lancer un fervent appel au secteur privé pour qu'il renforce sa participation, déjà significative, dans le secteur agricole. On se posera la question pourquoi le thème de «l'Agriculture familiale» a-t-il été retenu cette année ? La réponse, d'un intervenant à l'autre, est la même : elle regroupe toutes les activités reposant sur la famille, eu égard aux différents modes de développant rural. En Afrique notamment, en Asie ou ailleurs, l'agriculture – et les témoignages en illustrent la dimension – reste une activité prioritaire, vitale à petite ou à grande échelle. Elle organise la gestion et la chaine des valeurs sous l'égide de la famille. Quelque 500 millions de petites fermes à caractère familial sont recensées dans le monde, représentant pas moins de 98% des exploitations agricoles ! Il convient de souligner que dans le cadre de la présentation du Plan Maroc Vert, qui est au coeur de cette 7ème édition, le Pilier II a retenu l'attention, celui du soutien réaffirmé aux petites exploitations, aux paysans et au monde rural en général. L'accompagnement du Crédit Agricole de cette vision est mis en exergue de manière continue. Le président du groupe du Crédit Agricole, Tariq Sijilmassi, se fera fort, en effet, d'affirmer qu'une agriculture développée est une agriculture solidaire, car elle garantit la sécurité alimentaire, la croissance et le développement socioéconomique national. Il s'agit en l'occurrence de remédier aux faiblesses du tissu rural, de l'aider à s'organiser et se structurer et de viser les exploitations de l'ordre de 2 à 3 hectares, enfin d'opérer la mutation nécessaire à une réelle intégration des petites exploitations dans le tissu économique national. A l'horizon 2020, ce sont quelque 20 milliards de dirhams qui sont prévus, concernant quelque 545 projets d'agriculture solidaire. Depuis le lancement du Pilier II, ce sont donc près de 500 projets mis sur les rails, mobilisant une enveloppe de 6,3 milliards de dirhams, déjà entamés sur un total global de 13,33 milliards concernant près de 800.000 paysans.