Dans la conscience collective, le banquier est assimilé à quelqu'un de financièrement très aisé. Du moins, c'est l'idée avec laquelle beaucoup ont grandi. Un raccourci hâtif, diront certainement certains employés d'établissements bancaires. Ces derniers manipulent certes très souvent des nombres à six chiffres, voire plus, mais ils sont très vite rattrapés par la réalité que leur afflige leur fiche de paie. Par contre, il y a une chose sur laquelle on peut s'accorder : la banque, en tant qu'institution, est une usine à fric qui draine des milliards de dirhams. Des milliards que les millions de déposants lui confient à titre gracieux et qu'elle fructifie pour ensuite les leur prêter moyennant des intérêts. C'est, de façon simplifiée, la manière avec laquelle la banque s'enrichit... sur le dos de ses clients. Et riches, elles le sont. Le classement des établissements bancaires que nous avons réalisé (voir pages 11 à 14) à partir des chiffres consolidés de l'exercice 2013 est à ce titre édifiant. Il permet d'avoir une vue globale de l'activité bancaire au Maroc et met surtout en orbite la prédominance outrancière de trois principales institutions bancaires, à savoir les groupes Attijariwafa bank, BMCE Bank et Banque Centrale Populaire. Ainsi, les 7 établissements bancaires de notre échantillon (Attijariwafa bank, BMCE Bank, BCP, Société Générale, Crédit du Maroc, CIH et BMCI) totalisent des actifs de 1.153,4 milliards de dirhams à fin 2013, soit près de 46 milliards de plus que l'exercice 2012 ou + 4,1%. Des actifs qui restent très concentrés, puisque rien que le total bilan d'Attijariwafa bank, de la BMCE Bank et de la BCP représente 80% du total bilan réuni de l'ensemble des sept banques de notre échantillon. Détail qui ne passe pas inaperçu : le total bilan d'Attijariwafa bank fait plus de 9 fois celui du CIH, alors que ses dépôts clientèle sont équivalents au total bilan de la BMCE Bank, soit 237 Mds de DH. Par ailleurs, AWB, BMCE Bank et BCP drainent plus de 73% des dépôts clientèle. Parallèlement, la masse bénéficiaire dégagée par les 7 banques atteint 9,3 Mds de DH, en retrait de 6,5%, dont 7,3 milliards de DH rien que pour les trois banques précitées. Baromètre de la bonne santé de l'activité des établissements bancaires, le produit net bancaire global consolidé se hisse à 52 Mds de DH, soit une progression de 3,7 Mds de DH ou + 7,7% par rapport à l'exercice 2012. C'est clair, les banques amassent du fric malgré un coût du risque consolidé qui affole les compteurs en 2013 : pour l'échantillon retenu, il s'élève au total à 7,6 Mds de DH, en appréciation de presque 40% par rapport à 2012. Sont pointés du doigt les secteurs de l'immobilier, du BTP et de la sidérurgie, victimes de la conjoncture économique défavorable. Il faut croire aussi que les mauvais payeurs sont passablement irrités par la santé financière insolente des banques et ont décidé d'y mettre un bémol : les créances en souffrance ont ainsi progressé de 23,5% à fin 2013 pour se situer à 44,6 Mds de DH, soit un taux de 6%.