S'appuyant sur les résultats de l'exercice 2013, le Crédit Agricole du Maroc peut désormais se prévaloir du titre de 4ème banque du Royaume. Des chiffres en hausse, des agrégats en pleine croissance, à tout le moins consolidés, une implantation territoriale résolue et, innovation des innovations, outre un engagement pérennisé dans le monde rural, l'offre de services de la banque traditionnelle modernisée. Le CAM n'est plus la petite banque qualifiée de «corporatiste», cantonnée à un secteur – l'agriculture -, si noble soit-il. Il a rompu avec l'image de la «banque boutique», gérée il y a encore moins de vingt ans par le représentant du ministère de l'Intérieur, plus précisément le Caïd qui, au gré des humeurs, distribuait les crédits dans les douars. Quelques enseignes, entre deux et trois agences inaugurées par an, une écriture comptable manualisée, pas de siège ni symbole aguichant, mais la culture de fonctionnariat. Le témoignage d'un cadre de la banque est éloquent : «Dans les Comités de crédit, il se trouvait des gens de l'extérieur qui y siégeaient et émettaient leurs avis, notamment du ministère de l'Intérieur», dit-il. «Imaginez que les Comités de crédit des Caisses locales étaient présidés par les Caïds...Comment concevez-vous qu'une banque puisse faire du chiffre quand ce n'est pas elle qui maîtrise ses risques ? Les crédits étaient donc octroyés par les autres, sauf par nous...». Cette période est révolue, et la CNCA a pris le nom de Crédit Agricole, changeant d'identité, de nature et se transformant d'un organisme financier spécialisé en banque multiservices, comme toutes les autres. Pour beaucoup, la métamorphose n'est pas fortuite ; mais celui d'une entreprise de modernisation de longue haleine qui, paradoxalement, n'aura pris que quelques années, parce que menée sous la dynamique présidence de Tariq Sijilmassi à un rythme d'enfer. Tariq Sijilmassi est un banquier au long cours, venu de l'ancienne Banque commerciale du Maroc (BCM), grandi à l'ombre protectrice d'un Abdelaziz Alami, qui avait fait ses armes dans les années 60 à la CNCA et qui fut l'inventeur des célèbres Caisses régionales. Nommé à la tête de la CNCA, Tariq Sijilmassi apporte dès 2004 de substantiels changements, avec notamment le passage au statut de Société anonyme, la mise en place de nouvelles structures, la création des départements d'une vraie banque, le renforcement des systèmes d'information, l'ouverture régulière de nouvelles agences à travers le Maroc et au bénéfice de toutes sortes de clientèles, aussi larges que le permet l'éventail de produits compétitifs, un professionnalisme aigu de plus en plus, enfin et ce n'est la moindre caractéristique d'une banque qui opère toujours sa mue, une culture de l'entreprise qui n'a rien à envier à celle des consoeurs de la place. Chaque jour apporte son lot de changements et de réformes, et voit se transfigurer une banque, dont beaucoup soulignent la force et la constance des ratios et saluent l'inexorable marche vers le haut. La CNCA s'est transformée en banque tous métiers, dénommée le Crédit agricole, ensuite en Groupe Crédit agricole du Maroc. La connotation décline une évolution en crescendo qui, au terme de l'exercice 2013, s'illustre par un total bilan de 78,2 milliards de dirhams, soit une hausse de 6,6%, une nette performance financière que lui envieraient volontiers d'autres banques qui n'ont pas pu résister à la difficile conjoncture économique. En termes de dépôts, le Crédit agricole du Maroc maintient bel et bien son nouveau statut de 4ème banque nationale, avec 61,3 milliards de dirhams, après BMCE Bank (148,7 Mds), BCP (210 Mds) et Attijariwafa bank (237,6 Mds). Pour ce qui est des crédits mobilisés, le Crédit agricole alloue le montant de 60,8 Mds, ce qui lui assure, évidemment, un ratio de transformation inférieur à 100%. Il est donc le seul, avec la BCP, à être à l'aise dans ses comptes. Le credo de banque du service public Le tableau de bord est, c'est le cas de le dire, au vert : le PNB réalisé atteint le chiffre de près de 3 milliards de dirhams, soit une hausse de 7%, confirmant ainsi une tendance de plusieurs années, permettant également de concilier la vocation de banque universelle avec sa mission de service public que le Crédit agricole du Maroc incarne résolument. Cette part d'activité ressort de manière significative, axée notamment sur deux piliers: la présence active dans le cadre du plan Maroc vert, et l'accompagnement non moins significatif de l'agriculture solidaire. Au niveau du plan Maroc vert (PMV), on assiste à un élargissement de la gamme de produits adossé au financement d'une série de filières: céréalière, avec des produits comme zariâa-iktar, hassad, tasniaa et takhszine. Ensuite phoenicole avec la mise en place d'un nouveau pack «Toumour», destiné à valoriser les dattes ; la filière élevage laitier, produits destinés aux éleveurs membres des coopératives laitières. Enfin une démarche d'encouragement au jeune lauréat de l'enseignement agricole, dans son projet d'investissement dans l'agrobusiness et de création d'activités et d'employabilité au sein du monde rural. Le Crédit agricole poursuit avec succès l'opération de réhabilitation financière des agriculteurs à travers un dispositif d'accompagnement financier, de réaménagement de la dette et de refinancement des agriculteurs ayant bénéficié de l'opération d'abandon de 2005. De son côté, dans le cadre du pilier II du plan Maroc vert, la Fondation Ardi ouvre le micro-financement à des populations rurales qui répondent aux critères d'un soutien pour leur insertion économique. Le nombre de clients actifs dépasse, à cet égard, 106.000 membres, mobilisant cette année une enveloppe de 232 millions de dirhams et concernant l'activité de l'agriculture et de l'élevage (63%), le commerce (12%), l'artisanat (18%) et les services (7%). On ne peut clore ce tour d'horizon sans évoquer l'appui financier de «Tamwill al-fellah», lancé en 2011 sous l'appellation de Société de financement et de développement agricole qui accompagne les programmes du gouvernement dans le cadre du pilier solidaire du plan Maroc vert et au bénéfice des petites exploitations exclues du circuit de financement bancaire classique. Au cours de l'année 2013, Tamwil al-fellah a distribué quelque 484 millions de dirhams de crédits et à l'horizon 2016, cet encours franchira la barre de 5 milliards de dirhams.