* Le contrat-programme signé entre l'État et la FNBTP en 2004 définit les contours d'une mise à niveau durable. * Les entreprises du BTP sont de taille modeste, sous-équipées, opérant pour la majorité dans l'informel. Attijariwafa bank a accueilli jeudi dernier la famille du bâtiment et des travaux publics. Depuis la fusion, la banque adopte une nouvelle démarche vis-à-vis des secteurs aussi vitaux et dont les besoins sont importants. Cette nouvelle démarche coïncide également avec la stratégie adoptée par la banque, à savoir l'encouragement de l'investissement et l'émergence de la PME. Le Président de la Fédération nationale du bâtiment et travaux publics (FNBTP),ne pouvait être que réjoui d'une telle initiative à cause des relations longtemps mitigées entre la banque et le secteur. D'après B. Benhamida, cette ancienne perception pénalisait surtout les PME qui se débattaient dans les problèmes de recouvrement à cause du retard dans les paiements, d'où la réticence des banques à leur égard. Cette rencontre se tient à la veille du forum du BTP qui devra établir sans aucun doute la feuille de route du secteur, essentiellement dans une conjoncture marquée par le lancement de gros chantiers. A cet égard, la Fédération a entamé un programme de modernisation qui s'appuie sur deux axes majeurs : le premier consiste en l'amélioration de la réglementation des marchés publics pour introduire une meilleure équation entre maître d'ouvrage et entreprise ; l'octroi d'avance sur la conclusion des marchés, l'amélioration des délais de paiement et la mise en place de mesures en vue de contraindre le maître d'ouvrage à payer dans les délais. Le second axe concerne une amélioration de la structure et de l'organisation de l'entreprise. Des critères ont été mis en place pour une meilleure classification des entreprises. Chiffres-clés du secteur Conformément à sa stratégie de soutenir des secteurs aussi importants pour l'économie, Attijariwafa bank a mené une étude sur le secteur du bâtiment et travaux publics. Le secteur du BTP regroupe près de 52.000 opérateurs dont 3.200 entreprises organisées. D'après Naziha Belkeziz, responsable des études économiques et financières de la banque, le nombre d'entreprises sus-mentionnées se rapporte aux entreprises recensées, alors que le nombre d'entreprises en activité n'est pas connu. Des entreprises qui se concentrent surtout à Casablanca (22%). En 2003, le secteur du BTP présentait les grandeurs suivantes : 5,6% du PIB global ; 5% du PIB non agricole ; 42,5% de la FBCF soit 41,8 MDH ; 520.000 personnes employées soit 9,7% de la population active urbaine pour une masse salariale de 3,5 Mds de DH. Toutefois, il est à noter que le secteur souffre de la prédominance des entreprises opérant dans l'irrégularité. La dernière étude entreprise dans ce sens, datant de 1994, estime le nombre d'entreprises informelles à 51.000. «En matière de bâtiment, le Maroc connaît aujourd'hui un boom sans précédent», annonce Naziha Belkeziz. Le Maroc s'est engagé depuis quelques années dans un important et ambitieux programme de développement et de modernisation de ses infrastructures aussi bien au niveau routier, autoroutier que ferroviaire, aéroportuaire et portuaire. Un programme dont l'ultime objectif est de désenclaver certaines contrées, faciliter l'accès aux différentes régions du Maroc et créer un cadre propice à l'investissement. Sans être pour autant exhaustive, l'étude menée par Attijariwafa bank a énuméré les grands projets auxquels s'attelle désormais le Maroc : La nécessité de disposer d'un réseau autoroutier de 1.500 km en 2010 contre 520 km actuellement. Ainsi, 317 km d'autoroute sont en cours de réalisation et seront mis en circulation entre 2005 et 2007. La Rocade méditerranéenne est un axe structurant reliant Tanger à Saïdia sur 550 km. Sa construction, pour un coût de 5.000 MDH, permettra de valoriser les potentialités touristiques de la côte méditerranéenne. Par ailleurs et dans le cadre de la politique de proximité, 15.000 km de routes rurales, à raison de 1.500 km/an, seront réalisées entre 2005 et 2010, ce qui permettra d'améliorer le taux d'accessibilité des populations rurales de 54% en 2005 à 80% en 2015. Le complexe portuaire de Tanger Med qui sera mis en service dès fin 2006 et dont le coût de réalisation est évalué à 11,6 Mds de DH figure aussi parmi les projets les plus remarquables. Dans le domaine du ferroviaire, le réseau sera doté de 162 km de voies nouvelles. Ce réseau connaîtra également des travaux d'aménagement de capacité. Des doublements seront réalisés pour permettre la mise à niveau du réseau en réponse aux besoins des voyageurs et des opérateurs économiques. Dans le secteur du bâtiment, le boom est aussi considérable en raison des différents programmes de logements initiés et encouragés par les plus hautes instances du pays. Défaillances du secteur du BTP Les entreprises marocaines de BTP demeurent de taille modeste, précaires, peu organisées, insuffisamment équipées et donc incapables de concurrencer les entreprises étrangères. Le taux d'encadrement des entreprises demeure faible. Quant à la main-d'uvre, elle est souvent analphabète et donc très peu qualifiée. Les entreprises du secteur souffrent d'une taille modeste et se caractérisent par la sous-capitalisation. La conjugaison de ces deux inconvénients et des retards de paiement mettent à mal leur trésorerie déjà fragilisée. Afin de pallier ces différents problèmes, la FNBTP a signé avec le gouvernement un contrat-programme qui se décline en plusieurs axes. Dans le même sillage, un centre de formation aux métiers va être créé sous l'égide de la FNBTP. Et pour faire face à la forte dépendance des entreprises de la commande publique (70% de leur activité) qui les rend vulnérables, depuis le début des années 2000 l'État a lancé de grands travaux qui leur ouvrent des perspectives certaines. En matière de bâtiment, parmi les carences on peut citer aussi une faible organisation et une prépondérance de l'informel. D'après Naziha Belkeziz, la situation du le bâtiment est plus préoccupante que celle des travaux publics.