Entre les chiffres qui se transfigurent d'année en année, selon la conjoncture, et les états d'âmes susceptibles de leur emboîter le pas, la conviction ne change guère ! Elle reste la même, constante et chevillée au corps. Maroc Telecom, outre sa pérennité historique, demeure le détenteur du leadership des télécommunications au Maroc et, au-delà, quasiment en Afrique. Il se taille la plus grosse part de marché et parfois, envers et contre tous, caracole avec assurance. L'exercice de l'année 2013 ne renoue sans doute pas avec les mirobolants chiffres des années précédentes, mais il n'en demeure pas moins révélateur d'une réalité intangible : il est le premier des trois opérateurs nationaux, le seul qui conforte et développe son expansion à l'international, notamment sur le continent africain, si prisé de nos jours. Car, pour avoir perdu quelques points et voir relativement reculer son chiffre d'affaires au niveau de l'exploitation au Maroc, le groupe réussit le tour de force de compenser son manque à gagner en Afrique, à travers ses quatre filiales : le Sénégal, le Burkina Faso, le Gabon et la Mauritanie. Ce qui a fait dire à Abdeslam Ahizoune, président du Directoire, «qu'en 2013, le groupe Maroc Telecom a une nouvelle fois atteint ses objectifs tout en faisant bénéficier ses clients d'importantes baisses de prix. La forte mobilisation de ses équipes, un effort constant d'innovation et de qualité de ses produits proposés, les performances de ses filiales, ainsi qu'une maîtrise constante des coûts permettent au groupe d'améliorer sa profitabilité...»! Optimisme invariable, mais fondé néanmoins, car les tendances et les comportements de la société ne l'infirment pas. Premier parc d'abonnés du mobile, détenteur de monopole à la fois du fixe et de l'ADSL, pionnier marocain en Afrique, ce ne sont pas seulement des indicateurs porteurs, mais de substantiels atouts qui creuseront des années durant encore le fossé entre lui et ses concurrents. On dira d'emblée que, campant dans un réalisme de bon aloi, le président du Directoire de Maroc Telecom entend en souligner les forces et faiblesses, avec toute la sérénité qui caractérise sa démarche. Ce qui ne l'empêche nullement, c'est de bonne guerre, de partager ses ressentiments et de «dénoncer quelques injustices» ! «On constate, dit-il, l'injustice tarifaire qui nous est faite en 2013, comme d'autres qui nous font payer deux fois la fiscalité locale. La première à travers la taxe d'occupation du domaine public de 100 millions de dirhams chaque année depuis la fin des années quatre-vingt-dix. Et la deuxième à travers la taxe directe aux Collectivités locales...». Au détour, il indiquera que son groupe a signé «un accord transactionnel» avec la Direction des impôts portant sur le règlement, au titre d'un contrôle fiscal -que d'aucuns qualifieront de «redressement»- d'un montant de 1,5 milliard de dirhams, dont 468 MDH étaient déjà provisionnés. Non sans une certaine joie maligne, quelques organes préfèrent mettre en exergue le recul de 4% du chiffre d'affaires, et en particulier de 8% au niveau du seul Maroc. «Cela est dû, précise le communiqué de presse publié la veille de la conférence par Maroc Telecom, aux fortes baisses de prix du mobile et à la réduction des tarifs de terminaison d'appel, compensées en partie par la forte croissance des revenus à l'international (+9,5%)». Il est vrai que les médias étaient habitués jusque-là à des chiffres plus joyeux, voire mirobolants. Ils ne se précipitent que rarement pour souligner, en revanche, la performance de l'EBITDA des activités internationales, en Afrique notamment, qui progresse spectaculairement de 18,1%, à 3,904 milliards de dirhams, soit une marge assurée de 50,4% et qui est d'autant plus prometteur que dans certains pays, comme le Gabon, le taux de pénétration plafonne quasiment au rang du chiffre global de la population. Abdeslam Ahizoune, tout à son sens de l'humour bien placé, dira à cet égard: «Si demain, le Maroc ne devait représenter que 10% du chiffre d'affaires global de Maroc Telecom, j'en serais très heureux», rendant ainsi une manière d'hommage aux filiales qui sont à son groupe ce que l'énergie de ressourcement est aux organismes en pause... Depuis son entrée en Bourse en 2004, Maroc Telecom assume la double responsabilité de fructifier ses gains, de conforter ses acquis et, en conséquence, d'assumer ses responsabilités historiques. Il investit à tour de bras, innove et met en place des infrastructures en vue de l'arrivée bientôt de la 4G sur laquelle se concentrent à la fois les efforts de tous et les regards d'un public en mal de nouveautés. Là aussi, non content de rester l'opérateur qui innove depuis 1994, il met en place déjà les moyens d'accès de la 4G à un large public, tout en gardant le monopole de l'ADSL qui représente pas moins de...99,95% du parc national et dont, mauvais calcul aidant, personne ne voulait à l'époque. Il faut rappeler qu'au moment du lancement de l'ADSL, Maroc Telecom a lourdement investi, quand bien même son rendement était sujet à caution. Abdeslam Ahizoune, savourant avec une modestie non feinte la vérification de ses prédications, a simplement dit : «L'ADSL n'est pas rentable, mais Maroc Telecom n'a pas hésité à y investir, car nous avons la mission de service public dans nos gênes». La réponse est on ne peut plus édifiante, elle tombe à point nommé, comme pour réveiller un débat, à la fois vieux et ravivé dernièrement, sur le «dégroupage» que déjà, autrefois, Maroc Telecom soumettait aux opérateurs et qu'ils avaient, le mépris affiché, décliné. Une offre technique et tarifaire avait été également soumise en 2008 à l'organe de tutelle, l'ANRT. «On veut un dégroupage, déplore sans nuances le président de Maroc Telecom, mais à des conditions tarifaires non équitables... » ! Si les baisses enregistrées sur le plan financier interpellent les analystes, elles sont en revanche compensées par les performances commerciales, comme la poursuite de la croissance du parc global à 37 millions d'abonnés, soit une croissance de 13,5% pour le parc du mobile, 5% pour le téléphone fixe et 20,4% pour l'Internet. Le Maroc compte 42 millions de lignes de mobile, un parc en constante évolution que les trois opérateurs se départagent, avec à leur tête Maroc Telecom qui détient quelque 43% des parts. Le Conseil de surveillance a approuvé la distribution d'un dividende ordinaire de 6 dirhams par action, soit la bagatelle de 5,3 milliards de dirhams, mis en payement début juin 2014. Il rémunère ses fidèles actionnaires, compagnons d'une longue aventure, marquée au sceau des mutations qui ont, avec ténacité, transformé le paysage de la téléphonie au Maroc. Avec 85 milliards de dirhams (7,5 milliards d'Euros), Maroc Telecom constitue depuis des années la plus grosse capitalisation boursière du Maroc. Il reste le leader en termes de volume, de pénétration – et notamment dans les campagnes reculées -, d'innovation technologique, d'infrastructures, de formation et de responsabilité sociale... C'est à la fois un groupe et une culture.